Le village de Saint-Jean-Baptiste est divisé en deux parties depuis que l’accès au pont qui surplombe la rivière Rouge a été barré. Cette mesure a été prise le 19 octobre dernier, après que des inspecteurs du gouvernement provincial ont constaté des dommages importants dans les fondations du pont.
« Nous observons des variations importantes du niveau d’eau de la rivière depuis plus de 20 ans, explique un résidant de Saint-Jean-Baptiste, Florent Beaudette, préfet du village de 1989 à 1997. C’est ce phénomène qui endommage la structure des berges et augmente les risques de glissement de terrain. Des glissements qui menacent de faire tomber les piliers du pont. »
Et, malheureusement, cette situation n’a pas beaucoup de chance d’évoluer positivement. « Saint-Jean-Baptiste connaît des inondations tous les printemps, poursuit l’ancien préfet. À cette période, les branchages portés par l’eau viennent s’accoter en masse sur les bords du pont, poussant sur les piliers. Les dégradations actuelles de ceux-ci ne feront donc qu’empirer. »
25 minutes de plus
Cette situation ne profite pas aux résidants basés de l’autre côté de la rivière puisque ceux-ci sont à présent obligés de passer par le village de Morris pour atteindre le centre de Saint-Jean-Baptiste. « Cela représente tout de même un détour de 30 kilomètres alors qu’en franchissant le pont, il suffit de deux minutes pour se retrouver de l’autre côté, indique un octogénaire de la rive Est de Saint-Jean-Baptiste, Donat Touchette.
« Pour le moment, continue-t-il, et tant que cela demeure possible, les personnes qui travaillent de l’autre côté de la rivière et qui n’ont pas nécessairement besoin d’être motorisées traversent encore le pont à pied ou à vélo, étant donné qu’aucune interdiction n’a été exprimée à ce niveau-là. Pour les autres, c’est plus compliqué. »
Et en cas d’urgence?
Donat Touchette demeure au cœur de Saint-Jean-Baptiste. Un problème d’électricité, d’eau ou de tuyauterie, c’est lui qu’on appelle pour venir dépanner. Et, évidemment, la fermeture du pont n’aide pas l’intervention rapide en cas d’urgence. « C’est vrai dans mon cas, mais que dire de l’action des pompiers si un incendie se déclenche de ce côté-ci du village?, s’inquiète-t-il.
« Et puis, ajoute-t-il, d’une manière plus personnelle encore, mon épouse souffre de problèmes cardiaques. Si elle est atteinte d’une crise, notre seule issue est la route provinciale 246. Mais vu le piteux état de ce chemin, les secousses pourraient être encore plus dommageables. Ce n’est pas du tout rassurant. »
Des pertes importantes
Donat Touchette pointe encore le problème des autobus scolaires et les inconvénients subis par les agriculteurs. En effet, la population de la rive Est de Saint-Jean-Baptiste est essentiellement constituée de fermiers. Ceux-ci sont lésés par la mesure provinciale.
« Jusque-là, les agriculteurs franchissaient le pont pour rejoindre l’autoroute 75 et se rendre aux États-Unis, indique Florent Beaudette. En passant de l’autre côté, ils doivent emprunter la route provinciale 201. Hélas, celle-ci connaît de grosses restrictions au niveau du poids, ce qui ne facilite pas la tâche des camions. »
Une réalité qui préoccupe le préfet de la Municipalité rurale de Montcalm, Roger Vermette.
« Nous ignorons les conséquences de la fermeture du pont, avoue-t-il. Les autorités vont procéder à des tests et prendront leur décision suite à ceux-ci. S’ils décident de le condamner, nous serons contraints de le reconstruire, car nous ne pouvons pas nous permettre de le laisser disparaître. Mais une décision comme celle-là engendrerait un coût important. À titre d’exemple, le coût pour la reconstruction du pont de Letellier, similaire au nôtre, s’élève à 40 millions $. »
Par Angelika ZAPSZALKA