Musicien, compositeur, et amoureux de musique depuis qu’il est tout jeune, Nathanaël Wsiaki est professeur à la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) au Centre scolaire Léo-Rémillard où il enseigne sa passion en français.

Il travaille également sur des projets de jeux vidéo indépendants pour lesquels il compose, là aussi, de la musique.

« Il y a une communauté de personnes à Winnipeg qui font des jeux vidéo ensemble et j’ai eu l’occasion de faire quelques jeux, de différentes sortes. »

Mais l’heure n’est pas à la reconversion pour le moment, comme le souligne Nathanaël Wsiaki, l’univers de la musique de jeux vidéo ou de films est très compétitif et la porte est difficile à ouvrir. Alors il prend l’exercice « comme un passe-temps ».

Les projets pour lesquels il travaille, bien loin des grandes productions de jeux qui se chiffrent généralement à plusieurs centaines de millions de $, offrent au musicien un petit terrain de jeu.

« Les jeux indépendants, on sent qu’ils sont faits avec amour et que les gens sont vraiment investis dans leur création. Les jeux sur lesquels je travaille sont parfois un peu étranges (rires) mais c’est vraiment amusant. C’est une façon de composer qui est vraiment différente. »

Dans la conception d’un jeu vidéo, la musique intervient généralement tard dans le processus. En tant que compositeur, Nathanaël Wsiaki se voit remettre des visuels, des images de gameplay, à savoir des extraits vidéos de passages du jeu. Il s’agit alors de composer en collaboration et en fonction de l’atmosphère des différents niveaux du jeu, de la situation dans laquelle se trouve le joueur, de sa mission, etc.

« On essaie de se mettre d’accord sur l’ambiance et l’intention avec le directeur du projet. Est-ce que l’on veut que la personne qui joue se sente héroïque, est-ce qu’elle est dans une zone mystérieuse ou au contraire une zone sécuritaire. Est-ce qu’on veut qu’elle se sente stressée ou bien découragée? »

En ce sens on retrouve quelques similarités avec la composition de musique de film ou de théâtre dans le sens ou « la musique est au service de l’expérience et du visuel ».

« Il ne faut pas qu’elle prenne trop de place. Mais il faut qu’elle soit claire sur l’émotion que l’on est censé ressentir. Elle doit être discrètement géniale. »

Et pour créer ces pistes audios, le musicien n’a besoin que d’une chose : une station audio numérique. À l’aide d’un clavier il peut donc contrôler les notes, les volumes et les effets, de plus, la machine lui offre un accès quasi illimité à toutes sortes de sons et d’instruments, une sorte d’orchestre portatif.

« Tout est digital alors je peux l’amener avec moi sur un ordinateur portable et composer n’importe où, c’est incroyable ce que l’on peut faire. »

Ce genre de technologie est particulièrement intéressante, justement dans le cadre de la création de jeux vidéo indépendants, dont le budget est souvent réduit. Il convient de noter que, malgré l’image de sous média qui lui a longtemps collé à la peau, l’industrie du jeu vidéo a énormément changé au cours des 20 dernières années. En particulier avec l’apparition du CD-ROM dans les années 1990 qui a permis l’utilisation de bandes sonores numériques.

Aujourd’hui, les grands studios de production font appel à des orchestres tout entiers, voire des compositeurs célèbres. La musique dans l’industrie du jeu vidéo occupe désormais une place au moins aussi importante que dans le cinéma. D’ailleurs, les sommes consacrées à la musique sont similaires et s’élèvent parfois à des centaines de milliers de $, voire des millions.