Cela grâce à la mobilisation de plusieurs parents manitobains et l’engagement des acteurs de l’éducation francophone. Un instant de répit pour plusieurs qui pourrait permettre d’assurer une transition en douceur. 

Ce sont près de 1 100 personnes qui ont signé la pétition qu’a lancée Carmelle Noël le 20 novembre dernier pour maintenir le financement provincial des CRÉE. Un élan d’engagement qui aura sûrement porté ses fruits puisque le financement d’environ 460 000 $ par année est maintenu jusqu’en 2028. 

Un soulagement pour la Coalition francophone de la petite enfance du Manitoba composée de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM), de la Fédération des parents de la francophonie manitobaine (FPFM) et de la Société de la francophonie manitobaine (SFM). Chaque année, la présidence est occupée par un représentant d’un des trois organismes. Pour 2024, c’est Jean-Michel Beaudry, directeur général de la SFM, qui l’assure. 

Une bonne nouvelle

C’est évidemment une bonne nouvelle pour ce dernier. « Bien qu’il reste encore certains détails à régler, nous sommes encouragés par le fait que le gouvernement du Manitoba reconnaît l’importance des CRÉEs pour la francophonie manitobaine et qu’il travaille avec la Coalition francophone de la petite enfance du Manitoba pour financer les centres. « Ensemble, nous poursuivons notre dialogue afin que nos communautés puissent bénéficier de tous les services à la petite enfance dont elles ont besoin. » 

Pour Alain Laberge, directeur général de la DSFM, le repos est de courte durée. « C’est un soupir de soulagement pour la DSFM. Il y a encore quelques questions que l’on se pose. Le financement doit s’arrêter dans trois ans et on aimerait comprendre le raisonnement derrière. Est-ce que la Province est au courant de nos réussites? Peut-être qu’il y a un manque de communication entre la Province et la Coalition. En bout de ligne, on veut des garanties que les CRÉEs vont demeurer aussi longtemps que nos écoles vont demeurer. Il y a des gens qui ont des emplois, des parents qui comptent dessus. On aimerait aussi de la pérennité sur ces questions. » 

Alain Laberge.
Alain Laberge. (photo : Marta Guerrero)

C’est un sentiment partagé par la directrice générale de la FPFM, Brigitte L’Heureux qui se prépare déjà pour la suite en 2028. « Nous avons rencontré les représentants gouvernementaux, le Secrétariat aux affaires francophones et le Bureau de l’éducation française pour nous annoncer que le financement sera maintenu jusqu’en 2028. Ensuite, il y aura un transfert progressif vers le ministère de l’Éducation et de l’Apprentissage de la petite enfance. 

« La petite enfance a toujours été une priorité pour la communauté francophone. Je comprends que le gouvernement provincial veuille prendre une différente approche et responsabiliser ses ministères. Lors des prochaines négociations pour l’entente, il faudra continuer de pousser du côté du ministère. » 

L’importance de ces services

Depuis plusieurs années, la Coalition milite pour une augmentation du financement puisque les budgets des CRÉEs sont limités. Officiellement, le budget de 460 000 $ permet de financer neuf CRÉEs à temps complet. Dans les faits, il y a 14 CRÉEs ouverts et tous n’offrent donc pas la même amplitude horaire ni la même programmation. 

Alain Laberge souligne que « j’ose croire que le ministère comprend l’importance de ces services. Encore une fois, c’est le même montant de financement. Mais le coût de la vie augmente alors finalement, c’est une diminution réelle du budget. Il va falloir étirer davantage le budget pour les opérations de financement ». 

Pour rappel, cette année, trois CRÉEs ont dû fermer leurs portes en raison du gel de financement. Brigitte L’Heureux insiste. « Nous pensons être capables d’en rouvrir deux sur les trois. Pour l’instant nous n’avons pas confirmé lequel sera fermé définitivement. Nous prenons en compte différents facteurs comme les bénéfices de la communauté, l’embauche de personnel. 

« Les CRÉEs offrent des services provinciaux et sont implantés dans plusieurs communautés. Parfois, c’est le seul espace francophone pour les petits dans leur communauté. C’est aussi un bon endroit pour les parents pour réseauter autour de la petite enfance. Les parents peuvent apprendre, consulter, questionner durant cette période importante pour eux. » 

Un point que défend la SFM. « Toutes les communautés avec des écoles de la DSFM n’ont pas accès à des CRÉEs. Ce sont des programmes qui sont très utilisés par les parents. » 

La question du continuum en éducation

À raison, parce que comme l’explique Brigitte L’Heureux, il est question du continuum en éducation en français. « Les enfants inscrits dans les CRÉEs vont poursuivre leur parcours en éducation en français à la DSFM. De plus, leur emplacement dans les écoles de la DSFM sont stratégiques. Les parents se sentent à l’aise dans l’école. » 

Brigitte L’Heureux.
Brigitte L’Heureux. (photo : Marta Guerrero)

C’est alors un partenariat naturel qui s’est mis en place au fil des années, la DSFM met à disposition gratuitement des locaux pour les CRÉEs. Alain Laberge espère que les discussions se poursuivront pour continuer d’offrir ces services aux familles. « Nous devons avoir des discussions ouvertes pour faciliter et favoriser les échanges pour continuer de croître. J’ai l’impression qu’il y a eu un bris de communication au moment de l’annonce de la coupure qui était sans raison évidente. 

« Si on effectue mal le travail, c’est important de le comprendre pour s’améliorer. Mais à date, on nous a toujours indiqué que nous faisions très bien. » 

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté