La néo-démocrate et députée sortante Leah Gazan, le libéral Rahul Walia, le conservateur Tom Bambrick, le vert Gary Gervais, le candidat du Parti populaire du Canada (PPC) Donald Grant, et la candidate du Parti pour la protection des animaux du Canada (PPAC), Debra Wall. Selon certains sondages, la bataille sera serrée entre les libéraux et les néo-démocrates.

Circonscription historiquement néo-démocrate – 24 des 28 dernières années -, Winnipeg-Centre pourrait garder le suspense jusqu’à la fin, selon certains sondages.

Députée depuis 2019, Leah Gazan (NPD) défend son bilan : « Nous avons fait des investissements records de plus de 440 millions $ en infrastructure et plus de 122  millions $ pour lutter contre le sans-abrisme dans la circonscription. »

Leah Gazan (NPD).
Leah Gazan (NPD). (photo : gracieuseté)

Contre la crise de la violence de genre, elle rappelle aussi son rôle dans l’obtention de 10 millions $ pour la Clinique de santé des femmes, l’instauration du système Alerte Robe Rouge, ou encore la création d’espaces transitionnels sécuritaires pour les personnes fuyant la violence.

« J’ai prouvé que j’étais capable de faire arriver les choses. Je suis une voix forte, expérimentée et efficace pour Winnipeg-Centre, et je veux continuer. »

En face, le libéral Rahul Walia affirme que « dans les circonstances actuelles uniques face à Donald Trump, les Canadien.ne.s veulent un leader fort comme Mark Carney (chef du PLC). On ne peut pas se permettre d’avoir une députée qui ne pourra pas être entendue.

« Mes priorités pour Winnipeg-Centre seront le logement car il y a une pénurie de logements abordables dans cette circonscription, la troisième plus pauvre du Canada avec environ 7 000 personnes vivant avec moins de 10 000 $ par an; la réduction du coût de la vie; et la lutte contre le crime en investissant davantage dans les services policiers, mais aussi les ressources en santé mentale et traitement des addictions pour s’attaquer au problème à la racine. »

Lui-même quadrilingue, il défendra aussi le bilinguisme et le multiculturalisme canadien.

Rahul Walia (PLC).
Rahul Walia (PLC). (photo : Marta Guerrero)

Des voix tout aussi importantes

Du côté des verts, Gary Gervais veut ramener « les questions environnementales dans les conversations. Certes, les tarifs et le logement abordable sont les grandes préoccupations du moment, mais quand on discute un peu, les gens s’inquiètent aussi du climat. C’est maintenant qu’il faut agir. Les libéraux ont aboli la taxe carbone, il faut trouver autre chose pour changer les habitudes ».

Ses autres priorités pour Winnipeg-Centre sont le logement pour tous, et lutter contre la pauvreté avec un revenu minimum vital garanti.

Gary Gervais (Verts). (photo : Marta Guerrero)
Gary Gervais (Verts). (photo : Marta Guerrero)

Si Gary Gervais est la voix de l’environnement, Debra Wall (PPAC) est celle des animaux. « Le Canada possède l’une des législations les plus faibles du monde développé en matière de protection et de transport des animaux. Pourtant, c’est important pour beaucoup de personnes.

« C’est aussi un problème de santé publique, poursuit la candidate végane. La façon dont on élève les animaux pourrait très bien nous mener à la prochaine pandémie. De plus, certaines études montrent qu’un régime à base de plantes est optimal pour la santé. Il faut être proactif et changer le Guide alimentaire canadien pour que les gens soient en meilleure santé. »

Enfin, elle milite pour un scrutin proportionnel. « Les gens en ont marre d’être forcés de voter stratégiquement plutôt que selon leur conscience. »

Debra Wall (PPAC).
Debra Wall (PPAC). (photo : gracieuseté)

Quant à Donald Grant (PPC), il propose d’« abolir les taxes pour les personnes de 60 ans et plus jusqu’à leur retraite pour qu’elles puissent mettre plus d’argent dans leur fonds de retraite, rendre aux gens 65 % de leurs contributions à l’assurance emploi après deux ans de retraite s’ils ne s’en sont pas servi dans leur vie, et ne plus taxer les heures supplémentaires ».

Lui-même Métis, il s’engage aussi envers la Vérité et la Réconciliation. « Plus de discours et de promesses, je veux vraiment agir avec les Premières Nations pour créer de véritables ponts ».

Il veut également réformer le système de santé pour le rendre plus efficace et abordable pour tous, et s’attaquer à la crise du logement abordable. « Il ne devrait pas y avoir autant de sans-abri dans nos rues et parcs de Winnipeg-Centre. On doit les aider et leur offrir les services dont ils ont besoin, pour les addictions par exemple. On doit penser au Canada d’abord, avant d’envoyer notre aide à l’étranger. »

Donald Grant (PPC).
Donald Grant (PPC). (photo : gracieuseté)

Qu’en disent les concerné.e.s?

Propriétaire dans le North-End depuis 1968 et administratrice depuis 18 ans de la ZAC North-End, située en partie dans Winnipeg-Centre, la fleuriste Astrid Lichty a vu le crime empirer d’année en année.

« Boutiques cambriolées ou taguées, incendies criminels, vandalisme, mendicité, harcèlement dans la rue, urine, selles, sang et vomi dans les abribus… Ça a vraiment affecté les affaires. Les clients ne se sentent plus en sécurité de venir. En 15 ans, la ZAC a perdu 46 % de ses commerces, incluant ses quatre banques. La dernière est partie en novembre 2024. »

Elle espère donc « plus de soutien policier et des lois plus strictes. La pauvreté et les addictions ne donnent pas le droit de commettre des crimes, être agressif ou s’approprier les biens d’autrui ».

Astrid Lichty,
administratrice de la
ZAC North-End.
Astrid Lichty, administratrice de la ZAC North-End. (photo : Marta Guerrero)

Elle prône également un programme d’incitation fiscale pour reprendre et redévelopper les zones laissées à l’abandon et squattées, et y construire des logements, ainsi qu’une baisse des taxes foncières « qui ne font qu’augmenter alors que les services sociaux qu’on reçoit ne fonctionnent pas. On ne devrait pas devoir payer quand on est victime ».

Un peu plus à l’ouest, Darrell Warren est le président de la William Whyte Neighborhood Association (WWNA), quartier où il vit depuis 64 ans. Pour lui, « l’urgence, c’est le logement. Nous avons 120 propriétés condamnées ou réduites en cendres dans une zone de 9 x 7 blocs! Il faut nettoyer ça et reconstruire à la place.

« Il y a aussi un problème de crime, drogue et prostitution dont il faut s’occuper car ça empire. Ces dernières années, les incendies criminels sont montés en flèche. Notre système punitif actuel n’est pas assez fort. Par exemple, les maisons de drogues sont démantelées et fermées, et quelques jours plus tard, on les voit rouvrir un peu plus loin! Ça affecte le quartier. Beaucoup de résidents quittent car ils ont peur. Les familles devraient pouvoir sortir sans crainte pour leur sécurité. »

Darrell Warren, président de la William
Whyte Neighborhood
Association.
Darrell Warren, président de la William Whyte Neighborhood Association. (photo : Camille Harper)

Darrell Warren est encouragé d’entendre les conservateurs dire qu’« après deux récidives de crime grave, ce sera la prison à vie ». Côté libéral, « j’aime qu’ils s’engagent à dépenser 1 milliard $ pour le logement ».

Et les néo-démocrates « veulent augmenter le programme d’assurance-médicaments, ce qui est également très positif. Le tout serait d’avoir tout ça en un seul parti »!

Au sud de la circonscription, Eric Napier Strong, directeur exécutif de la ZAC West-Broadway, rapporte également des problèmes de crime et de pénurie de logement de plus en plus criants.

« On a besoin de partenariats innovants entre les paliers de gouvernements pour soutenir la sécurité publique, non seulement en se concentrant sur les racines du problème, mais aussi en offrant de nouvelles ressources pour les gérer immédiatement, estime-t-il. Et beaucoup plus de logement abordable car quand les gens se retrouvent dans la rue, ils n’ont parfois plus d’autre solution que de voler. »

Eric Napier Strong,
directeur exécutif
de la ZAC West-
Broadway.
Eric Napier Strong, directeur exécutif de la ZAC West-Broadway. (photo : Marta Guerrero)

Il voudrait aussi davantage de financement pour le transport public, « pour rendre les communautés durables. Comment les gens peuvent-ils travailler ici? Il n’y a pas de place pour stationner ».

Et pour les commerçants, « des politiques qui soutiennent les petites et moyennes entreprises – comme des coupures de taxes – et privilégient les opportunités commerciales sur le marché local en enlevant les barrières interprovinciales ».

Tout comme Darrell Warren, Eric Napier Strong confie cependant qu’« aucun parti ne m’offre tout l’ensemble, alors on verra après le 28 avril… ».

La Liberté a tenté à plusieurs reprises et par divers moyens de rejoindre le candidat conservateur, en vain.

Cette couverture électorale a été rendue possible grâce au Fonds « Couvrir le Canada : Élections 2025 »