À l’ouest de la province, comme ailleurs, les priorités et les idées des partis s’affrontent dans une région où les tarifs inquiètent. 

Historiquement conservatrice, elle est la deuxième plus large circonscription du Manitoba en termes de superficie. Avec une superficie de 56 820 km2, elle compte une population d’environ 90 000 résidents. Dans cette région, les principaux secteurs d’activités sont ceux de l’agriculture céréalière, l’élevage bovin et l’industrie forestière, la guerre tarifaire inquiète.

Andrew Douglas Maxwell – Nouveau Parti démocratique

Dentiste à la retraite, Andrew Douglas Maxwell a exercé à Swan River depuis 1978. Après s’être essayé à la politique municipale, il se lance dans la politique fédérale pour la première fois cette année.

Pour lui, l’enjeu principal de ces élections est clair : « Trump, doit être stoppé. »

« Les États-Unis menacent le Canada comme la Russie menace l’Ukraine, et je considère que Pierre Poilievre est un mini-Trump. »

Mais qu’en est-il des enjeux plus locaux?

Le candidat néo-démocrate est catégorique, la meilleure façon d’aider est de modérer l’effet des tarifs. « Dans une communauté rurale, des tarifs de 100 % sur les exportations de canola, c’est la mort. Alors que Jagmeet Singh reconnaît qu’il ne pourra pas être élu premier ministre, notre meilleure option est d’élire Mark Carney. »

Toutefois, Andrew Douglas Maxwell souligne qu’il est essentiel que le NPD soit représenté au sein du prochain gouvernement.

« Je crois fermement qu’une représentation proportionnée des partis est importante. Je pense que les gouvernements majoritaires ne sont pas une bonne chose pour le Canada. Lorsque le gouvernement libéral était minoritaire, nous (les néo-démocrates) avons pu faire passer des initiatives. Ce qui aurait été impossible sous gouvernement majoritaire, en particulier un gouvernement conservateur.

Jagmeet Singh s’est battu pour l’assurance-médicament, la garde d’enfants à 10 $. Guidés par la conscience du Parlement et du NPD, les libéraux représentent notre meilleure option. »

Liz Clayton – Parti vert

La carrière politique de Liz Clayton commence avec beaucoup de bénévolat. Il y a 20 ans, elle a quitté Winnipeg pour s’installer à la campagne dans la circonscription. C’est alors qu’elle a commencé à s’impliquer auprès du Parti vert.

« C’est un excellent moyen de créer un réseau avec des gens qui partagent les mêmes valeurs. On est en territoire conservateur ici, j’aime dire que nous sommes des petites îles vertes dans un océan de bleu. »

Selon la candidate, son parti, au même titre que les prairies, n’a pas une voix assez forte à Ottawa. Si elle indique partager plusieurs inquiétudes avec ses opposants, l’une des priorités pour Liz Clayton est « la disparition des dernières prairies sauvages », dans la région.

« Les techniques agricoles modernes permettent de cultiver à peu près n’importe quoi sur n’importe quel type de sol. Et cela m’inquiète de voir qu’il reste si peu d’habitats naturels. Ce qu’il reste, ce sont des terres dites marginales, comme les zones humides. Mais elles ne sont pas du tout protégées. » Pour Liz Clayton, il faut que cela change.

« Je pense que l’on pourrait aller loin si l’on offrait une réduction d’impôt aux propriétaires de terrains marginaux qui les conservent en l’état. Ce serait une façon d’encourager la préservation plutôt que le déboisement. »

La candidate souhaiterait aussi réformer le système de zonage de ces terrains marginaux, « pour les transformer en petits domaines résidentiels ». Cela permettrait d’attirer et de loger davantage de monde dans les zones rurales.

Pour s’éloigner un peu de l’environnement, Liz Clayton indique aussi d’autres visions de son parti. À savoir la représentation proportionnelle, un revenu de base universel, l’assurance maladie universelle ainsi que l’éducation post-secondaire gratuite. « Nous nous soucions de la planète, mais aussi des personnes qui y vivent.

Jim Oliver – Parti populaire du Canada

Jim Oliver aussi se lance dans le grand bain de la politique fédérale pour la première fois. Cela fait quatre ans qu’il s’est installé dans la circonscription. Au cours des dernières semaines, il indique avoir pu s’entretenir avec des centaines de personnes, et les préoccupations identifiées sont plutôt de nature sociale.

« Beaucoup s’inquiètent des restrictions sur les armes à feu qui ont été imposées. De nombreux agriculteurs ici considèrent les armes à feu comme des outils et les utilisent au quotidien. » 

Au-delà de cette question, l’une des priorités pour le candidat du Parti populaire relève de la question du genre, une question « d’idéologie », selon le candidat.

« Ce sujet revient constamment. Ces nouvelles idées sur l’identité de genre sont imposées à nos plus jeunes dans les écoles. Elles créent de la confusion et ne reposent sur aucune base scientifique, pourtant on en parle comme s’il s’agissait de vérités incontestables. »

Jim Oliver parle d’un « enjeu critique », pour la jeune génération.

Finalement, il se prononce aussi sur la vision plus large de son parti.

« Je pense aussi que l’hystérie environnementale que connaît le pays est problématique. Réduire la taxe sur l’essence est une stratégie électorale évidente des libéraux pour gagner des votes. Ce répit sera temporaire, j’en suis sûr. Car Mark Carney est tout à fait favorable aux initiatives vertes, aux mouvements écologiques qui limitent les libertés des gens, imposent plus de taxes pour soi-disant sauver la planète. »

Il fait aussi mention de la volonté du Parti populaire de prendre ses distances avec des initiatives mondiales telles que l’ONU ou encore les Accords de Paris.

Terry Hayward – Parti libéral du Canada

Terry Hayward a travaillé pendant 33 ans au gouvernement du Canada, pour Agriculture Canada plus précisément. Il n’en est d’ailleurs pas à son premier tour de manège puisque le candidat libéral a déjà tenté de représenter les libéraux par le passé dans les circonscriptions de Provencher, Brandon-Souris et aujourd’hui Mont-Riding, dans des circonscriptions principalement conservatrices.

« Je veux offrir aux gens qui ne sont pas conservateurs et qui partagent les idées des libéraux une voix. »

Alors qu’il reconnaît la menace que posent les tarifs sur la santé économique de sa région d’adoption, il aborde également la question du logement.

« Les libéraux se sont engagés à construire plus de 500 000 logements à travers le Canada, rappelle-t-il. Mais dans les municipalités et les petits villages, c’est aussi une question d’avoir les infrastructures nécessaires à la création de logements. Il faut investir là-dedans et les libéraux sont prêts à le faire. »

Pour Terry Hayward c’est certain, le Parti libéral sera en mesure de répondre aux défis et aux préoccupations des Canadiens. Et cela passe d’abord par régler la situation conflictuelle entre les États-Unis et le Canada. 

« Au-delà de l’agriculture et de la question économique, il s’agit maintenant de leadership pour combattre les problèmes que nous avons avec les États-Unis et pour moi Carney est la meilleure personne pour entrer dans les négociations avec Trump, il a déjà les contacts partout dans le monde. La relation est cassée entre les États-Unis et le Canada et on doit diversifier nos marchés. Mark Carney est capable de gérer les crises, il l’a déjà fait par le passé en tant que gouverneur de la Banque du Canada. »

Cette couverture électorale a été rendue possible grâce au Fonds « Couvrir le Canada : Élections 2025 »