Le documentaire d’une durée d’environ une heure rend hommage à la carrière tout entière de l’avocat David Matas. Le Winnipegois a voué, à quelques années près, toute sa vie à la défense des droits de la personne.
Parmi ses accomplissements, David Matas a, entre autres, permis de dévoiler au grand jour la sinistre affaire des prélèvements d’organes forcés par le gouvernement chinois ainsi que la persécution exercée à l’encontre des adeptes du Falun Gong (1).
C’est autour de cette affaire que le documentaire The Justice Hunter, réalisé par Yolanda Papini-Pollock, gravite.
Un homme trop méconnu
Un documentaire qui a beaucoup d’importance pour la réalisatrice. « Je pense que David est un formidable guerrier des droits de la personne, mais c’est aussi un homme trop méconnu. C’est pourquoi ce projet est si important pour moi, j’espère qu’il inspirera les gens à se battre pour ce qui est juste. »
De cette volonté de faire connaître plus largement le travail de David Matas, couplée à celle des membres de la communauté Falun Gong de lui rendre hommage, est donc né ce film documentaire qui sera projeté à Winnipeg le 17 décembre par B’nai Brith Canada (2).
Il aura fallu près d’un an pour produire ce documentaire. Après tout, condenser plus de 50 ans de carrière en une heure, ce n’est pas chose facile.
50 ans de carrière en une heure
« Et il y a tant de choses que nous avons laissées de côté, confie Yolanda Papini-Pollock. Il a fait tellement de choses, mais il n’était pas possible de parler de tout. J’espère qu’il y aura une suite (rires). »
Du côté de David Matas, le film revêt aussi une certaine importance. « Je suis impliqué dans l’activisme et la défense des droits de la personne et j’essaie de promouvoir ces droits. Pour que cela soit efficace, il ne suffit pas que j’en parle pour sensibiliser les gens. Le documentaire permet de transmettre un message, celui de la nécessité de faire quelque chose pour la justice. »
Pour l’avocat, encourager et contribuer à la prise de conscience du public du besoin de se mobiliser pour les droits de l’Homme est primordial.
« Je ne pense pas que les problèmes que j’ai abordés disparaîtront dans un avenir proche, regrette-t-il. Ce que j’ai pu observer, c’est que lorsqu’un problème est réglé, un autre apparaît aussitôt. Beaucoup des questions sur lesquelles j’ai travaillé ne sont plus d’actualité aujourd’hui.
« J’ai participé à la campagne contre l’apartheid en Afrique du Sud, contre la répression de l’Union soviétique en Europe de l’Est, contre les dictatures militaires en Amérique latine – tous ces problèmes ont disparu, mais de nouveau sont apparus. D’où la nécessité de poursuivre les efforts dans ce qui semble être une tâche sans fin. »
À cette fin, en plus du film documentaire, un livre pour enfants racontant les combats de David Matas a également vu le jour à l’initiative de Yolanda Papini-Pollock pour la simple raison que « certains des sujets abordés dans le film ne sont pas adaptés aux enfants », mais pas seulement. Il s’agissait aussi de sensibiliser les plus jeunes à la question des droits de la personne.
La poursuite de la justice
« Soutenir les droits humains n’est pas une question qui concerne les adultes seulement. Je pense qu’il faut aussi impliquer les enfants, pour leur donner l’envie, une fois adultes, de reprendre le flambeau. »
Finalement, David Matas insiste qu’il n’essaie pas d’inciter les gens « à devenir avocats ».
« Je ne pense pas que la promotion de la justice soit nécessairement un travail juridique. Cela peut prendre plusieurs formes. Ça peut être la réalisation d’un documentaire, d’une oeuvre d’art, n’importe quoi. Ce que j’aimerais que les gens retiennent, c’est que la poursuite de la justice est importante et que tout le monde peut le faire à sa manière, en utilisant ses propres compétences et ses contacts. »
(1) Le Falun Gong, qui signifie en chinois « discipline de la roue du dharma », ou falun dafa, relève d’un amalgame de pratiques corporelles et spirituelles mis au point en 1992 par son fondateur, Li Hongzhi (né en 1952), et adopté par des millions de Chinois.
