Le 28 septembre à La Maison des artistes visuels francophones (1), le public s’apprête une nouvelle fois à assister à de la création brute. La plume et le pinceau a débuté en 2003. Pour rappel, voici les règles du jeu qui se passe en quatre rondes : un meneur de jeu, qui sera cette année Charles Leblanc, lance un thème et deux mots. Les artistes ont alors deux minutes pour débuter leur dessin en utilisant du fusain et du pastel sec, suivis des écrivains qui ont deux minutes pour y intégrer un texte. Les artistes ont ensuite une minute pour terminer leurs œuvres, suivis des écrivains qui ont aussi une minute afin de terminer leurs textes.

Bertrand Nayet est le cofondateur et président de l’Association des auteur·e·s du Manitoba français (AAMF), l’un des organismes qui sou- tient La plume et le pinceau. Il donne des détails sur les débuts de La plume et le pinceau au Manitoba. « C’est justement Charles Leblanc qui avait été invité à l’époque au festival de poésie de Trois-Rivières. Il y avait une activité qui rassemblait des graveurs et des poètes. Les graveurs avaient une minute pour graver sur une base et les poètes avaient aussi une minute pour y ajouter une inspiration. Charles Leblanc est donc revenu avec cette idée-là qu’on a dû réadapter, car on n’avait pas vraiment de graveurs. »

Savoir se lâcher

Le président de l’AAMF, qui a participé plusieurs fois à La plume et le pinceau, est aussi celui qui a l’habitude de contacter les potentiels participants à ce jeu. Quelles sont leurs réactions quand il propose un exercice si original? « Au départ, il y a toujours une forme d’inquiétude. La première réaction est souvent : pourquoi moi? (rires). Ce que je leur explique, c’est que c’est convivial, on veut mettre les gens à l’aise. Dès qu’ils maîtrisent le cadre dans lequel créer, ça apaise un peu les tensions. Ils se laissent prendre au jeu. Et puis même si certains ne se connaissent pas, il y a tout de suite une connivence. Ils se trouvent face au même déséquilibre et ils se lancent. »

Cette année, cinq personnes ont été annoncées pour faire face à ce déséquilibre. Louise Dandeneau, Chloé Savoie-Bernard et Beydi Traoré du côté des écrivains et Emilie Lemay, Sarah St-Cyr et Sébastien Gaillard pour les artistes. Artistement, Bertrand Nayet observe souvent les joueurs et joueuses se dépasser face à l’urgence de la situation. « Ça m’est arrivé personnellement, en effet. Ça arrive souvent aux plus anxieux, ils sont souvent étonnés de ce qu’ils arrivent à produire. Le fait de se lâcher, de moins écouter la petite voix qui nous juge, ça les aide beaucoup. »

Une année de célébrations

Outre la Maison des artistes et l’AAMF, Les Éditions du Blé, Plume Winnipeg (anciennement Festival international des écrivains de Winnipeg), et André Granger, en tant que mécène, subviennent aux besoins de La plume et le pinceau. Un évènement qui est aussi amené à se décliner en livre. « Le produit des quatre premières années de cet évènement est devenu un livre qui s’appelle Le soleil est la première machine aux Éditions du Blé. Notre objectif est de faire une série de livres qui regrouperaient les œuvres et les textes issus de ces soirées. Nous travaillons en ce moment sur d’autres éditions passées de La plume et le pinceau. »

Enfin, cette 20e édition de La plume et le pinceau intervient dans une année de célébrations importante pour la francophonie manitobaine. En effet, plusieurs organismes comme Les Éditions du Blé, le CCFM ou le CJP fêtent eux leur 50e en 2024. « C’est fou! Il y avait une effervescence il y a 50 ans et ça continue. Ce ne sont pas des organismes moribonds, ils sont en expansion. La plume et le pinceau a une existence plus courte, mais on espère vraiment les suivre dans leur chemin », conclut Bertrand Nayet.

(1) Dans la galerie principale de la Maison des artistes visuels francophones au 219, boulevard Provencher, à Saint-Boniface. L’évènement est gratuit et débute à 19 h.