Les évènements climatiques plus fréquents ne sont pas une exclusivité du dernier siècle. Une étude révèle que les événements El Niño ont augmenté en fréquence au cours des 7000 dernières années. Et qu’ils durent plus longtemps.

Le phénomène, de son nom complet El Niño-Southern Oscillation, réapparaît dans le Pacifique à des intervalles variant entre deux et sept ans. Les eaux de surface des régions tropicales du Pacifique deviennent alors plus chaudes — l’élément déclencheur n’est toujours pas connu — entraînant une série de perturbations : précipitations accrues dans l’ouest des Amériques, sécheresses accrues en Australie et en Indonésie, hivers plus longs et plus froids dans l’ouest des États-Unis. 

Or, après quelques décennies passées à étudier ce phénomène, les météorologues n’ont pas manqué de spéculer sur la possibilité que les El Niño « longs » soient plus fréquents qu’avant —il s’agit de ceux qui s’étirent sur plus d’un an. Une équipe de chercheurs de huit pays, dont la Suède, la Chine et la France, a donc décidé de prendre quelques pas de recul, et d’essayer de déterminer la fréquence de ces événements au cours des 7 derniers millénaires.

Il est en théorie possible d’en retrouver des traces à partir des isotopes d’oxygène emprisonnés dans des coraux — puisque les coraux ont une très longue durée de vie — et de comparer des coraux présents dans différents endroits du Pacifique.  

Résultat : les El Niño « longs » seraient devenus cinq fois plus fréquents au cours de cette période. Et la durée écoulée entre deux événements El Niño — courts ou longs — a légèrement augmenté.

Il est impossible de dire à partir de cette recherche si ces changements se sont accélérés au cours du dernier siècle et demi, une période marquée par une augmentation de la température moyenne de la planète de plus d’un degré Celsius. Mais c’est ce vers quoi tendent les soupçons. Les chercheurs écrivent dans leur étude, parue le 31 mars dans la revue Nature Geoscience, qu’ils espèrent pouvoir ajouter d’autres données (davantage de coraux ou davantage de sédiments provenant de davantage d’endroits) pour raffiner leurs modèles climatiques.