Des photographes explorent à travers leur objectif leurs propres expériences et visions du handicap. Organisé en partenariat avec le Flash Photographic Festival et l’organisme Arts AccessAbility Network Manitoba (AANM), l’évènement souligne l’importance de l’inclusion dans le milieu culturel.

La MDA est l’hôte de cette exposition où résonnent les thématiques de la diversité, de l’équité et de l’inclusion. «  Ces artistes s’identifient comme des personnes ayant des handicaps », explique Yvette Cenerini, commissaire de l’exposition. Au total, six artistes canadiens y présentent plusieurs des œuvres qu’ils ont eux-mêmes sélectionnées.

On peut donc nommer Susan Aydan Abbott, Michel Dumont, Natalie Goulet, Heidi Philipps, Shivanya Ra, Harper Smith. Tous sont installés au Manitoba à l’exception de Michel Dumont et Natalie Goulet.

À la fois figuratives et paysagères, les œuvres immortalisent chacune la vision des photographes sur leur handicap – qu’il soit d’ordre physique ou mental – et sur leur expérience de vie, en lien avec ce dernier. Plusieurs perspectives se croisent donc autour de ces questions expliquant ainsi le titre de l’exposition, Regards croisés.

Yvette Cenerini précise d’ailleurs l’intention derrière le projet. « L’idée n’est pas nécessairement de repro- duire un évènement ou de documenter quelque chose mais plutôt de communiquer un message ou une intention à travers l’image. Toutes les œuvres sont subtiles. » Ainsi, le spectateur peut développer sa propre lecture tout en essayant de se mettre à la place de l’artiste pour comprendre le message qu’il souhaite véhiculer par le biais de la création artistique.

En déambulant dans le studio de la MDA, vous pourrez notamment découvrir l’univers de Susan Aydan Abbott. Artiste multidisciplinaire basée à Winnipeg, elle explore des récits autour du corps féminin en traitant des questions de société comme le féminisme et les violences faites aux femmes. Dans Regards croisés, l’on peut citer la création Flesh Narrative. On y observe des mannequins enceintes dénonçant ici la vision d’une femme perçue comme un objet.

Michel Dumont, artiste queer, métis et bispirituel travaille avec des matériaux insolites comme le cellophane. Il aime également créer des costumes et photographier des drag queens, en témoigne l’un des clichés présents dans l’exposition. « Il fait des séances photo dans son garage avec les modèles », précise Yvette Cenerini.

En parlant d’utilisation surprenante de matériaux, Natalie Goulet imprime certaines de ses réalisations sur du tissu, à l’image de la série de trois créations colorées, Slow mapping, que les visiteurs auront la chance découvrir.

« Natalie Goulet fera partie d’une exposition de groupe qui prendra place dans la galerie contemporaine à partir de janvier 2026. C’est une façon d’avoir un avant-goût de son travail et de l’introduire à la communauté », indique Yvette Cenerini. La commissaire en profite pour insister sur un autre point. « Ce sont des artistes professionnels qui proposent des œuvres de qualité, avec quelque chose d’unique et de différent. »

En effet, alors que tout le monde peut se revendiquer photographe avec un simple téléphone, la commissaire de l’exposition se dit fière de voir la MDA accueillir une exposition de cette envergure. « En tant que francophones dans un milieu minoritaire, les artistes ont besoin de soutien. C’est beau de voir des ponts avec d’autres milieux minoritaires. »

À l’heure où les débats sur l’égalité et l’inclusion sont d’actualité, elle juge cette exposition importante pour « mettre en valeur les artistes et les voix de la diversité ».

De plus, l’organisme AANM a fait une demande de subventions pour cette exposition. Yvette Cenerini se réjouit de voir un tel projet financé permettant ainsi de rémunérer les artistes concernés. « C’est un beau partenariat. »