Le signal politique de Mark Carney : la culture et l’identité canadiennes enfin au premier plan, par Michel LAGACÉ.

Une réduction qui a exigé une réorganisation de certains ministères au grand dam de groupes qui se sentaient reconnus à cause de l’existence de ces mêmes ministères. C’est le cas des anciens ministères de la Diversité, de l’Inclusion et de Personnes en situation de handicap; des Aînés; des Femmes, de l’Égalité des genres et de la Jeunesse; et des Langues officielles, entre autres.

Ces ministères exerçaient des responsabilités dans un secteur limité de l’administration fédérale et ils exerçaient une faible influence au sein d’un conseil d’une quarantaine de ministres. Avant l’élection du gouvernement Trudeau en 2015, des secrétaires parlementaires étaient responsables de ces dossiers et ils n’étaient pas membres du conseil des ministres. En voulant assurer l’égalité hommes-femmes dans son premier conseil, Justin Trudeau a choisi d’élever ces secrétaires parlementaires au rang de ministres.

Pour les personnes qui se préoccupent de l’absence des mots ‘langues officielles’ dans la liste des ministres du conseil de Mark Carney, il importe de comprendre que le programme de langues officielles continue de faire partie du ministère du Patrimoine canadien dont est maintenant responsable Steven Guilbeault. C’est pour des considérations politiques que Patrimoine canadien avait un deuxième ministre responsable des langues officielles. Steven Guilbeault sera maintenant appuyé de cinq secrétaires parlementaires dont Viviane Lapointe aux Langues officielles, Sameer Zuberi, à la Diversité, l’Inclusion et les Personnes en situation de handicap et Lisa Hepfner pour les Femmes et l’Égalité des genres et la Jeunesse.

Rappelons que, quand le ministère du Patrimoine canadien a été annoncé en 1993, le but était de rassembler sous l’autorité d’un seul ministre tous les principaux programmes qui touchaient à l’identité canadienne. C’est ainsi que les langues officielles, le multiculturalisme, le programme de la femme et le sport, entre autres, ont été regroupés. Côte culture, le ministère comprenait le film et la vidéo, la radiodiffusion, la musique, l’édition, les archives, les arts de la scène, les festivals et les célébrations.

Parcs Canada avait été intégré dans le ministère du Patrimoine canadien parce qu’il gérait nos parcs nationaux et nos lieux historiques nationaux, comme la maison Riel à Winnipeg. Le nouveau ministère regroupait aussi une douzaine de sociétés d’État importantes comme la Société Radio-Canada, Téléfilm Canada, le Conseil des Arts du Canada, et le Musée canadien de l’histoire.

Détail remarquable à souligner : le nom Patrimoine canadien avait été choisi pour éviter de mentionner la culture, une responsabilité que les provinces, et surtout le Québec, voyaient comme étant dans leur champ de compétence. Aujourd’hui, il semblerait qu’il ait fallu les menaces de Donald Trump pour reconnaître publiquement que ce ministère se préoccupe de culture et d’identité canadiennes, dont les langues officielles sont une composante importante mais pas unique. Et son ministre aura du poids au conseil des ministres en raison de l’importance des programmes qu’il représente.

La composition du conseil des ministres sera à revoir après les prochaines élections générales, peu importe le parti qui sera porté au pouvoir. En ce qui regarde les langues officielles, tout dépendra de la volonté politique qui sortira des urnes. Une première indication des intentions du Premier ministre paraîtra dans le mandat qu’il donnera au ministre responsable de ce programme. Alors seulement on pourra juger de l’importance que le gouvernement fédéral accorde à la dualité linguistique.