« Accroche-toi Petit Mollusque. »
Des mots d’encouragement d’un père de famille adressés à son enfant à naître.
Le court métrage d’animation Petit Mollusque de Catherine Dulude a été sélectionné pour le premier prix de l’initiative Short Films Matter de la plateforme Vimeo mais il fait partie également de la sélection officielle du Toronto Short Film Festival qui se déroulera en mars.
Pendant trois minutes, le court métrage se dessine autour du monologue à cœur ouvert du père de la petite Charlotte, mais aussi de deux autres enfants,
Petite Palourde et Petit Escargot, qui sont eux, « restés figés dans le temps ».
Au-delà d’une déclaration d’amour à la parentalité, Petit Mollusque parle également de deuil périnatal.
Ce court métrage, doux et amer, est adapté d’une nouvelle publiée par Catherine Dulude dans le magazine littéraire fransaskois À ciel ouvert en 2022. « J’ai reçu tellement de beaux commentaires du jury, je me suis dit que ça valait peut-être la peine d’aller plus loin. »
La réalisatrice décide alors de l’adapter sous forme de scénario.
« C’est une histoire qui me touche directement, ce sont des gens dans mon entourage très proche avec qui j’ai vécu le deuil périnatal. Ça m’a beaucoup touchée parce que je trouve que l’on n’en parle pas assez. On envisage la famille d’une seule manière. »
Ce que la réalisatrice met en lumière dans son film, c’est que la famille « pour ces gens qui ont vécu un deuil périnatal », elle s’envisage avec ses êtres partis avant de vivre.
Ainsi, dans Petit Mollusque, on nous raconte l’histoire d’une famille qui compte trois, bientôt quatre enfants. Et quand bien même deux d’entre eux n’ont pas eu la chance de naître, le père de famille raconte les souvenirs qu’il invente, de vacances à la mer, de premiers jours de maternelle.
« Je pense que c’est important d’aborder la question. Parce que l’on s’attend à ce que les parents retournent travailler et reprennent une vie normale. Alors qu’il n’y a pas eu d’espoirs ni de rêves pour ces enfants-là et leur famille, c’est important de reconnaître la difficulté que cela peut être de renoncer à ces rêves-là. »
Quoique triste, le récit se teinte tout de même de bonheur et d’espoir.
« On pourrait avoir une réponse claire et nette, mais dans ce cas-ci, on est dans une zone grise. Les parents ont une enfant qui leur apporte tant de joie, mais ils portent tout de même une tristesse en eux. On est moins prompt à vouloir vivre tout l’éventail des émotions que l’on peut ressentir. C’en est un bel exemple, il est possible de vivre énormément de joie et de tristesse à la fois. »
Il s’agit d’un exercice nouveau pour Catherine Dulude.
Bien qu’il s’agisse de son second court métrage, c’est le premier film d’animation que la scénariste réalise. Pour celle qui travaille d’ordinaire pour la télévision, ça a été « une expérience incroyable ».
C’est une petite équipe de six personnes qui s’est attelée à la création de ce film. Deux animatrices, une compositrice, une ingénieure de son et l’acteur de doublage.
« J’ai dû rencontrer les élèves animatrices en leur amenant des scénarimages (storyboard) alors j’ai dû dessiner, même si c’était très horrible (rires) parce que c’est moi qui ai créé l’histoire et elles ont apporté énormément au projet, mais j’avais ma vision avec mes dessins horripilants. »
Si entre film tout court et film d’animation les différences sautent aux yeux, finalement pour donner vie à son récit, la réalisatrice indique que le processus de création reste finalement assez similaire.
« Ce qui est intéressant en animation, comme on le ferait avec une caméra, c’est que l’on pense aussi aux plans. Les conversations que j’ai eues avec les animatrices concernaient aussi les changements d’angles, je pense par exemple à une scène en particulier où je tenais à avoir un plan de côté où l’on voyait trois balançoires avec la seule petite fille qui s’y balance. Ça c’est un choix délibéré, c’est comme si je demandais que l’on pose la caméra à un certain endroit. »
Pour l’heure, et afin de rester éligible auprès des différents festivals auxquels Petit Mollusque a été envoyé, le court métrage n’est pas encore disponible au visionnage. Mais, espérons-le, ça ne saurait tarder.