Entre coût de la vie, frais de scolarité et accès limités aux soins, les points d’amélioration sont nombreux. Sur quoi espère-t-on une évolution et qu’en est-il des positions des partis politiques en vue du prochain scrutin?
Le coût de la vie a un impact énorme sur la population étudiante, que ce soit au niveau des dépenses alimentaires ou bien du prix du loyer.
Coût de la vie
C’est du moins ce que rapporte Beydi Traoré, directeur général de l’Association Étudiante de l’Université de Saint-Boniface (AEUSB). « La cherté de la vie est un vrai problème, commente-t-il. Ils rencontrent des difficultés à trouver un logement abordable et à subvenir à leurs besoins. On peut le voir à travers notre banque alimentaire qui fonctionne à plein régime. À l’heure actuelle nous ne sommes pas capables de combler la totalité de la demande. »
Dans un contexte d’inflation, la banque alimentaire a dû limiter la distribution à un panier par personne toutes les deux semaines.
De son côté, Hawa Diallo, présidente de la Fédération Canadienne des Étudiantes et Étudiants (FCEE) du Manitoba, juge que « trouver une solution pour réduire le montant des dépenses » constitue l’une des priorités pour cette population.
Des frais de scolarité exorbitants
Et les achats de première nécessité sont loin d’être l’unique préoccupation des étudiants. En effet, les frais de scolarité représentent un réel enjeu. Dans les universités du pays, ils sont entre 3 à 4 fois plus élevés pour cette population étudiante.
À titre d’exemple, le bac en arts à l’Université du Manitoba s’élève à 19 100 $ par an contre 5 400 $ pour un étudiant canadien ou résident permanent. Même chose avec le bac de sciences où les coûts s’élèvent à 22 600 $ contre 6 500 $, soit des frais plus de 3,5 plus coûteux.
De fait, les étudiants qui prennent en charge ces dépenses n’ont pas d’autre choix que de travailler en parallèle de leurs études. Mais là encore, ils sont confrontés à un obstacle soulevé par Hawa Diallo.
« Ceux qui doivent travailler pour payer leurs factures ne peuvent pas gagner autant qu’ils le voudraient. » En effet, depuis le 8 novembre 2024, les étudiants internationaux ne sont pas autorisés à travailler plus de 24 heures par semaine en dehors de leur campus et pendant les périodes de cours.
Des changements attendus
Ce qui ne facilite pas la vie de ceux qui ont besoin d’un travail pour joindre les deux bouts à la fin du mois. « Ce contexte fait qu’il est difficile pour les étudiants de se focaliser sur leurs études », observe Beydi Traoré qui estime que cette limitation à une jour de travail hebdomadaire ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins.
Un point de vue que partage Hawa Diallo qui souhaite voir une amélioration et espère le soutien du prochain gouvernement fédéral.
« Nous attendons beaucoup de changements pour les étudiants internationaux. Nous sommes d’abord pour une éducation plus abordable, une diminution du coût de la vie et un meilleur accès à la santé. »
À l’échelle du pays, la FCEE revendique un accès plus juste à l’éducation et au droit à la couverture de l’assurance maladie dans la campagne. « L’équité pour les étudiantes et étudiants internationaux ».
Bien que la santé relève majoritairement de la compétence des provinces, le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle de coordination ou d’impulsion pour améliorer l’accès aux soins de ces étudiants étrangers.
Pourtant, aucun parti politique ne propose de mesures concrètes en ce sens, ou n’exprime la volonté de collaborer avec les provinces et de les appuyer sur ce dossier. Et sur le terrain, les besoins sont criants.
L’enjeu de la santé
N’ayant pas droit à l’assurance santé provinciale, ces jeunes souscrivent généralement une assurance privée. Problème : ces assurances sont rarement reconnues par les fournisseurs de soins locaux. Résultat, les étudiants doivent souvent avancer des frais importants avant de se faire rembourser. Beaucoup renoncent alors à se faire soigner.
« C’est quelque chose que j’ai beaucoup observé, confie Beydi Traoré. Parce qu’ils ne veulent pas payer ces montants exorbitants, ces jeunes refusent de se faire soigner. Parfois, il arrive même que des étudiants perdent connaissance mais ne veulent pas que l’on appelle une ambulance. On a beau leur expliquer que ce montant est pris en charge, le fait qu’ils soient obligés de payer de leur poche complique les choses. »
Face à cette situation, l’AEUSB a négocié avec plusieurs fournisseurs de santé un système de facturation différée. Les étudiants peuvent désormais se faire soigner sans avancer les frais, leur assureur étant directement facturé. Ce service est offert notamment à l’Hôpital de Saint-Boniface, dans plusieurs cliniques sans rendez-vous, et chez plusieurs dentistes et ophtalmologues.
De son côté, l’association n’a pas souhaité faire de commentaire sur les plateformes des partis politiques.
Plus globalement, le Parti libéral, néo-démocrate et le Parti vert n’ont pas réellement pris de position claire touchant les étudiants internationaux. Les conservateurs promettent de lutter contre la fraude dans les programmes d’études internationales tandis que le bloc Québécois souhaite accorder un crédit d’impôt aux nouveaux diplômés. Le Parti populaire se positionne en faveur d’une réduction du nombre de visas accordés à des étudiants étrangers.
Cette couverture électorale a été rendue possible grâce au Fonds « Couvrir le Canada : Élections 2025 »