Par Michel LAGACÉ.
Le Président Donald Trump a intensifié ses attaques contre ces institutions du savoir dans le cadre d’enquêtes sur des allégations d’antisémitisme après que des manifestations anti-israéliennes s’étaient répandues sur les campus du pays.
C’est que la Loi américaine sur les droits civils interdit aux établissements d’enseignement supérieur de recevoir un financement fédéral s’ils participent à une discrimination fondée sur la race, l’origine nationale, la religion ou d’autres caractéristiques ou s’ils permettent la discrimination.
Et les conséquences pour les universités sont sévères : l’administration américaine a déjà gelé d’importantes sommes d’argent dont plus de 1 milliard de dollars de financement destinés à l’Université Cornell et 790 millions de dollars à l’Université Northwestern. Des projets de recherche ont été suspendus ou annulés et des chercheurs reconnus comme experts dans leur domaine sont activement à la recherche d’emplois à l’extérieur des États-Unis.
C’est ce qui a inspiré notre Premier ministre, Wab Kinew, à évoquer la possibilité de recruter des chercheurs de haut calibre pour les universités du Manitoba. Plus de 250 professeurs des Universités du Manitoba, de Brandon et de Winnipeg (l’Université de Saint-Boniface n’a pas participé à cette démarche) ont saisi cette ouverture politique en publiant une lettre ouverte adressée au gouvernement provincial. Les signataires en ont profité pour mettre le doigt dans la plaie en soulignant que le Manitoba se classe actuellement au dernier rang au Canada pour le financement provincial de la recherche par habitant – une réalité qui devrait tempérer l’enthousiasme du gouvernement à attirer des chercheurs américains.
Les professeurs s’interrogent sur la manière dont le gouvernement provincial entend s’y prendre pour attirer de nouveaux talents, compte tenu des compressions à Research Manitoba. C’est l’organisme provincial chargé d’appuyer et de coordonner le financement de recherche en santé, en sciences naturelles et sociales, en génie et en sciences humaines.
Ils notent que le financement accordé à Research Manitoba a diminué de 17 millions de dollars en 2015-2016 à 14 millions en 2025-2026. Ils demandent que ce financement soit rétabli au niveau de 2015-2016 en tenant compte de l’inflation pour tirer parti de la volonté d’universitaires américains d’envisager des possibilités d’emploi au Canada.
Il serait en effet fort souhaitable que le gouvernement provincial réfléchisse sérieusement aux remarques des professeurs. Les résultats de recherche peuvent souvent prendre des années à se manifester, mais à long terme, c’est elle qui ouvre la voie à des solutions novatrices. Dans le domaine médical, la recherche conduit à des avancées significatives dans le traitement et la prévention des maladies. Les innovations technologiques mènent au développement de nouveaux produits et services.
Dans le domaine social, la recherche permet d’affronter les problèmes de logement et de pauvreté, tandis que la recherche environnementale contribue à la protection de l’environnement. Et pour développer de bonnes politiques, il est essentiel de disposer de données scientifiques fiables. Bref, la recherche sert à faire progresser la société et à améliorer la qualité de vie. C’est elle qui contribue à notre compétitivité et qui crée de nouveaux emplois.
Pour pouvoir profiter de la conjoncture actuelle, il tombe sous le sens que la Province doit augmenter le niveau de financement qu’elle accorde à la recherche. Et pour prétendre s’attirer des chercheurs de haut calibre, il faudra qu’elle puisse leur offrir des possibilités de faire de la recherche dans leur domaine d’expertise.
À long terme, le Manitoba et le Canada en seraient les premiers bénéficiaires.