Avec des renseignements d’André Boisjoli
En date du 23 décembre, le groupe Tochal’s Developments, propriétaire d’un terrain boisé de 22 acres (8 hectares) dans la forêt Lemay a repris l’abattage des arbres.
Le 24 septembre 2024 déjà, le groupe propriétaire avait fait tomber une centaine d’arbres. À l’époque, la Ville a fait parvenir une ordonnance de cessation de travaux. Cette dernière indiquait que le groupe Tochal, en retirant la végétation de son terrain sans permis de développement valide, enfreignait deux règlements de la Charte de la Ville.
Seulement voilà, le 18 octobre 2024, la Ville a finalement remis au groupe un permis d’aménagement permettant l’enlèvement d’arbres et le stockage de bois sur la propriété. Le document, que La Liberté a pu consulter, stipule clairement qu’il « ne s’agit pas d’un permis de construire ».
Toujours pas de permis
Pour rappel, Tochal’s Developments a pour ambition de construire sur la propriété une résidence de logements abordables avec services de 5 000 lits et 2 500 unités. Afin d’aller de l’avant dans ce projet, une demande de rezonage avait été déposée devant le Conseil municipal et refusée le 26 septembre.
À ce propos, John Wintrup, urbaniste et porte-parole du groupe, indique que le ce dernier a fait appel de la décision. « La Commission municipale du Manitoba a accepté notre appel contre la décision du conseil municipal de la ville de Winnipeg de rejeter les demandes de développement discrétionnaire proposé permettant la construction de nouveaux logements. Une audience à ce sujet est provisoirement prévue pour la mi-février. »
Il faut donc retenir que le groupe n’a toujours pas le droit d’entamer des travaux de développement. L’on peut alors se demander pourquoi avoir entrepris d’abattre les arbres tout de suite.
À cela, La Liberté n’a pas obtenu de réponse. Mais John Wintrup a tout de même répondu qu’à la réception de l’ordonnance de cessation de travaux en septembre, le propriétaire du terrain avait soumis une demande auprès de la Cour du Banc du Roi pour s’opposer à l’ordonnance de la Ville.
« Le propriétaire a indiqué qu’il renoncerait à son action en justice si l’on recevait un permis d’aménagement. La Ville a finalement délivré le permis », écrit John Wintrup en réponse de notre courriel.
Le conseiller municipal pour Saint-Norbert Rivière Seine, Markus Chambers, s’est dit « très déçu » de voir le promoteur immobilier abattre des arbres « alors qu’aucun plan de développement n’a été approuvé ».
Le conseiller qualifie même la démarche de « malveillante ».
À l’époque, le conseiller avait amené une proposition devant le Comité municipal Riel. La motion de Markus Chambers demandait à la Ville toutes les options pour racheter, ou, procéder à un échange de terrain avec le groupe propriétaire afin de protéger cette partie de la forêt.
À la recherche de solutions
Markus Chambers assure toutefois que les trois niveaux de gouvernement sont toujours à la recherche d’une solution.
« Nous examinons toutes les options qui s’offrent à nous. Publiquement, en tant que gouvernement, mais aussi de manière privée à travers le soutien des citoyens. »
Le conseiller municipal du quartier de Transcona, Russ Wyatt, nous éclaire notamment sur les rôles que peuvent jouer les différents niveaux de gouvernement dans ces négociations. « La province a la possibilité d’accorder un financement aux intervenants, c’est-à-dire un financement juridique au groupe de résidents. Le gouvernement fédéral a la possibilité de déclarer des parcs nationaux et des zones préservées, et c’est ce que nous avons fait avec la Fourche. »
Parmi les options, il mentionne une offre de rachat du terrain.
De plus, la Ville de Winnipeg travaillerait à l’élaboration d’un règlement visant à protéger les arbres sur les terrains privés.
Parmi les pistes envisagées : « une structure de frais pour l’abattage des arbres. Ces frais seront reversés dans une réserve afin que la ville de Winnipeg dispose de ressources pour planter des arbres. »
Après tout, dans certains cas, l’abattage d’arbres reste inévitable. La Ville de Winnipeg éprouve un réel besoin de développement. Il s’agira donc d’apprendre à jongler.
Protéger la biodiversité tout en laissant un peu d’espace aux propriétaires fonciers pour le développement immobilier.