Alors, comment les entrepreneurs peuvent-ils tirer parti de ces outils pour les aider dans leurs activités?

Selon une étude de la Chambre de commerce des États-Unis publiée en septembre 2024, 98 % des petites entreprises américaines utilisent au moins un outil alimenté par l’IA, et 40 % disent utiliser des outils d’IA générative comme ChatGPT pour la création d’images et de textes (1). Au Canada, au premier trimestre de 2024, environ une entreprise sur dix aurait déjà commencé à utiliser l’IA générative (2). 

Même à leurs débuts, les outils d’IA sont capables d’alléger considérablement la charge de travail des entrepreneurs et d’accélérer leur flux de travail pour le rendre plus efficace. En outre, ils rendent les ressources, conseils et compétences beaucoup plus accessibles aux propriétaires de petites entreprises et aux travailleurs.ses indépendant.e.s, leur offrant ainsi d’incroyables possibilités de croissance et de réussite. 

Les entrepreneurs constatent déjà d’incroyables gains de productivité grâce à ces outils. Bertrand Milot, président et cofondateur de la société de cybersécurité Bradley & Rollins, explique comment son entreprise a bénéficié de l’utilisation de l’IA. 

« C’est un travail d’accélération considérable. On dit souvent de l’intelligence artificielle qu’elle démocratise, qu’elle révolutionne le monde technologique de la même manière que Google quand celui-ci a été introduit comme métamoteur de recherche. 

« L’intelligence artificielle est là pour automatiser et remplacer certains processus de l’entreprise, pour faire en sorte que certains travaux prennent moins de temps ou soient plus faciles à exécuter pour l’être humain, pour faciliter la compréhension de l’humain sur les résultats attendus d’un processus. » 

Les points forts 

Pour s’assurer de les utiliser à leur plein potentiel, il est d’abord important de com-prendre ce que les outils d’IA savent faire. L’IA générative, technologie créée pour être aussi polyvalente que possi-ble, peut effectuer une grande variété de tâches en très peu de temps, ce qui permet aux employé.e.s de consacrer plus de temps aux tâches qui nécessitent plus de minutie ou une expertise particulière. 

Pour Bertrand Milot, cela signifie par exemple générer des documents pour des client.e.s en quelques instants. « Le GPT que nous utilisons nous aide à créer des rapports de cyberintelligence pour aider les entreprises de différentes industries à avoir un rapport mensuel sur l’état de la criminalité dans leur secteur, puis leur offrir des solutions pour travailler autour de ces enjeux. » 

Il peut ainsi tenir ses client.e.s au courant de ce qu’ils ou elles doivent surveiller, ce qui lui permet, ainsi qu’à son équipe, de consacrer plus de temps à des solutions de cyberintelligence adaptées à chaque organisme pour lequel il travaille. 

Mais les compétences des outils d’IA ne s’arrêtent pas là. Grâce à leur capacité à analyser rapidement de grandes quantités de données, ils peuvent aussi fournir des analyses de marché personnalisées et des suggestions de stratégies de marketing basées sur ce qui fonctionne pour une entreprise et une industrie spécifiques. 

Comment les IA aident les entreprises

Ils peuvent aider les entreprises à développer du contenu ou des idées pour les réseaux sociaux, permettant aux employé.e.s de gagner du temps et de se concentrer sur l’exécution des stratégies avec une certaine assurance de réussite. 

La quantité de données sur lesquelles les modèles d’IA ont été entraînés leur donnent aussi une meilleure idée de ce que font les concurrents d’une entreprise, ce qui peut également aider à guider une compagnie émergente ou stimuler la créativité en ce qui concerne le lancement de nouveaux projets. 

L’automatisation permet de gagner du temps à d’autres égards. La puissance de calcul à laquelle les outils d’IA ont accès leur permet de stocker des informations sur les client.e.s individuel.le.s et de personnaliser l’approche d’une entreprise pour toute communication avec ses partenaires. Par exemple, une entreprise peut utiliser les outils d’IA pour adapter ses courriels de relance aux habitudes d’achat des client.e.s existant.e.s. 

L’IA est également reconnue pour sa capacité à gérer les tâches administratives. Des outils en ligne tels que Zapier et Notion aident les entreprises à organiser de nombreux aspects de leur pipeline de tâches et peuvent personnaliser ce à quoi chaque employé.e a accès, comment les tâches doivent être planifiées et priorisées ou même ce qui permet d’améliorer la productivité et l’efficacité, ainsi que permettre aux superviseurs de suivre facilement l’avancement des projets.

Au Canada, au premier trimestre de 2024, environ une
entreprise sur dix aurait déjà commencé à utiliser l’IA
générative.
Au Canada, au premier trimestre de 2024, environ une entreprise sur dix aurait déjà commencé à utiliser l’IA générative. (photo : Adobe Stock)

Les points faibles 

Malgré les possibilités apparemment infinies offertes par les outils d’IA, cette technologie peut encore échouer dans certains domaines. À l’heure actuelle, les modèles d’IA ne sont pas toujours programmés pour effectuer un travail aussi complet que le ferait un.e employé.e humain.e. Certains programmes d’IA peuvent fournir de fausses informations et être moins utiles lorsqu’il s’agit d’informations spécialisées. 

« Il faut se doter d’un outil adapté aux résultats que l’on veut obtenir et il est nécessaire de faire beaucoup de vérifications. Les outils comme ChatGPT accélèrent le travail d’analyse, de recherche, etc., mais ils ne peuvent pas remplacer un être humain quand il s’agit d’effectuer un travail exhaustif. Il ne faut pas essayer d’utiliser n’importe quelle intelligence artificielle pour n’importe quel processus. » 

Selon l’expérience de Bertrand Milot, les entrepreneurs qui souhaitent intégrer l’utilisation d’outils d’IA dans leur entreprise doivent être conscients du besoin auquel ces outils répondent pour les utiliser au mieux. 

« Il faut identifier le besoin. Quand j’ai créé l’outil qui m’aide à créer des rapports de cyberintelligence, mon besoin était simple : il fallait que j’analyse un ensemble de données assez majeur et que je consolide des éléments très précis. » 

Mais en se demandant si l’automatisation de l’IA était la voie à suivre, il a également dû se demander si les lacunes de la technologie constitueraient un obstacle majeur pour les besoins de son entreprise. 

« Il faut comprendre que si un entrepreneur se lance à corps perdu dans l’intelligence artificielle sans faire un état du marché, sans connaître les outils, sans savoir ce qui a déjà été fait et pourquoi, ça peut causer des problèmes quand viendra le temps d’appliquer cette automatisation. » 

Certaines lacunes

En tant qu’expert en cybersécurité, Bertrand Milot reconnaît également les possibilités d’utilisation abusive de l’IA qui pourraient nuire à une entreprise. Toute utilisation d’un outil technologique doit être assortie de solides précautions en matière de cybersécurité, surtout s’il est utilisé pour traiter des données sensibles de l’entreprise. 

« Si on utilise l’intelligence artificielle pour automatiser certains processus, mais que l’algorithme ou le modèle de données du programme sont empoisonnés, les résultats qu’on va obtenir seront compromis. On va mettre à risque le processus d’affaires lui-même, et les incohérences du système d’IA peuvent être plus importantes. Il faut protéger l’IA contre des attaques extérieures et la protéger d’elle-même en utilisant la bonne IA et le bon modèle d’apprentissage. » 

Il est également important de faire attention au type d’informations qui sont trans-mises à tout système d’IA, en particulier ceux comme ChatGPT, Copilot et Gemini, qui apprennent à partir des données de l’utilisateur. La technologie en étant encore à ses débuts, sa compréhension de ce qui peut être révélé est encore incertaine. Il est donc préférable de ne pas saisir d’informations confidentielles. 

« La cybersécurité pour une intelligence artificielle auto-générative, il ne faut pas en avoir peur. Il est possible de limiter les risques, il faut juste s’assurer qu’on prend les mêmes dispositions qu’on avait l’habitude de prendre avec un service cloud. Il faut s’assurer de bien connaître les clauses légales de chaque système d’IA utilisé. » 

Utiliser ou ne pas utiliser 

L’augmentation rapide de la mise en oeuvre des systèmes d’IA par les entreprises peut témoigner de leur utilité. Mais cette proportion grimpante peut aussi signifier un changement dans de nombreux secteurs, dans lesquels l’IA sera bientôt indispensable à l’esprit d’entreprise. 

Les entreprises qui n’utilisent pas d’outils d’IA pourraient donc se trouver désavantagées contre une concurrence s’étant armée de cette technologie. 

« La rapidité d’action et l’économie de temps et d’argent que va avoir un entre-preneur qui utilise l’IA pour commencer de nouveaux projets sont telles qu’il aura plus de chances de succès – c’est certain. » 

Selon Bertrand Milot, une bonne intégration de l’IA passe donc par une bonne connaissance de son entre-prise, une bonne conception des points forts et des limites de ces outils, et un démarrage en douceur. Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : les entrepreneurs peuvent avoir beaucoup à gagner en choisissant l’innovation.  

(1) https://www.uschamber.com/assets/documents/Impact-of-Technology-on-Small-Business-Report-2024.pdf.

(2) https://www.statcan.gc.ca/o1/fr/plus/5847-quelles-entreprises-canadiennes-utilisent-lintelligence-artificielle-generative-et.

À lire aussi : D’abord, qu’est-ce que c’est l’IA? (dossier spécial 1/4)