Dans les prochains mois, les fruits et légumes en provenance du Manitoba et du Canada feront leur retour parmi les rayons de nos épiceries et des marchés. Ce passage éphémère, permet de soutenir les producteurs d’ici, jusqu’à ce que l’automne arrive et que les produits soient expédiés depuis des endroits plus ensoleillés du Mexique et des États-Unis.
Pamela Kolochuk est présidente-directrice générale (PDG) de Peak of the Market, une entreprise de légumes canadienne détenue par 12 producteurs manitobains.
« Au Canada, la saison de croissance ne dure que 4 à 6 mois pour les produits que l’on trouve normalement sur les étagères de nos magasins et qui sont cultivés dans la terre ou dans les arbres », raison pour laquelle la compagnie collabore avec des producteurs à travers l’Amérique du Nord, pour offrir des légumes, 365 jours par année, au consommateur de l’Ouest canadien.
Lorsque les producteurs canadiens arrêtent leur production saisonnière, et que les réserves canadiennes de produits frais réduisent, Peak of the Market a recours à l’importation de produits des États-Unis et du Mexique, qui constituent 50 % de leur gamme hors saison.
« Les pommes de terre du Manitoba sont disponibles toute l’année, mais les autres produits ne se conservent pas aussi longtemps », explique Pamela Kolochuk. Dans certains cas, les oignons jaunes peuvent se conserver jusqu’à la récolte suivante.
Lorsque le soleil frappe et que l’hémisphère nord se réchauffe, le Canada produit une grande liste de légumes. « Carottes, panais, choux-fleurs, brocolis, navets, rutabaga, concombres, courges, choux frisés, jalapenos, poivrons verts, betteraves et autres que j’oublie…», c’est la liste que Pamela Kolochuk dresse de produits canadiens que l’on peut retrouver dans les supermarchés du Canada au cours des mois de température douce.
Depuis les menaces et l’imposition de tarifs de 25 % par le président américain Donald Trump, le mouvement d’« acheter canadien » à l’épicerie prend de l’ampleur. La PDG de Peak of the Market dit ne pas avoir remarqué une réduction de la demande des légumes provenant des États-Unis au Canada, mais affirme que ses producteurs canadiens, qui exportent 40 % de leurs produits au sud de la frontière, ressentent les conséquences des tarifs.
« Nous envoyons 100 chargements de pommes de terre par semaine vers le sud », soit environ 42 000 livres par chargement ou 4,2 millions de livres de patates transportées par semaine, précise Pamela Kolochuk.
« Les droits de douane sont payés par les Canadiens qui expédient leurs produits vers les États-Unis. En tant qu’entreprise, nous devons travailler avec nos clients pour réduire l’effet des coûts. Il aura également un impact sur les produits canadiens. Nous payons également pour faire entrer au Canada des produits en provenance des États-Unis. Le prix des produits va donc augmenter partout à cause des tarifs. »
Pamela Kolochuk maintient l’importance de consommer des légumes, quel que soit le pays d’origine du produit, même en temps de guerre tarifaires.
« Au final, vous avez un impact sur les personnes qui cultivent les aliments. Si nous continuons à punir les producteurs de fruits et légumes, il n’y aura plus de nourriture », poursuit la PDG.