Une nouvelle accueillie favorablement par le corps pédagogique. Mais qui soulève d’autres enjeux. 

Sans donner de date précise sur l’introduction de ce module, le gouvernement provincial a glissé dans son discours du Trône la phrase suivante « Nous ajoutons au programme de 9e année un module consacré à la culture financière afin de préparer les élèves à la vie qui les attend à la sortie de l’école ». 

L’intention est louable comme le souligne Alain Laberge, directeur général de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM). « La littératie financière est vitale et critique. » Néanmoins, pour lui « on ne peut pas penser que la littératie financière s’enseigne dans un module en 9e année ». 

C’est un peu le même son de cloche chez Apprentissage Illimité, partenaire de la DSFM depuis, au moins, 12 ans. Carole Freynet-Gagné en est la présidente-directrice générale. « C’est une excellente nouvelle. C’est un bon début, je ne peux pas m’imaginer que les élèves aient uniquement un module en 9e année sans avoir un avant et un après. »

Alain Laberge fait remarquer qu’à la DSFM, la littératie financière est ancrée depuis plusieurs années. « Nous avons des partenaires en éducation pour nous guider comme le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba, Caisse Groupe Financier et Apprentissage Illimité. 

« La littératie financière ne commence pas en 9e année. Il y a eu beaucoup de changement au cours des années notamment avec les cartes de débit et de crédit. Avant, tout le monde avait de l’argent liquide sur soi, désormais on paye par carte de débit et de crédit. Je n’ai pas encore vu tout le détail du ministère de l’Éducation. Mais la littératie financière est quelque chose qui se doit d’être actif et pas seulement quelque chose d’entendu en classe. »

De son côté, grâce à son travail d’écoles communautaires, la DSFM a pu raccrocher la littératie financière à des concepts connus par plusieurs élèves. « On l’a lié avec l’entrepreneuriat surtout avec nos élèves du secondaire. Nous avons lancé des alliances avec certains entrepreneurs au rural ou même lancé nous-mêmes des produits. Grâce au concept d’école communautaire, il y a une solidarité qui se crée entre élèves et gens d’affaires de la communauté. L’idée avec l’apprentissage de la littératie financière est d’avoir un impact plus large qu’uniquement sur les élèves. »

Du côté de Carole Freynet-Gagné, elle plaide pour que la littératie financière soit appliquée à tous les niveaux. « Nous préconisons que cela fasse partie de tous les niveaux de la maternelle à la 12e année. Nous ne voulons pas que ce soit un apprentissage ponctuel. J’ai l’impression que c’est quelque chose qui s’en vient. 

« En 9e année, les élèves ont accès à de l’argent d’une manière ou d’une autre. Ils ont développé certaines valeurs autour de l’argent. » 

Pour elle, c’est avant tout une question de développement durable. « La littératie financière est étroitement liéeau développement durable. Elle nous donne des clés pour gérer notre argent, être prévoyant, revoir nos habitudes de consommation, savoir épargner au bon moment. 

« Alors en 9e année, c’est peut-être un peu trop tard parce que ces notions peuvent prendre du temps à être assimilées et à être mises en pratique. »

Pour Alain Laberge, l’enjeu autour de l’ajout d’un nouveau module se trouve aussi dans l’emploi du temps des élèves et des enseignants. « Nous avons des modules dans plusieurs domaines que nous devons passer. L’année scolaire est assez serrée. Alors est-ce qu’on va être capable de passer au travers de tout le programme sans bâcler quelque chose?« On veut garder la base et la rigueur de la base pédagogique. Année après année, on ajoute des modules. Mais on n’en enlève jamais. Et en fin de compte, il y a seulement cinq heures dans une journée scolaire. Peut-être qu’on en fait trop à certains endroits, on pourrait alléger. Mais dans tous les cas, quand on ajoute des modules, on alourdit la tâche. » 

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