Lorsque l’on parle de la 16e Conférence des Nations unies sur la biodiversité, ou COP16, actuellement en cours à Cali (Colombie), c’est avant tout pour signaler que lors de la rencontre précédente, pour la première fois, les pays en étaient venus à un accord. Quelle est l’étape suivante ?

Des cibles jamais atteintes

En vertu de cet accord, complété à Montréal en décembre 2022, les 196 pays membres de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) se sont entendus sur 23 cibles pour la décennie à venir. Atteindre ces cibles représente toutefois le principal défi : parmi les 20 Cibles pour la biodiversité qui avaient été adoptées en 2010 pour la décennie suivante, aucune n’avait été atteinte en 2020.

Des plans plus détaillés qu’en 2022

Dans l’espoir d’éviter de rééditer cet échec, les gouvernements devraient annoncer lors de la présente rencontre, qui a lieu du 21 octobre au 1er novembre, des plans plus détaillés par lesquels ils comptent atteindre ces cibles (par exemple, protéger 30 % des terres et des océans et restaurer 30 % des écosystèmes « dégradés »). Dans le jargon de la conférence, cela s’appelle les Stratégies et plans d’action de biodiversité nationale, un outil pour assurer un meilleur suivi et une meilleure transparence des efforts entrepris (ou non).

Toutefois, les gouvernements devaient aussi déposer ces plans avant le début de la rencontre. Selon une compilation du média Carbon Brief publiée le 15 octobre, plus de 85 % ne l’avaient pas encore fait. 

Selon une autre compilation, celle-là portant sur les zones marines protégées, la superficie mondiale de celles qui bénéficient d’une forme ou l’autre de protection a augmenté de seulement 0,5 % depuis 2022, un rythme de loin insuffisant pour arriver à 30 % en 2030. 

Des engagements financiers?

Un élément important des négociations menées à Cali sera l’argent. À l’instar des débats houleux des conférences annuelles des Nations unies sur les changements climatiques ces dernières années, les pays les plus pauvres risquent d’être déçus par les investissements insuffisants des pays les plus riches. Selon une estimation qui circulait à Montréal en décembre 2022, il faudrait 700 milliards $ par an pour atteindre les 23 cibles. En revanche, une importance source de financement a été identifiée : environ 500 milliards $ pourraient provenir d’une élimination des subventions allant à des activités qui nuisent à la biodiversité — par exemple, la déforestation à des fins agricoles.

Pour le reste, la CDB, qui est l’organisme des Nations unies chargé de piloter ces négociations depuis 1992, avait fixé pour objectif d’obtenir, d’ici 2030, 30 milliards $ par an des pays riches en aide aux pays pauvres. Les estimations quant à ce qui a été récolté jusqu’ici varient entre 8,2 milliards et (selon l’OCDE) 15,4 milliards $ par an — l’estimation varie suivant ce que l’on inclut dans la définition de « financement pour la biodiversité ». Seulement trois pays — l’Allemagne, la Suède et la Norvège — auraient contribué à la hauteur suggérée de leur produit national brut (PNB), selon une analyse publiée le 17 octobre par le groupe de réflexion ODI. 

Biodiversité et climat : jeter des ponts entre les 2 crises

Les conférences des Nations unies sur la biodiversité et sur le climat ont beau être deux entités distinctes, l’importance de lier les deux enjeux est devenue plus évidente ces dernières années. Les feux de forêt dévastateurs sont une conséquence des changements climatiques et détruisent de précieux écosystèmes, en plus de réduire la quantité de CO2 qui peut être absorbée par les forêts. Des eaux trop chaudes nuisent à une foule d’espèces, dont au premier plan les écosystèmes complexes que sont les récifs de corail. « La biodiversité est notre défense naturelle la plus forte contre les changements climatiques », rappelle un communiqué récent des Nations unies.