Dans l’art comme dans la vie, Farzaneh et Mancy sont sœurs. Basées aujourd’hui à Montréal, les deux artistes sont originaires d’Iran. « Nous nous sommes installées au Canada il y a 11 ans », explique Farzaneh, tout en précisant que ce choix fut motivé par l’envie de découvrir d’autres arts et d’avoir de nouvelles inspirations. C’est la quatrième fois que les deux artistes exposent en duo.
Un tandem artistique qui existe depuis toujours, et qui a commencé à présenter leurs œuvres ensemble en 2018.
À travers « Échos croisés », les sœurs offrent des propositions aussi différentes que complémentaires. C’est la première fois que les deux artistes, en parallèle de leur métier de médiatrices au Musée des beaux-arts de Montréal, exposent en dehors du Québec. Dans cette exposition, elles explorent le féminisme et la migration, des thématiques auxquelles elles ont pu être confrontées dans leurs parcours personnels. L’exposition composée d’une trentaine d’œuvres est ouverte aux visiteurs jusqu’au 10 mai.
Corps féminin
Oppression et résilience. Voilà les termes clés qui ressortent du projet artistique de Mancy, qui propose une exploration de la représentation du corps féminin. « J’ai eu envie d’explorer la manière dont on perçoit le corps des femmes, notamment à travers le prisme du contrôle politique », explique-t-elle.
Dans ses peintures, l’expression de la présence féminine autant dans l’espace privé que public, offre une réflexion sur l’objectification du corps de la femme par la société.
En dénonçant l’existence de l’oppression structurelle que subissent les femmes, l’artiste souhaite également valoriser la force de résilience. « En combinant la peinture avec des techniques de body art, ça m’a permis de laisser mes propres traces, et ça veut dire beaucoup », souligne-t-elle.
Immigration : « contradictions émotionnelles »
Farzaneh propose quant à elle son regard sur l’immigration, et à ce qu’elle appelle les « contradictions émotionnelles » qui en découlent. « Le processus de migration est caractérisé par des contra- dictions, les personnes sont liées autant à deux endroits qu’à deux cultures », souligne l’artiste. « L’art a eu un côté thérapeutique pour moi », souligne l’irano-canadienne qui explique avoir connu ces sentiments contradictoires en découvrant de nouveaux pays, tout en étant encore très en lien avec l’Iran.
Que signifie « l’appartenance » dans un monde en constante évolution? Si personne n’a la réponse à cette question, l’artiste cherche plutôt à s’intéresser à l’espoir, au désespoir, à la séparation et à la reconnexion. En bref, aux sentiments contradictoires qui s’entrechoquent tout au long d’une histoire migratoire.
Pour retranscrire ce discours, Farzaneh joue avec les différents matériaux. « J’ai beaucoup utilisé du safran par exemple, autant pour la couleur que pour ce qu’il représente dans la culture iranienne ».