Les soins de santé du Manitoba sont à un point de rupture, dit en résumé le rapport du Syndicat des infirmières et infirmiers du Manitoba.
Ce document intitulé en anglais Healthcare in Manitoba is in crisis (les soins de santé au Manitoba sont en crise, en français) met en lumière des problèmes systémiques profonds qui affectent à la fois les infirmières et les patients.
Parmi certains faits saillants de ce rapport, qui compile notamment des informations de l’Institut canadien d’information sur la santé, l’on apprend notamment qu’en 2023/24, quatre des plus grands hôpitaux du Manitoba (Centre des sciences de la santé de Winnipeg, l’Hôpital Grace, l’Hôpital Saint-Boniface, l’Hôpital général de Brandon) figuraient parmi les huit hôpitaux les moins performants du Canada. Et c’est le Centre des sciences de la santé (CSS), le plus grand hôpital du Manitoba, qui détenait le pire score HSMR (1) du pays.
Des temps d’attente triplé
Il est aussi démontré que les temps d’attente dans les services d’urgence et les centres de soins d’urgence de Winnipeg ont presque triplé entre 2020 et 2024. Et le pourcentage de patients quittant les établissements sans être vus par un médecin a également augmenté, passant de 5,4 % en 2020/21 à 15,3 % en 2023/24.
Enfin, à propos des infirmiers et des infirmières, les taux de postes vacants en soins infirmiers ont augmenté dans toutes les régions du Manitoba, passant de 15,9 % à l’été 2020 à 21,0 % à l’été 2024. Cette pénurie a entraîné une augmentation des heures supplémentaires pour les infirmières, passant d’environ 800 000 heures en 2020/21 à plus de 1 150 000 heures en 2023/24.
Malgré la situation délicate présentée par le Syndicat des infirmières et infirmiers du Manitoba, six recommandations sont avancées pour améliorer les conditions de travail du personnel infirmier et aussi renforcer les soins aux patients. Dans le détail, il est par exemple proposé d’accélérer le développement d’un système de planification provincial pour permettre aux infirmières d’accéder facilement aux quarts de travail disponibles dans tous les établissements.
Wab Kinew appelle à « garder une attitude positive »
Les questions du financement et de la transparence des informations sont aussi en haut des listes de priorités. « Le sous-financement et la sous-évaluation d’initiatives essentielles, de programmes de sécurité et de rôles infirmiers ne nuisent pas seulement aux infirmières, mais mettent également en danger la sécurité des patients et l’ensemble du système de soins de santé », peut-on notamment lire dans le document.
En marge de son déplacement à Washington, Wab Kinew, premier ministre du Manitoba, a été interrogé par les médias sur les conclusions de ce rapport. « Tout le monde sait qu’en matière de soins de santé, il faudra des années pour régler le problème. Nous devons donc garder une attitude positive et j’encourage nos partenaires des organisations syndicales à faire de même. Nous devons faire preuve de persévérance et de résilience, et nous devons nous assurer que nous continuons sur notre lancée, car nous embauchons, nous payons bien les gens, nous offrons un équilibre entre vie professionnelle et vie privée et nous dotons en personnel les secteurs du système de soins de santé qui en ont besoin », a commenté le premier ministre en rappelant que la Province a annoncé avoir embauché 1255 nouveaux travailleurs de la santé du 1er avril au 31 décembre 2024.
(1) Le Hospital Standardized Mortality Ratio (HSMR) est un rapport entre le nombre de décès observés et le nombre de décès attendus des patients dans les hôpitaux de soins aigus, multiplié par 100.
