154 ans après la ratification de la Loi sur le Manitoba en 1870, la Fédération métisse du Manitoba (FMM) a signé, le 30 novembre, un Traité moderne avec le gouvernement fédéral. Quelle est l’implication pour les Métis francophones de la rivière Rouge? La Liberté est allée poser la question.
Depuis le début des négociations sur l’autonomie gouvernementale entre la FMM et le gouvernement fédéral en 2018, l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba n’aurait pas été consultée, selon Crystal Desrosiers, présidente du conseil d’administration. « On n’a pas été impliqué depuis le début des discussions sur le Traité. »
Alors qu’ils ont reçu une invitation de la part de la FMM, aucun représentant officiel de l’UNMSJM était présent lors de la signature du Traité.
« Il n’y avait pas de message derrière le fait qu’on n’était pas présent. On est tous des bénévoles, on est occupé, nous avons nos familles. Je ne me sentais pas confortable de demander à quelqu’un nouveau du C.A. d’être là de ma part », affirme-t-elle.
Rétablir les discussions entre la FMM et l’UNMSJM
Crystal Desrosiers souhaite le rétablissement des voies de discussions entre la FMM et l’UNMSJM. D’ailleurs, les deux groupes prévoient de se rencontrer entre représentants dans les semaines à venir.
« J’ai l’intention de demander qu’on ait un engagement avec la FMM pour avoir des discussions régulières et travailler ensemble, explique-t-elle, entre l’Union et la FMM, on a besoin de la réconciliation. »
Tout juste après la signature du Traité, le président de la FMM, David Chartrand, avait évoqué son engagement envers l’UNMSJM.
Citoyenne de la FMM elle-même, Crystal Desrosiers aborde la question des services en français de façon franche. « Est-ce que la FMM offre des services et de la programmation en français? Oui. Est-ce que c’est assez? Probablement pas. »
D’autre part, elle applaudit le travail mené par le Conseil Elzéar-Goulet qui a comme mandat de défendre les intérêts des Métis francophones de la région de Winnipeg de la FMM.
La présidente de l’UNMSJM met en avant l’importance de son organisation. « Ce qui a été évident depuis les dernières années, sous le leadership de Paulette Duguay, c’est qu’on se fait demander d’être à la table par plusieurs organismes qui veulent notre savoir, et avoir des partenariats », constate-t-elle.
Représentant exclusif
Le Traité doit encore être déposé au Parlement avant d’obtenir sa sanction royale, ce qui ferait de la FMM le représentant exclusif des Métis de la rivière Rouge en tant que gouvernement autonome.
André Carrier, ministre responsable de la langue française à la FMM se réjouit de ce fait.
« Le Traité moderne va avoir un impact sur tous les citoyens de la rivière Rouge. »
Selon M. Carrier, le Traité permettra de faciliter l’accès au financement fédéral pour la traduction en français.
Actuellement, la traduction en français est réalisée par des prestataires externes. Le responsable de la langue française souhaite créer un bureau dédié à la traduction française dans un avenir proche.
Le président sortant du Conseil Elzéar-Goulet, David Dandeneau, partage son opinion sur le Traité moderne, qui n’inclut pas une clause pour protéger spécifiquement la langue française chez les Métis.
Il indique que la protection de la langue française avait été abordée davantage dans la Loi sur le Manitoba de 1870.
« C’est toujours notre objectif, en quelques sens, de bilinguiser la Fédération métisse du Manitoba. On ne veut pas le faire en confrontation continuelle. »
« Les Métis au Manitoba devraient s’entendre »
Selon David Dandeneau, les tensions entre la FMM et l’UNMSJM ne dateraient pas d’hier. Alors qu’on peut remonter jusqu’à 1982, au moment où il fallait négocier la nouvelle constitution canadienne, l’UNMSJM souhaitait être à la table. C’était désormais la FMM qui l’était.
Pour Dolores Gosselin, Aînée métisse, le Traité n’est qu’un début. « C’est une bonne chose pour les Métis. Mais je déplore que la FMM ne représente pas tellement les Métis francophones. »
L’Aînée appuie l’UNMSJM dans ses efforts de collaborer avec la FMM. « Je suis en faveur, les Métis au Manitoba devraient s’entendre ».
Elle estime que l’UNMSJM pourrait jouer un plus grand rôle au sein de la FMM quant au bilinguisme.
« La FMM pourrait s’occuper de la section en anglais. Mais l’UNMSJM pourrait s’occuper de la section en français, afin que les Métis anglophones et francophones soient représentés également. » conclut-elle.