Avec des informations de André BOISJOLI et Jonathan SEMAH.

Il devient aussi par le fait même premier ministre du Canada. Plusieurs défis l’attendent.

Après avoir remercié sa famille pour son soutien, les premiers mots de Mark Carney, dans son discours de victoire, ont été adressés à Justin Trudeau. « Sans votre exemple, je n’aurais pas de but. Monsieur le premier ministre, je parle au nom de toute la salle : on vous remercie pour votre travail acharné, votre leadership et pour votre service à notre grand pays », lui a-t-il lancé dans une salle acquise à sa cause.

C’est en effet en partie avec Justin Trudeau que Mark Carney, 59 ans, a appris le métier. Sans jamais avoir un rôle à l’intérieur du Cabinet des ministres, le nouveau chef du Parti libéral a été un proche conseiller de Justin Trudeau, notamment pendant la pandémie de la COVID-19 et sur la réponse économique à apporter à cette crise.

Désormais au pouvoir, c’est maintenant Mark Carney qui va devoir naviguer à travers ces crises. Félix Mathieu, professeur agrégé en sciences politiques à l’Université de Winnipeg, commente la victoire de l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre. « L’élément crucial à retenir, c’est que cette victoire est on ne peut plus claire. Il bénéficie de la pleine légitimité pour pouvoir se lancer en campagne électorale et pour pouvoir remodeler le Parti à sa manière. »

Le jour des résultats ce dimanche, une soirée électorale se tenait au centre Roger, à Ottawa.

Plusieurs personnalités politiques manitobaines ont fait le déplacement pour l’occasion. C’était le cas de Terry Duguid, ministre responsable de Développement économique Canada pour les Prairies et député de Winnipeg-Sud. Avant l’annonce de la victoire de l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, il indiquait que les libéraux s’uniraient, contre Pierre Poilievre, derrière le nouveau chef du Parti.

Alors qu’il avait affiché son soutien pour la candidate Chrystia Freeland pendant la campagne, Dan Vandal, député de Saint-Boniface-Saint-Vital confirme que le parti sera uni derrière son nouveau chef.

Selon lui, il serait important de déclencher des élections générales rapidement. « Je pense que c’est important que l’on garde l’élan qu’on a bâti lors de la course à la chefferie. Une élection tout de suite serait une bonne idée. »

Des propos que corrobore Félix Mathieu.

« C’est la seule bonne carte à jouer pour les libéraux. La lune de miel qui entoure son couronnement à la tête du Parti c’est quelque chose d’assez éphémère. Si l’on veut capitaliser là-dessus et s’assurer d’en récolter les fruits lors d’une élection générale, on doit y aller le plus rapidement possible. »

A priori, selon le professeur, Mark Carney devrait aller de l’avant pour fonder son propre cabinet. (1)

« On parle d’un cabinet dont la taille devrait être la moitié du cabinet actuel. On risque de vouloir faire ça pour mettre l’accent sur des figures ministérielles envers lesquelles la population a un sentiment positif. »

Pour Félix Mathieu, Chrystia Freeland se doit d’avoir sa place dans ce cabinet. « Il doit aller la chercher autant qu’il le peut. Même si elle n’a récolté que 8 % des voix, elle a une aura importante, elle est bien connue du grand public, elle est connue comme celle qui a tenu tête à Donald Trump. »

Un tel choix porterait aussi un message d’unité au sein du Parti. Quant à savoir si Chrystia Freeland serait tenté par un poste ministériel, rien n’est sûr.

Le soutien du caucus libéral envers Chrystia Freeland, reposait notamment sur l’argument selon lequel la candidate était « pour le Manitoba ». Peut-on en dire autant de Mark Carney?

« Je crois que Mark Carney est en mesure de trouver la confiance au Manitoba. Oui, c’est quelqu’un qui est associé à l’élite cosmopolite, mais c’est quelqu’un qui est né dans le Nord, qui a grandi à Edmonton et qui a les Prairies dans sa personnalité. »

Pour le nouveau chef libéral, qui n’a jamais occupé aucune fonction élective, il faudra désormais apprendre à naviguer une période pour le moins troublée.

« Il connaît la vie politique parce qu’il y a été associé autour de la gestion des banques centrales, mais il n’a jamais fait de politique de manière active. Il aura à faire ses preuves, mais il est bien conseillé, il est entouré par la machine libérale qui est une machine puissante. Selon moi, il est bien outillé pour bien réussir. L’un des points sur lesquels il va devoir s’améliorer, c’est lorsqu’il se présente aux électeurs en français. »

(1) L’assermentation de Mark Carney et l’annonce de son Cabinet auront lieu ce vendredi 14 mars.