Par Michel LAGACÉ.

Le moment symbolique de cette remise en cause s’est produit lorsque, devant les caméras, le Président Donald Trump et le Vice-président J.D. Vance ont monté un coup de théâtre en tentant d’intimider le Président ukrainien pour qu’il accepte un cessez-le-feu et cède des droits sur des minéraux critiques aux États-Unis, sans garantie de sécurité.

Volodymyr Zelensky a insisté sur le fait que c’est la Russie qui a envahi l’Ukraine et qu’elle continue de bombarder et de tuer quotidiennement. Refusant d’abandonner la liberté de son peuple à l’ex-agent du KGB, Vladimir Poutine, celui qui, aux yeux de la Cour pénale internationale, est un criminel de guerre, il a réitéré qu’il n’accepterait pas un cessez-le-feu sans garanties de sécurité pour empêcher que la Russie ne reprenne la guerre de plus belle. En matière de cessez-le-feu, la parole du Président russe n’est pas crédible puisqu’il a déjà rompu un tel accord dans le passé.

Il importe de rappeler que, il y a 30 ans, les États-Unis ont assumé des obligations en matière de sécurité de l’Ukraine en raison de la signature du mémorandum de Budapest. C’est alors que, en échange de l’abandon par l’Ukraine des armes nucléaires héritées après la chute du bloc soviétique, Washington, Londres et même Moscou se sont engagés à défendre la souveraineté des frontières de l’Ukraine, sans condition. En 2014, la Russie a violé cet accord en occupant la Crimée de force. En 2022, elle a carrément déclenché une guerre ouverte.

Le renversement d’alliances de Donald Trump met en cause la protection du parapluie militaire américain qui avait été ouvert au début de la guerre froide. C’est alors que l’objectif premier du Traité de l’Atlantique Nord – traité fondateur de l’OTAN – était de mettre en place une entente d’assistance mutuelle visant à contrecarrer les ambitions de l’Union soviétique de contrôler l’Europe orientale.

Aujourd’hui, Donald Trump mine la crédibilité de l’OTAN et semble déterminé à créer le plus de chaos possible parmi les anciens alliés de son pays. Déjà, il n’a pas hésité à renoncer à l’accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique qu’il a lui-même signé en 2018.

Les Canadiennes et les Canadiens vont maintenant devoir prendre acte du renversement de l’ordre international, sortir des vieilles logiques et prendre position. L’Europe le fait déjà en se préparant à prendre sa défense en main. Le Canada doit en faire autant pour assurer sa propre crédibilité et pour se positionner dans un nouvel ordre mondial. Avis à la succession de Justin Trudeau!