Par Raymond CLÉMENT.
Première question : Serions-nous intéressés à payer 9 $/mois en plus pour améliorer la fiabilité du réseau?
Deuxième question : Serions-nous disposés à ajuster une partie de notre consommation en utilisant nos appareils ménagers en soirée ou durant la fin de semaine afin de réduire notre facture mensuelle?
Ces deux questions m’ont laissé bouche-bée. Tout simplement parce qu’elles devraient faire partie du fonctionnement normal de la Société de la Couronne. Notre approbation ne devrait pas être nécessaire.
À travers mes chroniques, au fil des années, j’ai souvent remis en question la planification et la gestion de Hydro Manitoba. Me voilà plus que jamais tenu de continuer à le faire.
Pour rappel : Hydro Manitoba est maintenant aux prises avec une énorme dette, un réseau vieillissant. Elle est aussi sujette aux sècheresses intermittentes. Or l’entreprise dispose de peu de réserves pour affronter ces défis.
Notre consommation d’électricité est élevée
Jean-Thomas Bernard, de l’Université d’Ottawa, a mis en lumière que les Québécois figurent parmi les plus gros consommateurs d’électricité per capita de la planète. Ce professeur attribue cette réalité à des tarifs d’électricité très bas. Les Manitobains sont aussi de grands consommateurs d’électricité. Le Québec offre les plus bas tarifs au pays, et le Manitoba arrive au deuxième rang. Ceci explique cela.
Le problème avec la tarification actuelle
La méthode actuelle utilisée par Hydro Manitoba pour établir le tarif en cent/kWh est celle dite de la réglementation du taux de rendement. Tout d’abord, Hydro Manitoba additionne le coût du capital, plus le coût d’opération. Puis on estime les recettes totales requises pour faire face au coût total annuel. Et ensuite on calcule le tarif en cent/kwh pour que les recettes égalent les coûts.
Cette méthode prend en compte le coût total du capital ainsi que le coût total d’opération (qui inclut la main-d’œuvre, la dépréciation et les taxes). Il y a des avantages pour le producteur et le consommateur. Le producteur est assuré de percevoir les recettes nécessaires pour assurer son bon fonctionnement. Et le consommateur est protégé des fluctuations bien connues dans le milieu des énergies fossiles.
Toutefois cette méthode comporte deux sérieux désavantages. Premier désavantage : le bas prix de l’électricité n’incite pas Hydro Manitoba à opérer le réseau efficacement. Deuxième désavantage : la Société de la Couronne est poussée à accumuler plus de capital en ajoutant des barrages et des lignes de transmission.
Or les entreprises d’électricité aux États-Unis et en Europe agissent autrement. Elles sont en train d’effectuer une transition énergétique par le biais de la dérèglementation de leur réseau et l’adoption de nouvelles technologies.
Tandis que nous sommes obligés de constater que Hydro Manitoba a beaucoup de difficultés à se moderniser. Comme à maintes autres reprises, permettez-moi encore une fois de lancer ce message clair : si nous voulons garder Hydro Manitoba dans l’espace public, il va falloir injecter beaucoup de fonds publics pour soutenir l’entreprise.
Et ça peu importe le nombre de sondages apparemment bien intentionnés que l’entreprise mettra encore en ligne.