Par Michel LAGACÉ.
Au Canada, il en est résulté, d’une part, l’anxiété et l’appréhension, et d’autre part, un sentiment de défi et de colère.
Car la guerre commerciale que Donald Trump se propose de livrer contre le Canada en imposant des droits de douane allant jusqu’à 25 % menace la sécurité économique de tout le pays. D’un seul coup, il renonce au traité de libre-échange qu’il a lui-même négocié avec le Canada et le Mexique durant son premier mandat à la présidence. Lui qui ne s’embarrasse pas de faits et d’arguments rationnels, mais qui cultive les fantasmes, les mensonges et la manipulation, propose des mesures qui pourraient entraîner d’importantes pertes d’emploi.
L’attitude méprisante du président américain et le souhait qu’il a maintes fois répété que le Canada fasse partie des États-Unis a renforcé un certain sentiment d’unité et de patriotisme chez un grand nombre de Canadiens. Signe des temps, au Québec, un récent sondage Léger a révélé que l’appui à l’indépendance avait chuté à 29 %, le niveau de soutien le plus bas jamais mesuré par la firme de sondage qui lie ce résultat au contexte actuel de patriotisme accru au Canada.
Les menaces américaines surviennent à un moment incertain au Canada alors que le pays attend l’élection d’un nouveau Premier ministre et une élection fédérale qui suivra sous peu. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump a complètement changé la prévisibilité des résultats attendus de cette élection fédérale. Car, du jour au lendemain, une question fondamentale s’est imposée : qui des chefs de parti est le plus en mesure d’affronter la menace américaine et de gérer les relations canado-américaines?
Mark Carney, le successeur probable de Justin Trudeau, met en avant ses qualités de négociateur avec le Président américain, puisqu’il était à la tête de la Banque d’Angleterre durant le Brexit et de la Banque du Canada lors de la crise financière de 2008. Malgré toute son expérience, il devra maintenant démontrer qu’il peut s’adapter à la vie politique.
Par contre, Pierre Poilievre a fait de la politique dès un jeune âge et il siège au Parlement depuis l’âge de 25 ans. La campagne qu’il a menée autour du slogan ‘axe the tax’ n’est plus pertinente parce que les candidats principaux à la chefferie du parti Libéral ont renoncé à une taxe individuelle sur le carbone. Il n’a d’évidence d’autre choix que de proposer des mesures substantielles pour convaincre l’électorat qu’il a des idées qui dépassent les simples slogans.
Durant cette période d’incertitude, les Canadiennes et les Canadiens doivent réfléchir sérieusement aux valeurs qui les unissent et confirmer qu’ils tiennent bel et bien à la souveraineté de leur pays.