Oyez! Oyez! Des slameurs et des slameuses en herbe sont attendus lors d’une soirée où l’art de la déclamation en français sera mis à l’honneur à la Maison des artistes visuels des 18 h 30 le jeudi 27 mars.
Olena Persianova, immigrée à Winnipeg depuis un peu moins d’un an et d’origine ukrainienne, a répondu présente à l’appel.
Son amour de la déclamation et de l’écriture, elle l’a développé en participant aux ateliers communautaires du slam qu’elle suit à la Maison Gabrielle-Roy depuis septembre 2024.
Ce qui l’a motivée à se lancer dans cette activité, c’est son envie de retrouver un bon niveau de français. En effet, arrivée à Winnipeg l’année dernière, cette ingénieure en informatique a commencé à apprendre le français en 2010. Ayant toujours aimé la langue française, elle a notamment réalisé son master universitaire en ingénierie informatique à Lyon (France).
« C’était d’abord pour le côté pratique. J’ai eu besoin de me remettre à niveau parce que je n’avais pas pratiqué mon français pendant presque une décennie. Je voulais faire une activité intéressante tout en apprenant la langue française. »
Et c’est en participant à une visite théâtralisée organisée par la Maison Gabrielle-Roy que Sébastien Gaillard, directeur général de l’établissement, lui a parlé des ateliers de slam. Intéressée, la jeune femme s’est donc logiquement inscrite.
Ce qui plaît à la jeune femme dans cet art est avant tout son accessibilité. « Tout le monde peut le faire. Je suis développeuse de logiciels. C’est très loin d’être quelque chose de poétique mais cela ne m’empêche pas d’écrire des poèmes. C’est vraiment inspirant d’écrire du slam et de le partager avec la communauté. »
Ici, le festival représente une belle opportunité pour les participants aux ateliers communautaires de slam de créer du lien avec le public franco-manitobain. Un moment de partage qu’Olena Persianova a hâte de vivre. « Je sais que ce sera une belle soirée », affirme-t-elle joyeuse à l’approche de l’évènement.
Pour ce qui est des modalités de participation, les slameurs et slameuses se relaieront tour à tour avec un passage de maximum trois minutes par texte.
Son slam, Olena Persianova y travaille depuis quelque temps déjà. Elle a bien voulu nous faire part de la thématique abordée. « J’ai eu l’idée de consacrer ce slam à ma fatigue et d’explorer cet état d’esprit, confie-t-elle. J’ai vécu des évènements bouleversants ces dernières années. D’abord parce que j’ai dû quitter mon pays à cause de la guerre. Nous sommes arrivés en Colombie-Britannique avant de déménager au Manitoba. J’ai décroché un nouveau boulot qui me plaît beaucoup mais qui est aussi très exigeant. Sur le plan personnel je m’occupe de beaucoup d’autres choses comme, par exemple, de réapprendre le français. Tous ces éléments font que je suis vraiment fatiguée. »
Paradoxalement, Olena Persianova s’inspire de cette fatigue pour écrire. Un passage de son slam parle d’ailleurs de « fatigue énergisante ».
« Ce qui compte c’est la performance »
L’écriture étant terminée, Olena Persianova travaille désormais sur ce qui fait la magie du slam : l’interprétation. « J’ai déjà quelques versions mais je vais sûrement faire plusieurs répétitions avec d’autres poètes. Ce qui fait l’art du slam ce n’est pas le fait de réciter. Ce qui compte c’est la performance. »
Pour cette première expérience au festival du slam, la jeune ukrainienne va la partager avec son mari, Serhii Persianov. « Nous sommes tous les deux stressés, nous n’avons jamais fait une chose pareille. C’est excitant! », s’amuse Olena Persianova.
Ce qui est certain, c’est que la jeune femme va continuer à pratiquer cet art qui agit pour elle comme une thérapie. « Le slam m’aide vraiment à surmonter certains défis de ma vie. Je me sens bien après en avoir lu ou écrit. »
Ce premier festival du Slam est un projet à l’initiative de la Maison Gabrielle-Roy en collaboration avec l’association des Auteur.e.s du Manitoba français. Le directeur général de l’établissement, Sébastien Gaillard, se dit heureux de voir ce projet aboutir. L’objectif étant de « faire vivre le slam ».
« Nous avons réalisé que les ateliers communautaires fonctionnaient très bien. Alors on s’est dit que nous allions faire un festival du slam », raconte-t-il. Avec déjà dix inscrits au moment de l’entrevue, Sébastien Gaillard vise, dans le meilleur des cas, un total de 15 participants. Et pourquoi pas, si le public répond présent, une nouvelle édition à la clé.
Le premier festival de slam du Manitoba se tiendra à la Maison des artistes visuels le jeudi 27 mars dès 18 h 30.