Dotée d’un budget de 2 millions $, cette enquête publique devra examiner les circonstances entourant la rénovation du quartier général de Service de police de Winnipeg et « restaurer la confiance de la population », selon le ministre de la Justice, Matt Wiebe. 

« Les Manitobains méritent d’avoir l’assurance que leur argent durement gagné est investi de manière appropriée et transparente dans de grands projets publics. Cette enquête ira au cœur du problème et déterminera les mesures à prendre pour que la ville de Winnipeg puisse construire de futurs projets de manière rentable, efficace et éthique », a ajouté le ministre. 

Pour rappel, en 2009, la Ville de Winnipeg a acheté l’ancien bâtiment de Postes Canada, situé à l’angle de la rue Smith et de l’avenue Graham, pour remplacer le quartier général de la police de Winnipeg, alors situé sur la rue Princess. Ce projet visait à regrouper les fonctions principales de la police, auparavant dispersées dans plusieurs bâtiments, afin d’améliorer l’efficacité et la sécurité publique.

Le bâtiment de Postes Canada nécessitait d’importantes rénovations. L’estimation initiale du projet de rénovation était de 135 millions $. Le coût final du projet s’est élevé à 214 millions $.

Deux audits externes concernant le projet ont été réalisés à la demande de la ville de Winnipeg.

Deux procédures civiles ont été engagées dans le cadre du projet, l’une concernant des défauts de construction (2018) et l’autre relative à une fraude civile (2020).

« Il reste à voir à quel point les recommandations de l’enquête seront utiles par rapport aux moyens d’éviter une répétition du QG de police, car beaucoup de choses on déjà changé depuis », confie Michel Durand-Wood, observateur de la vie municipale et auteur du blogue DearWinnipeg.com.

Michel Durand-Wood fait notamment référence à la création récente du poste de directeur général de la construction, en la personne de Tom Sparrow.

« Cette enquête ira au cœur du problème et déterminera les mesures à prendre pour que la Ville de Winnipeg puisse construire de futurs projets de manière rentable, efficace et éthique », Matt Wiebe, ministre de la Justice.

Me Garth Smorang veut prendre le temps de comprendre

Me Garth Smorang, à qui l’on a confié cette enquête, est spécialisé en droit du travail et en droit de l’emploi. Il exerce présentement au sein du cabinet Myers LLP à Winnipeg. Nommé depuis quelques jours, Me Garth Smorang aura pour premières tâches de comprendre toute l’étendue de la situation. 

« Ma première tâche sera donc d’apprendre, de lire, de comprendre ce que nous savons aujourd’hui. Et l’on s’est intéressé de différentes manières à ce qui s’est passé jusqu’à présent. Les tribunaux se sont concentrés sur l’action civile, la GRC (Gendarmerie royale du Canada) sur les accusations criminelles potentielles. KPMG s’est concentré sur son audit interne et a examiné ce qui ne s’est pas passé, ce qui aurait dû se passer au sein de la Ville de Winnipeg.  

« Je pense donc que mon rôle est de prendre ces différents points de vue, de les rassembler, d’essayer de donner un sens à tout cela et de demander ensuite ce qu’il faut faire de plus », a indiqué Me Garth Smorang en conférence de presse. 

Des leçons retenues?

Si l’on est encore loin des recommandations Me Garth Smorang, est-ce que la Ville a s’est vraiment améliorée depuis? Est-ce qu’une situation ressemblante à celle du quartier général de la police pourrait recommencer? « Un audit de KPMG sur le projet d’expansion du centre de traitement des eaux usées du North End démontre que bien que les employés de la Ville suivent les bons protocoles, ils ne sont pas équipés pour gérer un projet de cette envergure, car ils manquent de ressources. Et ça ne devrait surprendre personne – ça fait des décennies qu’on fait des coupures dans le service public à chaque année budgétaire. On est rendu au point où la Ville n’a plus les ressources, humaines ou financières, pour gérer le renouvellement de ses propres infrastructures », commente Michel Durand-Wood.

Et de conclure sur le sujet de la confiance à retrouver lancée par ministre de la Justice, Matt Wiebe : « Mais, on s’entend qu’il y a une différence entre la Ville ayant cette capacité de gestion, et le public ayant confiance que la Ville ait cette capacité. Si l’enquête mène au deuxième sans toutefois avoir le premier, est-ce que l’enquête pourra être jugée un succès? C’est une bonne question… »

(1) KPMG est un cabinet d’audit. La firme avait présenté un audit du projet de construction du siège du service de police de Winnipeg en 2014.