Par Ophélie Doireau – Collaboration spéciale

C’est en tout cas ce que révèle une étude de Statistique Canada paru début décembre. Néanmoins, les enjeux restent multiples pour que leur qualité de vie soit égale à celle des Canadiens actifs.

Au Canada, la population vieillissante est en augmentation. D’après le recensement et les données de 2023, 7,5 millions de personnes étaient âgées de plus de 65 ans. Statistique Canada projette que d’ici 2051, ils seront près de 12 millions de personnes.

Dans une étude sur la situation économique au pays (1), Statistique Canada constate que de 1976 à 1995, le revenu médian après impôt des personnes de 65  ans et plus « a généralement augmenté ». Il est passé de 15  600 $ à 25 100 $ (en dollars constants de 2022). Et de 1996 à 2022, bien que ce revenu médian ait augmenté également, il a progressé moins rapidement que celui des 18 à 64 ans. Il est passé de 24 800 $ en 1996 à 32 600 $ en 2022 alors que celui des personnes de 18 à 64 ans est passé de 30 300 $ en 1996 à 42 900 $ en 2022.

Il existe évidemment des écarts entre le revenu médian des femmes et celui des hommes. Du côté des femmes, leur revenu est passé de 13 700 $ en 1976 à 29 800 $ en 2022. Chez les hommes, leur revenu est passé de 20 700 $ à 41 700 $.

Précarité des aînés

Pour la présidente de la Fédération des aînées et des aînés francophones du Canada (FAAFC), Solange Haché, cette étude montre toute la précarité que peuvent vivre les aînés. « 5,9 millions de personnes âgées de 65 ans et plus auraient des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. De ce nombre une majorité sont des femmes. Elles sont plus susceptibles de vivre sous le seuil de pauvreté sans oublier les femmes racisées qui sont encore plus à risque de vivre dans la pauvreté.

« L’étude de Statistique Canada fait ressortir clairement que ce sont les femmes qui dépendent le plus du supplément de revenu garanti. »

Au Canada, le régime de pension fédéral est le même peu importe la province dans laquelle vous vivez. Le montant mensuel maximum que les personnes de 65 ans et plus peuvent recevoir est de 1 364, 60 $. Dans la réalité, les gens perçoivent en moyenne par mois 815 $.

Et les conséquences de cette pauvreté sont multiples. Solange Haché partage quelques préoccupations des membres de la FAAFC. « La pauvreté est synonyme d’isolement. Toutes les parties de la vie des aînés sont affectées par cette pauvreté : santé, vie sociale, alimentation ou même encore le logement. »

La question du logement

Solange Haché prête une attention particulière sur cette question. « Avec la croissance de la population vieillissante, il va y avoir, dans un avenir proche, d’énormes besoins en matière de logements accessibles. La crise du logement a un impact sur le bien-être des aînés. Vivre dans un logement inadéquat peut avoir des conséquences importantes sur la santé des aînés. J’entends par inadéquat en matière de sécurité, d’accessibilité. Mais lorsqu’on est en situation de pauvreté, il n’y a pas d’autres solutions. »

Une majorité des logements pour aînés a vu le jour dans les années 1960, désormais, les infrastructures ne répondent plus aux besoins actuels. Avec la lentille francophone, Solange Haché précise que « la Fédération a le logement comme priorité pour les aînés francophones. Nous avons mené un sondage, sur 500 sondés, 1/3 sont stressés de ne pas avoir de logement abordable. 50 % prévoyaient de déménager dans les dix prochaines années et 80 % ont dit qu’ils aimeraient déménager dans un logement communautaire dans leur village où ils pourraient vivre selon leur langue et leur culture.

« Quand on vieillit, on a tendance à revenir à nos racines, à notre langue maternelle. Il y a plusieurs études qui traitent de la question. C’est pour ces raisons que nous demandons, au gouvernement fédéral, une association nationale francophone de logement pour appliquer cette lentille francophone dans nos communautés de langue officielle en situation minoritaire. »

Clauses linguistiques

Un autre cheval de bataille de la FAAFC, ce sont les clauses linguistiques dans les ententes entre le Fédéral et les gouvernements provinciaux/territoriaux. « Dans les transferts en santé ou en développement social, il n’existe aucune clause linguistique pour faire en sorte que les francophones en situation minoritaire reçoivent des services en français. Tout dépend donc de la bonne volonté des gouvernements provinciaux et territoriaux.

« Beaucoup de nos aînés veulent demeurer le plus longtemps possible chez eux. Les soins à domicile devraient donc recevoir davantage de financement pour soutenir les aînés. Pendant la COVID-19, l’emphase sur les aînés avait été très important. Aujourd’hui, il semble que le travail stagne sur la question. Les structures n’ont pas changé. »

(1) Le taux de pauvreté et la situation de faible revenu des personnes âgées au Canada : une analyse intersectionnelle