La pièce de Bertrand Nayet, Sous les tilleuls devait au départ prendre vie sur les planches du Théâtre Cercle Molière (TCM) en avril 2024 pour clôturer la saison précédente. Le plan à l’époque avait été contrarié par un manque de financement.
Finalement, le spectacle aura bel et bien lieu cette saison, du 20 au 30 novembre 2024 et les répétitions ont déjà commencé voilà maintenant quelques semaines.
Sous les tilleuls est une tragédie que Bertrand Nayet a couchée sur papier en 2019 mais qui lui a été inspirée par les évènements survenus lors des attentats de Boston en 2013. « Un jeune homme commet un attentat terroriste et est abattu. Sa soeur, Gina Lagarde, décide d’aller récupérer son corps. Elle s’attire alors l’attention des autorités. »
Ça parle de quoi?
Une pièce tragique donc, par ce qu’elle raconte, mais même jusque dans ses inspirations, puisque le dramaturge indique avoir été inspiré par la pièce Antigone de Sophocle. « C’est une sorte de réécriture moderne de l’oeuvre de Sophocle. Ça aborde le thème de la responsabilité individuelle et des limites du pouvoir de l’état. »
Le récit qui ne suivra pas moins de 12 personnages se déroule à Winnipeg dans un futur proche.
La distribution est donc assez conséquente puisqu’elle compte huit acteurs et actrices en tout (1).
Après un premier jet en 2019, il aura fallu un peu de temps pour que la pièce adopte sa forme finale et pour que l’auteur revête son chapeau de metteur en scène.
Les répétitions qui ont commencé le 16 octobre ont lieu tous les jours depuis. Tous les comédiens ne sont pas présents tous les jours, la taille de la distribution permet de faire des roulements. En revanche, pour Bertrand Nayet, pas le choix, il faut être là « tous les jours, ou à peu près ».
Cela faisait une dizaine d’années que Bertrand Nayet n’avait pas joué le rôle de metteur en scène. Il admet que c’est avec enthousiasme, mais aussi une certaine fébrilité qu’il aborde cet exercice. « J’ai plutôt l’habitude d’être sur les planches que de diriger les autres. Mais je trouve cela très intéressant.
« Il faut se concentrer sur le jeu des acteurs, mais aussi tout ce qui emballe le jeu. Et cela demande beaucoup d’attention. »
Cela étant dit, le metteur en scène est très satisfait de l’ambiance des répétitions et il se réjouit aussi de son équipe de comédiens « très engagée dans la production ».
Un engagement qu’il doit en partie à sa méthode « collaborative », d’aborder le travail de mise en scène.
Méthode de travail
Une méthode que saluent Katrine Deniset et Philippe Habeck. Katrine Deniset joue le rôle principal de Gina Lagarde, le metteur en scène était son professeur de théâtre et de français lorsqu’elle était encore au Collège Louis-Riel. « C’est le fun de ne plus l’appeler monsieur Nayet, mais Bertrand », toutefois les habitudes ont la peau dure… « Le jour de l’audition, j’étais comme : allô monsieur Nayet! Mais il m’a vite corrigée », admet la comédienne amusée.
« J’aime sa façon de penser et j’aime le fait qu’il soit très humble. C’est un projet où on peut échanger et collaborer. On n’a pas peur de présenter nos idées et de mettre sur la table nos préoccupations, nos opinions. »
Philippe Habeck, qui sera lui-même le metteur en scène d’un autre spectacle qui se tiendra au TCM plus tard cette saison, corrobore les propos de Katrine Deniset. « Parce que ça fait 30 ans que je n’ai pas joué la comédie, ça m’a pris une bonne semaine pour réaliser que la mise en scène n’était pas ma responsabilité. Alors je suggère des choses et Bertrand écoute tellement bien, il est tellement généreux qu’il nous permet différentes choses. Il y a constamment ce va-et-vient d’idées et c’est le fun de travailler avec un groupe de gens d’ici qui veulent faire du théâtre, on s’amuse comme des fous. »
Philippe Habeck jouera quant à lui deux personnages : Gaston Védrine et Richard Langlois.
Retour sur scène
Katrine Deniset elle aussi n’a pas joué au théâtre depuis quatre ans, mais tous les deux se disent ravis de se retrouver sur scène, en particulier pour jouer les personnages qui leur ont été affectés et dont tous les deux parlent comme si ces personnages de fiction étaient leurs amis les plus intimes.
« Gina est la fille de parents auteurs d’un coup d’État, elle a grandi dans un univers oppressant et violent. Mais elle oeuvre pour la justice sociale, c’est une journaliste dont le frère commet un acte terroriste. Je dis toujours que Gina a deux missions, une mission universelle qui est celle de créer un monde plus juste et puis sa mission personnelle qui est de récupérer le corps de son frère. Ce sont les intérêts individuels et globaux qui viennent un peu se rencontrer. »
La comédienne souligne que ce récit s’impose comme particulièrement moderne au vu « du monde actuel ».
En ce sens la pièce a quelque chose de très moderne par les enjeux et les sujets qu’elle aborde et qui transparaissent à travers les personnages.
(1) Katrine Deniset, Micheline Girardin, Philippe Habeck, Suzanne Kennelly, Charles Leblanc, Eric Plamondon, Caroline Touchette et André Vignon-Tessier.