Par Océane LE GOUIC – Collaboration spéciale

Derrière un sourire aux lèvres, une allure douce et un ton rieur, se cache l’illustratrice choisie pour la campagne visuelle du TCM, Cato Cormier. Mais avant ce recrutement accueilli gaiement par l’artiste, se trouve le parcours d’une passionnée qui cherchait son identité artistique, sa carrière et la raison de ces coups de crayon.

« J’ai toujours dessiné. Ça a toujours été quelque chose de naturel depuis que je suis petite », révèle la jeune femme. Originaire de Montréal, Cato Cormier a poursuivi des études en Communication et Culture. Dans les amphithéâtres et les couloirs de l’Université Concordia, elle ne résistait pas à quelques dessins griffonnés.

Pourtant, le dessin restait une activité à part entière. « Ça m’a pris du temps avant de comprendre que c’était dans ce métier que je voulais m’investir », explique-t-elle. Puis quelques expériences l’ont finalement questionné.

Durant un été, la jeune femme s’est rendue au sein d’une résidence artistique et son camp d’art installé dans une forêt dans le Vermont. Elle a pu y rencontrer des artistes, animateurs, illustrateurs et bédéistes. Cette communication avec le monde artistique lui a permis de penser plus sérieusement à un avenir dans l’illustration. « J’étais toujours en train de dessiner en marge et là j’ai décidé de dessiner au centre ».

Une artiste engagée

Il y a cinq ans, elle s’est définitivement installée à Winnipeg. Aussitôt, l’artiste s’est inscrite au programme de mentorat de l’organisme Mentoring Artists for Women’s art (MAWA). Ce centre d’artistes encourage et soutient le développement intellectuel et créatif des femmes, et plus largement des personnes soumises à la discrimination des sexes, dans les arts visuels. Pour Cato Cormier, « comme dans beaucoup de structures d’engagement, ça a été une expérience éducationnelle vraiment stimulante ».

Son style distinct a su conquérir les cœurs manitobains. De part son approche ludique et loufoque, proche du surréalisme, Cato Cormier mélange l’illustration et la bande dessinée. Selon elle, cette structure artistique raconte une histoire et sert sa volonté principale : déconstruire les corps.

« Je dessine des corps et joue avec la ligne et la courbe de l’anatomie », avoue l’artiste. Elle vient créer des détails pointus, moelleux, longs et déformés. Son objectif : remettre en cause les corps façonnés par les exigences sociétales, grâce au rire et à la bonne humeur. L’illustratrice fait notamment référence aux corps queer et féminins, souvent confrontés à une image étroite dans la société. « J’ai toujours voulu faire rire l’audience et les surprendre en même temps », conclut-elle.

Une direction artistique adoptée pour la campagne visuelle

« Le Théâtre Cercle Molière voulait vraiment que je reste dans mon esthétique bédéiste, très accès sur le personnage et sa relation avec les autres. Donc ça me correspondait et ça faisait vraiment sens dans le contexte du théâtre », avoue Cato Cormier. Le TCM s’est alors inspiré de ce langage corporel déjoué afin de diriger le projet autour d’un thème précis : la connexion.

Cato Cormier souhaitait imaginer une représentation des liens établis entre les familles, amis, amoureux, enfants, complices et étrangers à travers les gestes physiques, qui peuvent marquer des vies. Sept pièces de théâtre seront présentées par ses visuels dans lesquels une troupe de personnages aux caractères singuliers est mise en lumière. Sur le site internet du TCM, sont exposés les visuels des pièces. Saison, Ventre mou, Sous les tilleuls, Un peu partout !, Noir et Fier, Maputo-Mozambique, Frétillant et Agile et Ô Canada, té qui toi ?

Les résidents de Winnipeg pourront apercevoir la campagne visuelle et les coulisses d’une nouvelle artiste dans les bibliothèques et les cafés de la ville d’ici 2025.