Originaire de Clermont-Ferrand en France, Anthony Spitaëls, 21 ans, a posé ses valises à Winnipeg en août 2016. Sa venue s’inscrit dans le cadre d’un échange entre les universités du Manitoba et de sa ville natale. L’étudiant souhaitait cependant faire bien plus que « simplement suivre des cours » : pendant six mois, il s’est impliqué dans la vie de l’université pour bâtir des projets interculturels et jeter des ponts entre France et Canada.

 

Pourquoi avoir choisi de venir au Manitoba, parmi les provinces canadiennes?

A. Spitaëls : Lorsque les Français partent au Canada, ils vont souvent au Québec. Je voulais voir ce qu’il y avait ailleurs. Or depuis tout petit, on me racontait les histoires des explorateurs. Cet Ouest canadien me faisait rêver. Je connaissais aussi quelques écrits de Gabrielle Roy, où elle décrit Winnipeg et les Plaines. Tout ça m’a donné envie de découvrir le Manitoba. J’ai vu que Winnipeg était proposée parmi les échanges universitaires de Clermont-Ferrand, alors je me suis dit “Pourquoi pas?”. Je me suis renseigné. J’ai vu que Winnipeg était classé comme l’une des villes culturelles du Canada. Je me suis dit que c’était une région dynamique, où tout était en train de se faire, que ça sortait de notre vieux monde. Chez nous tout est déjà fait, alors qu’ici, tout est en train de se construire. Je voulais voir ces endroits où il y a une ébullition culturelle, et si possible en faire partie.

Au delà de votre maîtrise, quels étaient vos projets en venant ici?

A.S. : Comme j’étais le premier de Clermont-Ferrand à partir pour cet échange universitaire, je voulais jeter des ponts scientifiques et culturels en essayant d’ouvrir un maximum d’étudiants à l’étranger. Le programme de l’université World WISE dont je fais partie fait la promotion d’évènements interculturels et facilite les échanges d’étudiants de divers pays. J’ai décidé de m’y inscrire car je considérais cela comme une bonne manière de « faire » un échange et d’être acteur plutôt que passif. Ça m’a permis de rencontrer énormément de gens avec des points de vue différents et de monter des projets ensemble. À une table ça va parfois parler anglais, français, espagnol, ou encore chinois. C’est très enrichissant.

Que souhaitez-vous construire entre Clermont-Ferrand et Winnipeg?

A.S. :C’est assez surprenant, mais Clermont-Ferrand possède une mentalité très proche de Winnipeg, ouverte sur le monde et la culture. Il y a tout à gagner à rapprocher ces deux villes qui sont au cœur de leur territoire respectif. Je crois que c’est aussi ce qui m’a motivé à m’engager. L’accord d’échange universitaire entre Winnipeg et Clermont-Ferrand existe depuis quatre ans. Pourtant, j’étais le premier à partir. Depuis que je suis “ambassadeur” de mon université en France, une étudiante est partie à Clermont-Ferrand cette année et trois autres partiront là-bas l’année prochaine. On a réussi à jeter des ponts et créer un dialogue. On veut montrer aux étudiants canadiens que la France, ce n’est pas que Paris. Et montrer aux Français que le Canada ce n’est pas que le Québec.

Après six mois passés à Winnipeg, vous avez dû rentrer en France pour des raisons personnelles. Que retenez-vous de votre séjour?

A.S. : Beaucoup de maturité et une ouverture d’esprit que je n’aurais pas trouvé ailleurs. À l’origine, j’étais surtout curieux. Et j’ai transformé ici cette curiosité en ouverture d’esprit productive. Quand on se confronte à d’autres cultures, ça nous fait concevoir le monde autrement. On a envie d’innover, ici. Les gens n’ont pas peur d’organiser des choses. Il y a cette volonté d’aller vers les autres et de créer des projets. Surtout quand on est jeunes, et ça c’est très important. En France on a plutôt tendance à dire aux jeunes “tu sauras quand tu seras plus vieux”. Au Manitoba, au contraire, on encourage un maximum la jeunesse à faire des choses. C’est ce que je retire vraiment de mon expérience. On a le droit d’être jeune, de faire des choses importantes et surtout d’être considéré pour ça. La considération est importante. Ça c’est l’esprit manitobain : Il y a un projet, on va le soutenir.