Le groupe qui détient les plateformes Facebook, Instagram ou encore Threads a annoncé plusieurs changements importants qui vont d’abord être mis en place aux États-Unis.

Dans une vidéo d’environ cinq minutes, Mark Zuckerberg a expliqué le futur de ces plateformes. Le programme de vérification des faits par des tiers sera aboli pour laisser place à un modèle de notes communautaires, comme l’on peut le voir sur le réseau social X, notamment. Meta souhaite aussi lever « les restrictions sur certains sujets qui font partie du discours dominant » pour concentrer son action « sur les violations illégales et de grande gravité. » Enfin, Meta souhaite adopter une « approche plus personnalisée du contenu politique » sur ses plateformes.

Positionnement avant l’arrivée de Donald Trump

Colette Brin, directrice du Centre d’études sur les médias de l’Université de Laval, rappelle d’abord qu’il y a un contexte politique fort autour de ces annonces : le retour au pouvoir de Donald Trump dans quelques jours. « C’est un positionnement comme d’autres grands dirigeants de la Tech l’ont fait ces dernières semaines. Je pense qu’on peut mettre Zuckerberg dans la catégorie des plus nuancés. On peut en douter, mais si l’on regarde à l’ensemble de son parcours, on peut reconnaitre que pour Zuckerberg, si l’on ne parlait pas du tout de politique ou d’actualité journalistique sur ses plateformes, il serait très heureux, car ça lui enlèverait bien des problèmes. »

Au premier de ces problèmes, il y a donc la modération sur ces réseaux sociaux, avec Facebook en tête qui compte environ 3 milliards d’utilisateurs actifs par mois. « Le rêve de Zuckerberg, c’est de ne pas gérer le conflit. Mais parce que Facebook est un espace d’échange entre humains, la politique finit par s’imposer, elle est toujours là. Il le dit donc : son entreprise est incapable de modérer ce volume et aussi à cause de leur volonté de ne pas être des censeurs », souligne Colette Brin.

« C’est vrai ce que dit Zuckerberg : les efforts de modération mènent à la censure de contenus inoffensifs ou même pertinents. Mais vu du Canada, on trouve que la censure la plus problématique est très volontaire, c’est celle du contenu journalistique. »

Modération quasi impossible

Meta va donc notamment utiliser les notes de la communauté pour pallier ce problème. Des notes donc sous les publications qui seront rédigées et évaluées par les utilisateurs qui y contribuent. « Nous avons vu cette approche fonctionner sur X – où ils donnent à leur communauté le pouvoir de décider quand les messages sont potentiellement trompeurs et nécessitent plus de contexte, et où les gens à travers un large éventail de perspectives décident quel type de contexte est utile pour les autres utilisateurs », explique Meta.

La directrice du Centre d’études sur les médias de l’Université de Laval n’est pas convaincue par cette approche. « C’est la voix du peuple, si l’on veut. C’est la loi du plus fort, et à qui criera le plus fort. Un peu l’opposé du modèle de Wikipédia. C’est géré par la collectivité, mais qui repose sur un attachement aux faits, une expertise des sujets et une éthique. On peut s’attendre à que ce soit différent de X, mais Facebook n’a jamais montré un engagement pour la rigueur et la qualité de l’information. »

Colette Brin imagine enfin que ces nouvelles règles seront prochainement appliquées à d’autres zones hors États-Unis. « J’imagine que Donald Trump et Elon Musk vont leur dire de faire ça ailleurs, notamment dans les marchés anglophones, et les marchés qui intéressent particulièrement les États-Unis. »