En 25 ans de carrière, c’est la première fois que Jocelyn Sioui joue à Winnipeg. L’artiste aux multiples casquettes explore à nouveau dans ce spectacle le thème des origines autochtones, tout en proposant une diversité d’expressions artistiques.

Auhaïtsic, le héros Wendat

L’histoire suit l’épopée d’Auhaïtsic, un héros Wendat, peuple autochtone du sud de l’Ontario. Mais avant d’être une pièce de théâtre, l’histoire du jeune homme existait uniquement sur papier. « C’est à la base un conte que j’ai écrit il y a quelques années, l’histoire se déroulait devant une rivière à Richelieu. J’ai voulu explorer davantage le récit », se souvient Jocelyn Sioui, l’auteur de la pièce.

Auhaïtsic est un personnage purement sorti de l’imaginaire de son auteur. « Ce personnage est un petit gars de 17-18 ans, il a un équilibre douteux, il est maladroit, c’est un héros improbable qui se découvre », précise l’auteur. « En soit, c’est un peu comme Indiana Jones », souligne-t-il. En effet, la pièce alterne entre séquences d’attaques, de combats et des moments comiques. Les spectateurs, à travers le personnage, découvrent des moments insoupçonnés de la vie « qui se transforment en force ».

Si Jocelyn Sioui a décidé d’intituler sa pièce Frétillant et agile, c’est pour une raison aussi surprenante que comique. À son arrivée à Montréal, l’artiste s’est installé près du quartier d’Ahuntsic-Cartierville. Le prénom de son personnage est donc né en référence à cet arrondissement montréalais, dont le nom serait traduit par « frétillant » et « agile ».

« Mais en réalité, j’ai découvert que ça ne voulait pas du tout dire ça », plaisante l’artiste. Alors pour jouer de cette erreur, il s’y attaque dans son spectacle.

« J’évoque l’anonymat, les erreurs, j’invente des choses à partir du vrai comme on a pu le faire dans l’histoire », souligne-t-il, en précisant que cette nouvelle partie du spectacle sera publiée à l’automne prochain.

Une histoire illustrée grâce à une collaboration

Pour mettre sur pied le spectacle, il a fallu compter sur la collaboration de plusieurs artistes. Lors de la représentation, chaque univers se conjugue et permet à l’histoire d’Auhaïtsic de prendre vie. Jocelyn Sioui, lui, raconte l’histoire, s’adresse au public, interagit avec les spectateurs.

Et pour illustrer l’histoire racontée, l’artiste Catherine Gignac propose quant à elle des manipulations théâtrales avec du sable, projetées en direct au public. « La projection sert de décor, de transition, mais aussi à la poésie du récit », souligne Jocelyn Sioui.

« C’est un élément poétique, captivant, hypnotisant car le sable est un élément éphémère et fragile ». Il précise d’ailleurs que cette technique artistique est quasiment unique au Canada, car surtout pratiquée en Europe.

Lors de l’écriture d’adaptation du spectacle, l’auteur se souvient avoir immédiatement pensé à faire appel à des musiciens. La musique du spectacle est alors assurée par les compositeurs et interprètes Luzio Altobelli et Bertil Schulrabe. « Il fallait que ce soit un show rock en relation avec le public ».

Entre les musiciens et l’utilisation de la technique de dessin sur sable, l’auteur se dit très fier de la mise en scène. « Grâce à tout ça, on a réussi à réunir tous les codes du conte pour donner vie au récit ».

« Un spectacle qui fait du bien »

Comme évoqué plus tôt, si le récit a pu passer des pages aux planches, c’est surtout grâce à son potentiel narratif. « À la base, c’est en faisant des lectures publiques que j’ai trouvé qu’il y avait du potentiel, il se passait quelque chose avec les auditeurs », se souvient l’artiste. Et cet aspect de partage est un élément central pour Jocelyn Sioui. « Je suis autochtone, donc j’essaye de partager ce que je connais, c’est d’ailleurs très actuel, c’est un rapport à l’humain qui est fragile dans des moments aussi difficiles qu’aujourd’hui », rapporte l’artiste.

Pour lui, c’est aussi une manière de célébrer la langue française. « Jouer dans les communautés francophones au pays est particulièrement important pour moi ». Et ce mélange permet de « trouver la force derrière la fragilité ».

« C’est pour ça que ce spectacle fait du bien, je viens de finir ma tournée au Québec. Et de voir les sourires, le bonheur dans les yeux, d’entendre des rires fait énormément de bien, et les gens en ont besoin ces derniers temps », souligne-t-il.