Par les reporters de l’AFP au Canada.
Les Canadiens sont appelés aux urnes le 28 avril pour élire un nouveau Parlement dans un contexte inédit pour le pays qui vit au rythme des menaces de Donald Trump sur sa souveraineté et sa stabilité économique.
Dans un Canada anxieux, paroles d’électeurs après une semaine d’une campagne très largement dominée par deux candidats: le nouveau Premier ministre libéral Mark Carney et le conservateur Pierre Poilievre.
– “Eviter la récession ” –
Monika Wetzel, 34 ans, a voté pour différents partis dans le passé et n’a pas encore fait son choix pour cette élection.
“Je serais une personne plus heureuse sans Trump dans ma vie en ce moment. Tout le monde est obsédé par Trump. Je ne veux tout simplement plus entendre parler de lui”, lâche cette habitante de Winnipeg, dans le centre du pays.
Pour cette travailleuse du secteur de la santé, il faut surtout que les candidats “soient rassurants” dans ce contexte tendu et capables de permettre au Canada “d’éviter la récession”.
Tout “en maintenant l’unité”, glisse-t-elle, inquiète.
– “Besoin de quelqu’un qui comprenne l’économie” –
Rob Vandertogt est cadre et vit proche de Toronto, en Ontario, la province la plus peuplée du Canada. Pour lui, seule compte la question des “tarifs douaniers américains sur les produits canadiens et l’économie”.
“Les conservateurs semblent complètement déconnectés de ce qui se passe dans le pays. L’élection tourne entièrement autour de Donald Trump et eux se focalisent sur tout le reste”, dit cet électeur de 62 ans.
Pour lui, le Canada n’a pas “besoin d’un politicien traditionnel en ce moment” mais “de quelqu’un qui comprenne l’économie”. Il a donc prévu de voter Mark Carney, qui a été banquier central.
– “Joindre les deux bouts” –
Valerie Orr, 81 ans, est une électrice du parti conservateur. Pour elle, c’est le coût de la vie qui compte. Et elle pense que l’omniprésence de Donald Trump dans la campagne est contre-productive.
“Cette menace venue du sud a détourné trop d’attention”, estime cette électrice de la banlieue de Toronto.
“Qui a déjà entendu parler d’un Etat de la taille du Canada… Soyons réalistes”, ajoute-t-elle.
Elle souhaite que l’on parle surtout des défis auxquels les gens sont confrontés pour parvenir à “joindre les deux bouts au quotidien”, ce que fait le conservateur Pierre Poilievre, selon elle.
– “Remettre l’économie sur des rails” –
Matthew Bishop, 27 ans, a l’habitude de voter pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), parti de gauche. Mais l’arrivée de Mark Carney a modifié ses plans.
Ce propriétaire de bar à Nanaimo, en Colombie-Britannique, la province de la côte pacifique, pense que Mark Carney saura “remettre l’économie sur des rails”.
“Il a de l’expérience dans la gestion des banques centrales et la résolution de crises. Il comprend bien notre situation financière.”
Pour Matthew Bishop, le Canada doit aussi se montrer ferme vis-à-vis des Etats-Unis: “Ils nous imposent des droits de douane. On leur rend la pareille, coup pour coup!”
– “Poilievre, je l’associe à Trump” –
Nathalie Guibert, qui vit dans la campagne québécoise à une heure et demie de Montréal, n’a pas encore fait son choix.
“Je trouve cela bien que Mark Carney soit allé en Europe, qu’il dise que les Etats-Unis ne sont plus nos alliés et cherche de nouveaux partenaires commerciaux”, décrit la femme au foyer de 56 ans.
Mais elle a peur que les libéraux ne fassent pas une assez grande place au Québec. “Je tiens à notre identité”, souligne-t-elle.
“Pierre Poilievre, je l’associe à Trump. Je ne lui fais pas confiance pour nous défendre. Et je n’aime pas son ton belliqueux, ses manières trumpistes”.
bur-tib/tmt