Depuis la victoire accordée généralement à Kamala Harris dans son débat contre Donald Trump le 10 septembre, on a constaté un regain d’intérêt pour les sondages, qui ont démontré depuis cette date une avancée lente mais inexorable de Kamala Harris dans les intentions de vote des Américains. Malgré tout, nombre d’analystes maintiennent que la course demeure trop serrée pour en prédire le résultat. Cette situation prévaudra probablement jusqu’au jour des élections. Pourquoi ne pouvons-nous pas anticiper une réponse plus définitive?

D’abord, un sondage n’est pas en soi un outil de prédiction. Ce n’est qu’un constat statistique limité dans le temps. Ce qui donne aux sondages une certaine valeur prédictive c’est une accumulation de sondages qui vont toujours plus ou moins dans la même direction. Et, évidemment, plus on se rapproche du jour des élections, plus cette valeur prédictive augmente.

La situation se complique énormément dans le cas des élections présidentielles américaines, où le mécanisme du Collège électoral et d’autres dispositions constitutionnelles font que, le jour des élections, nous faisons face à 50 élections individuelles. Or dans la grande majorité des états, le résultat est déjà acquis, soit du côté démocrate, soit républicain. La lutte donc s’engage surtout dans quelques états clés, où la lutte est féroce. 

Cette année, ces états sont la Pennsylvanie, le Wisconsin, le Michigan, la Géorgie, la Caroline du nord, le Nevada et l’Arizona. Parmi ces états, les plus importants sont la Pennsylvanie, la Géorgie et la Caroline du nord.  

Alors on constate facilement qu’un sondage national, si représentatif soit-il, est insuffisant; il faut forcément examiner ce qui se passe dans les états clés. Est-il suffisant de sonder tous les adultes d’un état? Eh bien non. Les outils utilisés par les maisons de sondage sont bien plus sophistiqués. Si l’on se réfère, par exemple, au site web fivethirtyeight.com, qui établit quotidiennement une moyenne de tous les sondages importants aux États-Unis, au niveau national aussi bien que par état, on constate différents niveaux de précision par rapport aux répondants. 

Les moins précis sont les sondages de l’ensemble de la population adulte. Ensuite viennent les sondages axés sur les votants probables(LV, ou « likely voters »). Enfin, les plus précis vont chercher les opinions des votants enregistrés (RV, ou « registered voters »). 

Les analystes, et surtout les partis politiques eux-mêmes scrutent sans cesse ces résultats à la loupe. Certains sondages, encore plus sophistiqués et souvent secrets, vont tenter de mesurer les intentions de vote chez des groupes démographiques précis, tels les personnes noires, les hispanophones, les blancs ruraux ou semi-ruraux, etc. Les résultats de ces sondages déterminent en partie où seront déployées les ressources financières et humaines, surtout dans les dernières semaines de la campagne. 

Et nous, simples mortels, tentons de voir clair dans tout ça. Pas étonnant donc que différents analystes américains en arrivent à différentes conclusions sur l’état actuel des élections. Et pour nous, Canadiens, les résultats de ces élections américaines, plus que toutes autres, auront des effets concrets sur notre économie, sur notre société et oui, même sur nos valeurs. Nous y reviendrons dans une prochaine chronique.