Par Elodie SOINARD et Marion THIBAUT.

Cela au moment où les menaces américaines visant son voisin du nord créent un climat tendu.

Les ministres des Affaires étrangères – Allemagne, Grande-Bretagne, Canada, France, Italie, Japon et États-Unis – se réunissent à Charlevoix, au Québec, de mercredi à vendredi pour leur première rencontre depuis que le président américain Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier.

Pour Marco Rubio, le secrétaire d’Etat américain, le G7 doit se concentrer sur l’Ukraine, qui est “le but de cette réunion”.

Avant son arrivée au Canada en milieu d’après-midi, il a expliqué espérer que le club des grands pays industrialisés reconnaissent que “les États-Unis ont fait une bonne chose pour le monde”, après les récentes discussions en Arabie Saoudite.

L’Ukraine a donné son accord mardi à la proposition américaine d’un cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie, après plus de huit heures de discussions à Jeddah.

“Maintenant, nous attendons tous avec impatience la réponse de la Russie”, a déclaré Marco Rubio.

La Russie, qui a l’avantage sur le front depuis plus d’un an, a affirmé de son côté qu’elle attendait d’être officiellement informée de cette proposition de trêve par les Etats-Unis, les deux pays ayant aussi entamé la relance de leurs relations.

Jusque-là tenus à l’écart des négociations, les pays européens ont salué les avancées. Mais ils ont de nouveau appelé à la mise en place de garanties de sécurité destinées à dissuader la Russie de déclencher un nouvel assaut.

“Un cessez-le-feu doit s’inscrire dans un processus de paix qui aboutisse à un accord durable. La souveraineté de l’Ukraine doit être préservée”, a insisté le chancelier allemand Olaf Scholz mercredi.

De son côté, le ministre italien Antonio Tajani appuiera lors du G7 l’importance de “maintenir l’unité transatlantique pour parvenir à une paix juste et durable, qui garantisse l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine et en même temps la sécurité du continent européen”.

– “Personne n’est à l’abri” –

Les discussions pourraient toutefois être parasitées par les tensions commerciales, notamment entre le Canada et les Etats-Unis.

Marco Rubio est le premier haut responsable de l’administration Trump à fouler le sol canadien alors que le président américain s’est attaqué au pays, assurant qu’il devrait devenir le “51e État” américain et lui imposant des droits de douane.

A son arrivée à Québec, un petit tapis rouge a été installé sur le tarmac de l’aéroport avant son départ pour Charlevoix, au bord du fleuve St-Laurent.

Les nombreuses annonces et les revirements de Donald Trump sur les droits de douane ont semé un vent de panique ces derniers jours sur les marchés.

Marco Rubio a reconnu qu’il ne pourrait pas éviter le sujet des tensions commerciales lors de sa rencontre avec la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, jeudi matin.

Mais “notre obligation est d’essayer d’éviter que les choses sur lesquelles nous travaillons ensemble soient affectées négativement par les choses sur lesquelles nous sommes en désaccord en ce moment”, a déclaré M. Rubio à la presse.

“Ce n’est pas une réunion sur la façon dont nous allons prendre le contrôle du Canada”, a-t-il ajouté.

Cette question ne sera pas abordée car la souveraineté du Canada n’est “pas négociable”, a répliqué Mélanie Joly.

Cette dernière, qui a durci le ton ces derniers jours face aux attaques de Donald Trump, compte aussi avertir les dirigeants européens de ne pas ignorer les menaces américaines estimant que le Canada pourrait n’être que le premier de la liste.

Le futur Premier ministre canadien Mark Carney, qui doit prendre la place de Justin Trudeau dans les jours qui viennent, a prévenu que les Américains représentaient un “péril existentiel” pour le Canada.

Pour Mélanie Joly : “Si les États-Unis peuvent faire cela à nous, leur plus proche ami et allié, alors personne n’est à l’abri”.

es-tib/vla