Gavin BOUTROY

Pendant la fin de semaine de la fête du Canada, le villlage de Neepawa a été la cible par des graffitis racistes anti-asiatiques. Pour Claude Vielfaure, le président de l’entreprise HyLife, et Myla Ignacio, travailleuse d’établissement à Neepawa, ce n’est pas du tout
caractéristique de l’attitude de Neepawa envers sa communauté philippine.

Myla Ignacio travaille pour le service d’établissement d’immigrants de la région de Neepawa. Elle a émigré des Philippines avec son mari et ses enfants, lorsque son mari a été embauché à l’abattoir HyLife en 2011. Enseignante de formation, elle offre des cours de tagalog aux non-philippins, notamment grâce à des fonds offerts par HyLife. Elle a eu deux classes depuis janvier, avec des enseignants, et même un journaliste.

Aussi, elle raconte la surprise qu’elle a éprouvée lorsqu’elle a vu un graffiti raciste sur le panneau qui souhaite la bienvenue à Neepawa.

« Le lundi matin, j’allais à Winnipeg avec mon mari et mes enfants. C’est à ce moment-là, en quittant la ville, qu’on a vu le graffiti. Je n’en croyais pas mes yeux. Je pense que le mot utilisé a vraiment été choisi pour percer le cœur des Philippins. »

Diwa Marcelino, coordinateur de programmes avec Migrante Manitoba, une branche de Migrante International qui défend les droits des migrants philippins partout dans le monde, indique que le mot raciste anti-asiatique du graffiti était utilisé par les soldats américains lors des guerres de Corée et du Vietnam.

Le Village de Neepawa a été averti, et le graffiti rapidement recouvert. La GRC enquête, et a augmenté la fréquence de ses patrouilles.

Claude Vielfaure, le président de HyLife, est dégoûté par ce graffiti. Il a appelé le Village de Neepawa et offert son soutien lorsqu’un employé lui a appris ce qu’il s’était passé. Il explique que c’est son entreprise qui est à l’origine de l’influx d’immigration philippine à Neepawa.

« Sur les 1 250 employés de l’abattoir, environ 650 sont Philippins. Lorsqu’on a acheté l’abattoir en 2008, on ne trouvait pas assez d’employés locaux. Alors on est allé chercher des immigrants. »

En automne, HyLife lancera un projet d’expansion de 150 millions de dollars, qui devrait créer encore 100 à 150 emplois.

« Les Philippins sont les bienvenus à Neepawa, beaucoup d’entre eux achètent des maisons, et on travaille bien tous ensemble. Ce qui s’est passé n’est pas du tout représentatif du village. »

Pour Diwa Marcelino, c’est le manque de logement qui joue une grande part dans ce ressentiment envers les immigrants philippins.

« Dans cette communauté, il y a de la tension autour du logement entre les habitants de longue date, et les arrivants philippins. La forte demande, et le manque de disponibilité de maisons crée de la tension, et ça, nous l’entendons des deux bords.

« C’est une situation similaire à certains quartiers de Winnipeg, où les habitants de longue date se sentent « envahis ». Les migrants se retrouvent en « compétition » avec les enfants de ces habitants pour se trouver un logement. C’est cette dynamique qui peut créer du ressentiment, voire de la colère, envers les migrants. »