Avec des informations d’Ophélie Doireau et de Jonathan Semah.

C’est un rapport annuel sur les services en français un peu particulier qui a été présenté devant le Comité exécutif de la Ville de Winnipeg le 13 novembre. Ce dernier concerne toute la période de 2018 à 2022 et a été reçu à titre d’information.

Pour rappel, la période sur laquelle se penche le rapport correspond au mandat de l’ancien maire de Winnipeg : Brian Bowman.

Nicole Young, gestionnaire des services en français de la Ville, explique que la décision a été prise à l’époque de publier le rapport en un bloc. « Nous ne voulions pas d’un rapport dans lequel nous poin- tions simplement du doigt les services en français que nous offrions et ceux que nous n’offrions pas. La volonté était d’aligner ce constat avec un plan stratégique. »

Vers des rapports annuels

Toutefois, la Charte de la ville stipule qu’un rapport annuel sur les services en français doit être présenté au ministre des Affaires francophones tous les ans, au plus tard quatre mois après

la fin de l’exercice de la ville. Ainsi, Nicole Young précise qu’une évaluation avait lieu tous les ans, « à l’interne », pour identifier et aider les services qui avaient le plus de difficultés à atteindre leurs objectifs.

D’autre part : « Une mise à jour a été envoyée tous les trois mois au Secrétariat des affaires francophones. »

La gestionnaire des services en français pour la ville précise que dorénavant, la décision a été prise de revenir au modèle de base et de faire les rapports de façon annuelle.

Pour en revenir à la présentation du rapport 2018-2022. Ce dernier souligne que la Ville « a de la difficulté à offrir des services en français et qu’il est difficile de conserver les candidats bilingues ».

Afin de pallier cela, les recommandations du rapport invitent à se pencher sur trois points en particulier.

« Nous devons mobiliser nos efforts sur les communications aux citoyens, au niveau de la gouvernance, nous devons avoir plus de soutien de nos élus ainsi que des directions des départements. Enfin, le dernier point est celui du recrutement et de la rétention de notre personnel bilingue », souligne Nicole Young.

Recruter et retenir

Quant à savoir ce qui est mis en place pour améliorer la rétention des employés, plusieurs choses sont mentionnées.

« Lorsqu’un poste est désigné bilingue, on s’assure que la personne qui occu- pera ce poste ait les outils nécessaires pour fonctionner dans les deux langues, voir comment on peut les sou- tenir. On va sensibiliser les personnes qui supervisent ce poste et qui ne sont pas forcément bilingues eux- mêmes pour qu’ils comprennent les attentes du poste qu’ils supervisent. »

Des processus visant à encadrer davantage ces postes et qui « n’existaient pas avant ».

De plus, difficile de parler de recrutement et de rétention sans aborder la question des salaires. Les salaires pour les postes désignés bilingues sont-ils assez compétitifs pour convaincre les gens de rester?

Nicole Young n’avait pas les informations nécessaires pour répondre à la question. Elle indique tout de même que cela dépend des postes en question. Un urbaniste par exemple a plus de chance de percevoir un salaire plus important qu’un employé du centre d’appel.

La Liberté a ensuite adressé une demande à la Ville pour l’obtention de la grille salariale des postes désignés bilingue. Dans le temps qui lui était imparti, la ville a répondu en nous renvoyant vers les conventions collectives qui sont consultables en ligne sur le site internet de la Ville, ainsi que le Règlement municipal sur la prestation de services municipaux dans les deux langues officielles. En se basant sur ces documents, il n’a pas était possible de dégager clairement une moyenne de salaire pour les postes bilingues, ceux-ci n’étant pas définis claire- ment dans les conventions collectives.

Le maire de Winnipeg Scott Gillingham a également fait savoir qu’il comptait aussi sur le soutien financier de la Province et du gouvernement fédéral pour atteindre les objectifs souhaités.

Matt Allard, conseiller municipal pour le quartier de Saint-Boniface explique que si de l’argent supplémentaire venait à être perçu par la Ville, il devrait servir à une chose en particulier. « Pour moi, c’est vraiment au niveau des ressources humaines que ça se joue. La première chose que dit le rapport c’est que la ville n’est pas capable d’embaucher et de retenir assez de personnes bilingues. »

Moderniser la Charte

Finalement, toujours dans une optique d’améliorer la livraison de services en français, le rapport fait également mention d’un projet de modernisation de la partie 9 de la Charte de la Ville « Services municipaux–langues officielles ».

« C’est dans cette partie que l’on trouve les obligations légales sur l’offre des services en français, explique Nicole Young. Elle date de 1971, alors elle contient plusieurs choses que l’on ne fait plus ou bien différemment. Une fois la Charte mise à jour, nous pourrons en faire de même de notre règlement. »

La gestionnaire des services en français indique également que le conseiller municipal pour le quartier de Saint-Vital, Brian Mayes a été nommé au poste de conseiller responsable des services en français.

Il se réjouit d’ailleurs d’occuper ce rôle pour la deuxième fois.

« J’admire la langue française et j’ai réalisé plusieurs projets visant à promouvoir la culture franco-manitobaine, comme le sentier Gabriel-Dufault. J’ai hâte de travailler avec le personnel de la Ville pour améliorer la livraison des services en français. »