Arrivé de la France en 2002, Franck Blandignères s’est établi au Manitoba. Aujourd’hui, il contribue activement à l’épanouissement de la communauté en tant qu’interprète et traducteur.

Demandez à Franck Blandignères ce qui l’a amené au Manitoba en 2002, ce natif de la Catalogne française, dans le Sud de la France, vous répondra avec humour : « J’en avais marre de ne pas avoir de neige en hiver chez moi, ni de moustiques en été. Alors j’ai tapé ²neige et moustiques² dans Google, et Winnipeg arrivait en premier! »

Plus sérieusement, c’est pour suivre celle qui allait devenir en 2003 sa femme -aujourd’hui ex-femme- et la mère de ses deux filles qu’il a traversé l’Atlantique.

À son arrivée, il ignore tout de la communauté francophone du Manitoba. « D’une part, la femme qui m’avait convaincu de venir ici était anglophone, et d’autre part, j’ai d’abord travaillé un an à l’Université Lakehead à Thunder Bay, en Ontario. Ce n’est qu’après que je me suis installé pour de bon à Winnipeg.

« Je me suis vite fait beaucoup d’amis en jouant au rugby, mais tous anglophones. Je n’étais alors pas du tout au courant qu’il y avait des francophones au Manitoba. Et petit à petit, j’ai commencé à en rencontrer et à me connecter à la communauté francophone. »

Franck Blandignères a notamment travaillé cinq ans, de 2003 à 2008, à l’Alliance française du Manitoba.

Détenteur d’une maîtrise en anglais traduction et civilisation, c’est toutefois dans la traduction qu’il souhaite exercer. « J’avais déjà fait un peu de traduction bénévole pour un ami à Thunder Bay. Une fois à Winnipeg, j’ai finalement trouvé un emploi de traducteur dans une entreprise de logiciels. J’y suis resté presque un an, puis j’ai réussi le concours d’entrée au Service de traduction du gouvernement du Manitoba. »

Interprète, un coup de cœur 

Alors traducteur au Service de traduction de la Province, Franck Blandignères découvre parmi ses collègues le métier d’interprète. « Ça piquait ma curiosité. J’ai donc de demandé s’il y avait des exercices que je pouvais faire pour voir si j’en avais la capacité et si ça me plaisait. »

Franck Blandignères a appris les rouages de l’interprétation sur le tas, en pratiquant. C’est à l’Alliance française, alors qu’il enseignait un cours de français, que sa première opportunité se présente : une élève lui demande d’interpréter une conférence.

« J’étais chanceux pour ma première expérience, cette conférence s’adressait à des personnes ayant des déficiences intellectuelles. Le rythme n’était donc pas trop soutenu et c’était très bienveillant.

« Puis petit à petit, mes collègues interprètes m’ont emmené dans diverses affectations et j’ai progressé tranquillement. Quand un poste d’interprète s’est ouvert au sein du gouvernement manitobain, j’avais déjà quelques années d’expérience en interprétation simultanée et consécutive, et je l’ai eu. »

Franck Blandignères est ensuite devenu interprète de conférence agréé puis, en septembre 2022, il démissionne du gouvernement puis passe et réussit en novembre l’examen d’accréditation fédéral. « Être accrédité par le Bureau de la traduction du gouvernement fédéral, c’est le plus haut niveau que tu puisses atteindre au Canada!, souligne-t-il. Aujourd’hui, je vais régulièrement à Ottawa pour travailler sur la Colline parlementaire.

« Je dois pouvoir parler de tout, passer d’un sujet à l’autre. Être interprète, c’est aussi beaucoup de travail de recherche et de lecture pour se tenir au courant de tout dans un domaine et maîtriser le vocabulaire. Souvent, le monde ne réalise pas cela. »

La même année, Franck Blandignères devient le premier interprète juridique agréé pour les langues officielles au Manitoba.

« L’un des problèmes au criminel, c’est qu’il y a très peu d’avocats francophones, pourtant les accusés francophones veulent être jugés en français. C’est leur droit, explique-t-il. Alors en attendant qu’il y ait plus d’avocats, de juges, de greffiers et de procureurs francophones dans le système judiciaire criminel, il faut des interprètes. »

En repensant à son parcours, il résume : « Je suis arrivé au Manitoba en pensant faire de la traduction toute ma vie, puis la mouche de l’interprétation m’a piqué. Aujourd’hui, je fais de la traduction et de l’interprétation. Je travaille comme un fou, mais c’est un vrai plaisir. J’ai une chance absolue! »