Plus tôt ce mois-ci, l’album Her (204): stories of one great city revisited, voyait le jour.
Un projet de neuf titres, lancé sous l’impulsion de la branche manitobaine de Women in music Canada, composé de reprises de chansons composées à Winnipeg.
Une initiative visant à célébrer la musique de la capitale manitobaine à travers le temps. De fait l’album regroupe une variété de chansons d’époques différentes.
Une dizaine d’artistes féminines ou issue de la diversité de genre ont signé de leur nom les morceaux qui composent cette compilation.
On y trouve d’ailleurs certaines figures connues du paysage musical francophone à l’instar de Kelly Bado, Andrina Turenne et Rayannah.
Cette dernière y interprète une chanson reprise du répertoire du groupe Chic Gamine, intitulée Juste un moment, un titre chanté à l’origine par Ariane Jean, aujourd’hui connu sous le nom de Sala.
Sa première sortie musicale sous son nom, depuis son dernier album Nos repères sorti en 2019. Depuis plusieurs années, la jeune femme travaille aux côtés d’autres artistes en tant que beatmaker, entre autres, mais aussi comme directrice artistique du festival d’art multidisciplinaire HYPERART.
« C’est le fun de sortir quelque chose de nouveau depuis si longtemps », admet l’artiste. « C’était amusant de pouvoir faire cette reprise dans le cadre de ce projet. C’est un groupe que j’affectionne beaucoup et j’ai encore le privilège de côtoyer les anciens membres de ce groupe-là maintenant en tant que collègue. Alors c’était l’fun de pouvoir réimaginer leur chanson. »
La reprise de chanson n’est pas un exercice nouveau pour la chanteuse. Elle explique notamment que c’est en partie en passant par la reprise qu’elle a su, en début de carrière, trouver son identité musicale et développer son univers.
Un exercice qui n’est pas facile pour autant, car il faut pouvoir transposer son univers dans une chanson qui n’est pas la sienne.
« Dans la créativité, tout est permis tant que l’on respecte l’œuvre originale. Je n’ai pas touché aux paroles parce que c’est le cœur de l’œuvre. J’ai adapté les mélodies ici et là pour que ça corresponde plus à ma voix et mon ancrage personnel. À l’exception de quelques petits moments, je suis resté assez fidèle à la mélodie ». Elle ajoute tout de même en riant que pour ce qui concerne « l’univers sonore », « j’ai dérapé ».
Quant à savoir de quoi traite la chanson :
« Ce que j’entends dans les paroles, c’est la recherche d’un moment pour s’ancrer dans un monde qui bouge. Je peux le relier à mon expérience dans l’industrie de la musique où tout arrive à une vitesse assez intense. Je pense que tout le monde peut s’identifier à ce besoin de trouver un espace pour soi et de revenir à l’essen- tiel. »
Pour revenir un peu sur cet album Her (204), puisque le projet s’adressait aux femmes et personnes issues de la diversité de genre, il offre l’occasion de s’interroger sur la question de l’équité dans le milieu musical et des réalités du secteur, au Manitoba, mais aussi de manière plus générale.
Pour Rayannah, la lutte existe toujours.
« Je ne pourrais pas dire que tout le monde bénéficie d’une expérience égalitaire dans la musique. Ça peut avoir un rapport avec le genre, mais aussi tout un tas de différents marqueurs d’identité. Traditionnellement, l’industrie de la musique a été construite pour favoriser certains groupes, alors on a encore besoin de se battre pour des changements. Autant dans la représentation, que dans les conditions de travail. Parce qu’on peut avoir de la parité dans la programmation d’un festival, mais des inégalités au niveau des cachets. »
Des inégalités qui peuvent prendre une multitude de formes, selon la chanteuse.
Sur un ton un peu plus léger, la contribution de Rayannah à cet album a rallumé quelque chose en l’artiste.
« Je m’ennuie à créer des projets à mon nom. Je travaille en ce moment sur de futures réalisations. »