Par André BOISJOLI – Collaboration spéciale
Intitulé Kauai O’o, le deuxième album de l’artiste fransaskois s’est inspiré d’un oiseau d’origine hawaïenne, et son cri plaintif enregistré pour la dernière fois à la fin des années 1980 par des ornithologues.
Pour Étienne Fletcher l’oiseau ne représente pas qu’une simple espèce disparue, mais « une belle métaphore pour plusieurs éléments dans notre vie au quotidien, par rapport à la francophonie, au milieu des arts, et à l’être humain en général ».
Si Étienne Fletcher tente de faire revivre le chant aviaire de l’oiseau aujourd’hui disparu, il apporte aussi des notes politiques à son écriture pour ce nouvel album de sept chansons.
« On a plus à apprendre de nos poètes que de nos politiciens », c’est à maintes reprises que nous entendons ce refrain dans la piste d’ouverture.
Étienne Fletcher le précise, en disant qu’il ne fait pas la promotion d’un renversement anarchique, mais veut plutôt susciter une réflexion sur le changement politique, là où « l’art du débat » est devenu de plus en plus polarisant.
Sur le plan de la diplomatie, « c’est tellement important de regarder quelqu’un, de débattre avec eux, de finir une conversation et d’accepter d’être en désaccord, sans avoir à flipper la table, et partir en claquant la porte », poursuit l’artiste.
Il avoue que depuis le moment où il a commencé à écrire les paroles de ses chansons, « il y a un bout de temps », jusqu’à aujourd’hui, le message qu’il transmet est involontairement devenu « pas mal pertinent », selon lui.
L’artiste-compositeur-interprète juge qu’il y a un besoin pour une communauté artistique « engagée ».
« À notre époque, on est saturé de musique et d’arts, mais je ne suis pas convaincu que nous sommes saturés de choses qui ont une profondeur ou un message. »
L’engagement politique ne doit pas convenir à tous les artistes, relate-t-il, à chacun son style. Mais de son côté il avait « envie d’en parler un peu plus ». C’est par son lyrisme, qu’il souhaite stimuler l’agrandissement de perspectives.
Une musique universelle
Depuis la sortie du premier album d’Étienne Fletcher en 2021, Entre-deux, l’artiste a élargi son écoute au Canada, tout comme sur le continent européen.
Ce qui lui tient à cœur, c’est que ses chansons aient un lien, peu importe d’où l’on vient, tout en apportant « un petit quelque chose pour tout le monde ».
« Au début j’écrivais pour moi, c’était très personnel. De voir que ces thèmes vont toucher ceux qui vivent à des milliers de kilomètres de chez moi, c’est cool de voir la beauté de cette connexion, raconte-t-il, ça nous met du gaz dans la tank et nous donne de l’énergie pour continuer. »
Étienne Fletcher a fait découvrir son nouvel album lors d’une tournée au Québec en mars, avant de se rendre en France pour la conclure au début du mois de juillet.