Jusqu’au 28 octobre, le montréalais Michel Boulanger nous interroge sur notre rapport à la nature avec son exposition Terre blanche, à la Maison des artistes visuels francophones.
Existe-t-il encore une nature distincte de la culture, de la transformation de l’homme? Tout paysage n’est-il que construction du réel et lieu de représentations mentales que l’on se fait de la nature? Ce sont les questions que nous pose l’artiste montréalais, Michel Boulanger, à travers son exposition Terre blanche présentée à la Maison des artistes visuels francophones jusqu’au 28 octobre.
« Bricoleur d’images », c’est ainsi que se définit Michel Boulanger. D’abord peintre et dessinateur, il est ensuite tombé dans le chaudron du numérique. Dans son travail, il combine son premier amour du dessin à la modélisation 3D et à l’animation. « Quand j’ai découvert les possibilités du numérique, j’ai décidé de ne pas laisser ces outils aux mains de l’industrie du divertissement », raconte l’artiste. Il s’intéresse à la formation des images et au rôle qu’elles tiennent dans notre définition de la réalité à travers une série d’expérimentations picturales et graphiques.
Petit-fils de fermiers, Michel Boulanger s’est toujours beaucoup interrogé sur notre rapport à la nature, sa transformation, et l’excès vers lequel nous courons, sans parfois en avoir conscience.
Terre blanche est un film d’animation qui décrit la relation trouble d’un homme avec son environnement de travail. Un lent travelling sur des bâtiments abandonnés oppose la vision nostalgique d’une ferme traditionnelle à la démesure de son développement aux méthodes agricoles industrielles. Terre blanche porte bien son nom. La blancheur des paysages esquissés marque l’abîme d’un monde sans vie, d’une terre stérile laissée à l’abandon. Le cheminement intérieur de cet homme brisé par la désillusion s’accompagne de la poésie d’Émilie Hamel.
La deuxième œuvre intitulée, Champ témoin, comporte deux projections d’images animées diffusées en boucle. La première, Chapitre 2 – Fuir, est une course poursuite nocturne à travers un champ de maïs. L’objet de la poursuite, inconnu, se dérobe toujours à notre chasse.
En contrepoint à la première, la seconde projection, Chapitre 1 – Monter, montre un porc qui bondit de plus en plus haut, puis revient au sol, jusqu’à l’inertie. « Faire faire une performance impossible à un porc a pour but de questionner, de surprendre, précise Michel Boulanger. Le porc est considéré comme un animal d’élevage, en réclusion, industriel, mais nous ne le considérons plus comme un être vivant en tant que tel. »
« L’objectif n’est pas de dénoncer l’industrialisation à vau-l’eau de l’agriculture et de nos campagnes, mais d’évoquer et sensibiliser au problème », conclut l’artiste.
Par Manon BACHELOT