Dans un esprit de vérité et de réconciliation, la Hong Kong Veterans Commemorative Association s’est demandé qui des 960 soldats de Winnipeg ayant combattu dans la Bataille de Hong Kong, pendant la Seconde Guerre mondiale, étaient autochtones. Janet La France, cheffe – Secteur généalogie et patrimoine ancestral au Centre du patrimoine, a été mandatée pour accomplir cette recherche.

Du 8 au 25 décembre 1941, sur le front pacifique de la Seconde Guerre mondiale, près de 2000 soldats Canadiens ont combattu l’armée japonaise. Parmi eux, 960 soldats venaient de Winnipeg.

Créée en août 2001 et basée à Winnipeg, la Hong Kong Veterans Commemorative Association (HKVCA) cherche aujourd’hui à identifier les soldats autochtones qui ont combattu à Hong Kong.

« La HKVCA m’a contactée parce qu’ils voulaient tenter d’identifier qui, des quelque 900 soldats sur leur registre, auraient été autochtones, raconte Janet La France. Pour pouvoir les honorer d’une façon ou d’une autre, ou au moins souligner leurs contributions. J’ai tout de suite accepté.

« Ces 900 soldats faisaient partie des Winnipeg Grenadiers, un régiment d’infanterie de l’armée canadienne, donc c’est une histoire qui nous touche directement. Il y avait beaucoup de recrues des Winnipeg Grenadiers qui venaient du Manitoba. »

Lors de la Bataille de Hong Kong, près de 500 soldats canadiens sont fait prisonniers et 290 meurent au combat. 264 des 500 mourront plus tard de famine et de torture dans les camps de prisonniers de guerre japonais.

La Bataille de Hong Kong est aussi la première bataille terrestre de la Seconde Guerre mondiale à laquelle l’armée canadienne prend part.

Un travail minutieux

Janet La France est aujourd’hui plongée dans le processus d’identification de chaque soldat sur la liste de la HKVCA. Au moment de l’entrevue, elle avait vérifié 324 noms. « Il y a encore beaucoup à faire. C’est un processus qui prend du temps. Parfois, c’est très clair s’ils sont ou non autochtones, mais d’autres fois il faut remonter à leurs parents, leur naissance. Faire leur généalogie. »

Sur les 324 noms vérifiés, la cheffe du Secteur généalogie et patrimoine ancestral du Centre du patrimoine a identifié 101 soldats autochtones, dont 84 Métis de la Rivière-Rouge, trois Métis de la Rivière-Rouge et Premières Nations (Anishinaabée, Crie, Saulteaux), cinq Cris, trois Mi’gmaqs, deux Ojibwés, un Dakota, un Saulteaux, un Anishinaabé et un Ojibwé/Dakota. « Il y avait certainement des francophones parmi les soldats métis », remarque Janet La France.

Elle explique sa démarche d’identification. « Pour identifier les Métis, je vais voir la lignée des soldats et je sais qui a réclamé un scrip de terre métisse. Donc si leurs ancêtres font partie de ceux qui ont réclamé un scrip, on peut affirmer qu’ils sont Métis de la Rivière-Rouge. 

« Pour les autres Premières Nations, je me fie aux recensements, qui me disent comment ils s’identifiaient, quelles langues ils parlaient, s’ils habitaient sur une réserve, etc. »

Pourquoi ce projet?

Selon Janet La France, outre le fait que la HKVCA est très active et voulaient agir pour la vérité et la réconciliation, c’est parce que « parfois, les descendants de ces soldats ne savent pas eux-mêmes qu’ils sont Autochtones ou Métis. 

« D’ailleurs, j’en ai déjà trouvé quelques-uns dans la liste. L’association avait fait un travail préliminaire en demandant aux descendants de se prononcer, et certains d’entre eux se sont trompés en répondant! »

L’exercice permettra aussi à la cheffe du Secteur généalogie et patrimoine ancestral de renforcer la base généalogique du Centre du patrimoine en ajoutant de l’information sur les soldats qui seraient déjà dedans, ce qui facilitera les recherches généalogiques d’éventuels descendants.

« Ce sera le fun pour eux d’apprendre que leur ancêtre a combattu pendant la Seconde Guerre mondiale dans la Bataille de Hong Kong », imagine-t-elle.

Enfin, c’est très important pour reconnaître ces combattants qui ont doublement manqué de reconnaissance pour leur contribution à l’effort de guerre : parce qu’ils étaient Autochtones, mais aussi, pour la plupart, parce qu’ils étaient prisonniers de guerre.

Janet La France explique : « Ayant été capturés puis gardés dans les camps pendant le reste du conflit, la plupart n’ont pas eu l’impression d’avoir fait leur part dans les combats de la Seconde Guerre mondiale. Ils avaient le sentiment de ne pas valoir autant que les autres. Il est temps que cela change et qu’on les reconnaisse, qu’on les voie. Pour les descendants notamment, c’est important. »