Des paniers destinés aux militaires canadiens déployés à l’étranger. Un moyen de les remercier, mais aussi une bonne occasion pour rappeler aux élèves à quel point leur travail est essentiel.
C’est après la visite du Lieutenant-Colonel Josh Van Tine que Manon Harvey a eu l’idée de ces paniers. Le membre des Forces armées canadiennes a quatre de ses enfants à l’École/Collège régional Gabrielle-Roy (ÉCRGR) de la Division scolaire franco-manitobaine.
Il était venu l’an passé faire une présentation dans l’école à l’occasion du Jour du Souvenir. « Mon mari, qui avait aussi œuvré dans les forces militaires, m’avait déjà parlé de ce qu’on appelle les care package. Alors, j’ai pensé que ça serait bien de faire un lien entre le Jour du Souvenir et la paix que nous avons ici au Canada. Une paix liée aux sacrifices que font ces gens. »
Et les sacrifices en question, c’est notamment être loin de ses proches et de son pays. C’est ce qui est arrivé à Josh Van Tine revenu de Lettonie, tout récemment. Celui qui a été promu lieutenant-colonel cet été a passé plusieurs mois dans ce pays qui partage une frontière avec la Russie. L’objectif était d’y construire une base militaire.
L’ingénieur de formation a aidé à coordonner le projet pour que les soldats et les sapeurs de l’escadron d’appui du génie et de l’équipe interarmées du génie en Lettonie reçoivent les paquets. « Nous avons reçu, je crois, sept grandes boîtes sur place. Il y avait des produits typiquement canadiens, comme du sirop d’érable, des croustilles de ketchup, des croustilles de sel et de vinaigre. Mais aussi des cartes et des mots.
« Avec le décalage horaire, nous avions fixé un temps avec les élèves de l’école pour ouvrir les paquets devant eux en vidéo. Nous voulions exprimer notre gratitude pour toute leur générosité. Cela a vraiment remonté le moral de toute l’équipe qui était sur place, surtout pendant la période de Noël où nous étions là-bas. »
Regonfler le moral des troupes
Les boîtes avaient été remplies d’abord par les élèves de maternelle de Manon Harvey. Mais très vite, les élèves des autres niveaux de l’école ont aussi participé.
Le membre des Forces armées canadiennes en dit plus sur la difficulté pour un soldat d’être loin de sa famille. « Cela dépend de la situation familiale de chacun. Certains célibataires pouvaient avoir le manque de leurs animaux par exemple. Je me souviens d’un de nos soldats, qui était à la fois heureux et triste le même jour.
« Sa femme lui avait envoyé une vidéo de sa fille, sa première fille, qui faisait ses premiers pas, et il avait manqué cela parce qu’il était à l’étranger. Les anniversaires et les grandes fêtes comme Noël et Pâques peuvent être assez difficiles à vivre pour certains soldats, lorsqu’ils se retrouvent seuls pendant de longues périodes », souligne le Lieutenant-Colonel Josh Van Tine.
Si Manon Harvey n’a pas prévu de refaire l’expérience cette année, car c’est beaucoup d’organisation pour son école, son initiative a tout de même eu de l’écho chez Carla Lopes. C’est une amie de Manon Harvey qui travaille avec les 6e,7e et 8e années à l’École Lansdowne de la Winnipeg School Division.
Avec l’aide, à nouveau, du Lieutenant-Colonel, ses élèves ont aussi également préparé des paniers pour les soldats. « Nous sommes en train de faire les paniers en ce moment, les premiers vont être envoyés très prochainement. Puis, nous allons continuer à avoir des discussions sur le sujet jusqu’au mois de juin. On veut expliquer que ce sont des choses concrètes, on veut créer des connexions entre les soldats et nous et ces cadeaux permettent ça. Il y a des évènements qui se passent de nos jours et l’on peut avoir un impact ici à Lansdowne », explique Carla Lopes qui souhaite refaire cette initiative régulièrement.
Du respect pour les Forces armées
Manon Harvey espère maintenant que l’initiative ait encore plus de rebondissements. Elle a même créé un courriel pour que les gens puissent communiquer avec elle s’ils ont des questions pour refaire le projet dans leur école (1).
Pour elle, on ne parle jamais assez du travail des Forces armées. Pour elle, le Jour du Souvenir, c’est toute l’année. Elle aimerait d’ailleurs que la société ait beaucoup plus conscience de l’importance de ces femmes et ces hommes.
« On devrait avoir encore plus de respect pour nos Forces canadiennes, j’ai l’impression qu’on en manque au Canada. On ne réalise pas l’impact qu’ils ont. La paix, ça se travaille et l’on devrait en parler beaucoup plus. Si l’on demande aux gens à quoi sert notre armée, je doute qu’ils puissent nous répondre par manque de connaissance et de communication. »
Comme tout est une question de communication et de choix des mots, il est très important pour le lieutenant-colonel Joshua Van Tine de faire de la pédagogie et d’expliquer son travail. « Par exemple, si j’explique pourquoi le Canada est en Lettonie, j’utilise l’analogie de la résistance à une brute dans la cour d’école.
Quand il y a harcèlement ou intimidation à l’école, il est important que les élèves se lèvent collectivement et disent que ce n’est pas acceptable. C’est un peu ce que font les adultes dans le contexte mondial. En Lettonie, nous sommes là pour dire que ce qui se passe du côté russe n’est pas acceptable et que nous n’allons pas laisser cela se produire en Lettonie ou dans d’autres pays. »
(1) Pour communiquer avec Manon Harvey : [email protected].