Il revient avec La Liberté sur sa vision pour l’organisme porte-parole de la francophonie et ce qu’il souhaite accomplir.

Ça fait plus de cinq ans que vous vous investissez auprès de la SFM et de la communauté francophone plus largement, qu’est-ce qui vous a motivé à vous présenter à ce poste de présidence?

Au départ, je me suis présenté pour la vice-présidence avec pour but de devenir président. Je suis surtout motivé par l’envie de rendre à la communauté francophone ce qu’elle m’a donné et aussi d’apporter une nouvelle énergie, une perspective différente à la SFM. Au moins pour cette année.

Oui, car votre mandat actuel prendra fin au bout d’un an, est-ce que vous prévoyez déjà de vous représenter à l’avenir?

Ça va dépendre, je crois vraiment qu’une présidence et les membres d’un CA sont là dans le but d’appuyer un organisme et pas l’opposé. Je suis là pour donner à l’organisme et donc on est en plein processus de refonte de la gouvernance et certaines choses vont changer, alors c’est possible qu’à la fin de tout ça la SFM n’ait plus besoin de moi ou au contraire. C’est certain que ça m’intéresse de poursuivre dans ce rôle-là, mais l’intérêt de l’organisme est plus important.

À propos de cette refonte du CA, quels sont les défis qui accompagnent ce processus-là?

Les changements il y a cinq-six ans étaient valables d’avoir, entre autres, plus de monde sur le CA. Alors on ne veut pas oublier ce raisonnement-là, mais on veut quand même prendre le recul de dire que certaines choses ne fonctionnent pas. Il faut qu’on trouve la manière de respecter les raisons qui ont amené ces changements avec la réalité qui est que ça ne fonctionne pas.

Mais il ne s’agit pas de revenir à ce qu’était la SFM avant. Il y a beaucoup de perspectives à faire collaborer pour essayer de trouver une autre formule. Il faut définir combien de personnes on veut et assurer aussi une diversité dans les profils et les compétences.

L’un des sujets importants dont on a parlé en fin d’année, c’est la question des financements autour de l’entente Canada-Manitoba relative aux services en français. Est-ce que des objectifs ont été définis par rapport à cette question-là?

Il y a des discussions cours avec le gouvernement provincial. La bonne nouvelle c’est que les CRÉEs ont pu retrouver du financement, tout comme Santé en français. On sait que d’autres organismes sont affectés et on travaille activement sur des solutions. Il y a une réelle volonté de la part de la province de créer une province véritablement bilingue. Le défi c’est qu’on ne va pas y arriver en gardant les systèmes actuels en place, il faut créer du changement, on peut ne pas toujours être d’accord avec la façon dont ces changements s’opèrent, mais je crois que l’intention est bonne.

Il y a une volonté de bâtir une province avec plus de services bilingues dans tous les services du gouvernement, de renforcer les communautés et les organismes avec plus de financement. Mais ça prend beaucoup d’étapes et d’actions. Si l’on ne traversait jamais de moments difficiles, est-ce que l’on oserait vraiment provoquer le changement?

La collaboration avec les gouvernements est importante, est-ce que la SFM se prépare à l’élection éventuelle de Pierre Poilièvre? Est-ce qu’il y a des inquiétudes qui accompagnent cette perspective?

Il faut se rappeler qu’il n’y pas si longtemps, la SFM et la francophonie canadienne travaillaient avec le gouvernement conservateur sous Stephen Harper. On ne s’aventure pas dans l’inconnu. À la SFM nous sommes chanceux de faire partie d’un réseau national, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) qui développe toute une stratégie politique en vue des élections. La préparation se fait, il yaura toute une campagne pour valoriser l’importance de la francophonie. En même temps on ne peut pas deviner qui sera élu et quelles seront leurs priorités. On ne veut présumer de rien.

Les conservateurs ne se sont pas opposés à la mise en place d’une modernisation de la Loi sur les langues officielles, ce n’est pas comme s’il y avait une opposition. Mais nous sommes chanceux d’avoir la FCFA pour assurer que les voix de la francophonie soit unie.

Pour parler un de vous, comment votre expérience avec le Cjp a influencé votre vision pour la SFM? Quelles stratégies envisagez-vous pour encourager les jeunes à s’impliquer davantage dans la francophonie?

Je suis certain que je n’en serais pas là aujourd’hui sans le Cjp qui a pris la décision d’inclure les jeunes de l’immersion. Je n’aurais pas pu découvrir la francophonie manitobaine de la même façon. Quand je pense à la SFM aussi qui a changé de nom pour être plus inclusive. Mon parcours au Cjp m’a permis de voir la complexité d’inclure d’autres personnes. Ça m’a aussi permis de me questionner sur ce que c’est que d’être franco-manitobain. J’apporte ça avec moi à la présidence de la SFM. De s’interroger sur comment rapprocher les frontières de la communauté vers les jeunes. Je pense que c’est à la SFM aussi de faire passer des messages importants qui nous obligent à repenser notre façon de voir les choses pour inclure des gens qui, historiquement, ne faisaient pas partie de la communauté franco-manitobaine. Il faut aussi poser la question aux jeunes de savoir pourquoi ils ne s’investissent pas davantage, je pense que l’on peut découvrir beaucoup de belles choses qui provoqueront des changements.

Je pense que les gens qui ne sont pas là ne le sont pas parce qu’ils ne le souhaitent pas. Ils ne le sont pas parce que les structures en place à la SFM ne les accueillent pas et ne vont pas les chercher. Ce n’est pas facile de changer ces choses-là, mais en posant la question on va progresser. Je pense que la perspective est en train de changer à la SFM avec Jean-Michel Beaudry directeur général de la SFM et Roxane Dupuis, directrice générale adjointe.

En tant que personne issue de l’immersion, quelles initiatives concrètes envisagez-vous pour mieux intégrer les francophones issus de l’immersion au sein de la communauté?

Je pourrais en parler des heures, mais je pense qu’il y a quelque chose à faire au niveau de la visibilité de la SFM au sein de la majorité anglophone au Manitoba. Je pense qu’après la douzième année, la majorité des gens n’ont plus l’occasion d’utiliser le français. La SFM peut peut-être jouer un plus grand rôle avec la majorité. Il y a des choses qui se passent dans la francophonie qui sont pertinentes pour tout le monde. L’éducation, avoir l’accès à plus d’enseignants, plus de ressources, c’est pertinent pour tout le monde. Mais on parle rarement de ces problématiques-là avec CTV ou Global News en anglais. Mais c’est peut-être une façon de toucher les gens qui ont fait l’immersion, ou qui ont suivi des cours en français. Ça peut faire le lien pour ensuite les informer qu’ils peuvent assister à un match de la LIM, qu’ils peuvent assister aux AGA. Il faut se poser la question de savoir comment on peut intéresser ces gens-là à se tenir au courant de ce qu’il se passe.

Il y a des exemples de cela déjà. La Liberté qui publie en français dans le Winnipeg Free Press, le Festival du Voyageur qui offre aussi des programmations en anglais. Comment est-ce qu’on célèbre la francophonie, peu importe la langue? On entend souvent que la francophonie c’est plus qu’une langue.

Quel legs aimeriez-vous laisser à la SFM?

J’aimerais partir et pouvoir dire, et que d’autres le disent également, que la SFM est plus forte aujourd’hui que quand Derrek a commencé.