À Snow Lake, où au plus fort des activités minières pas moins de 11 mines étaient exploitées, les habitants se sont habitués à vivre désormais au ralenti. Avec la modernisation du secteur minier, c’est tout un mode de vie qui a été bouleversé. Immersion dans une ville qui regrette son illustre passé, mais n’a pas perdu foi en son avenir.

Par Barbara Gorrand

 

Dans la rue principale de Snow Lake, les voitures sont garées, toutes vitres baissées. Ici, on ne prend pas la peine de verrouiller les portières. Parce que dans cette petite commune de près d’un millier d’habitants, construite au temps du boom de l’économie minière, tout le monde se connaît. Le terme « communauté » prend tout son sens. Et le voyageur qui se présente, les traits tirés par la fatigue de la longue route qui ne mène qu’ici, sera instantanément traité comme un hôte. Accueilli par des sourires, et invité à emprunter le chemin du souvenir. Au temps où, dans cette rue, trois épiceries se dressaient en lieu et place des terrains vagues d’aujourd’hui, et des pancartes « À vendre » qui fleurissent sur les vitrines désespérément vides. Au temps où la ville débordait d’activités, dans un concert de rires et le tintement des pintes des fins de shifts à la mine.

Comme toutes les cités minières du Manitoba, c’est au début du 19e siècle que la première mine d’or a été découverte dans les environs de Snow Lake. Il ne faudra pas attendre longtemps pour que le sol révèle tous ses secrets. De l’or, mais aussi des diamants, du zinc, du cuivre… Dès 1947, la municipalité de Snow Lake est donc officiellement créée pour accueillir une population grandissante.

Au plus fort des activités minières, la plus importante société d’exploitation, Hudson Bay Mining & Smelting Co. (devenue depuis HudBay Minerals) a exploité 11 mines sur le territoire seul de Snow Lake. Aujourd’hui, seule la mine de Lalor Lake est encore en activité.

«Si vous vivez ici, c’est que
d’une façon ou d’une autre,
vous êtes connecté à la mine. »
Brenda Forsyth, conseillère municipale

« Il fallait voir la ville à l’époque ! », s’enthousiasme Brenda Forsyth, véritable enfant de Snow Lake. « À l’époque où j’ai grandi, il y avait 500 enfants à l’école, et on comptait 2500 habitants. Ici, tout est lié aux mines. Si vous vivez ici, c’est que d’une façon ou d’une autre, vous êtes connecté à la mine. »

Son père, plombier de formation, est arrivé de Flin Flon, l’autre cité minière voisine, lorsqu’il avait 19 ans. Il a ouvert avec son épouse un cabinet d’assurances, que Brenda a désormais repris à son compte, et est même devenu maire de la ville. Un goût du travail que Brenda a certainement reçu en héritage : tous les jours à l’aube, elle se rend au campement administré par l’entreprise Outland, où vivent 200 mineurs contractuels. « J’aide le pâtissier à préparer entre 700 et 900 cookies, gâteaux ou donuts chaque jour! Et l’après-midi, je retrouve les mineurs à mon bureau, pour des questions d’assurance. » Comme si cela ne suffisait pas, Brenda fêtera en octobre 2017 sa 14e année en tant que conseillère municipale de Snow Lake. « Maintenant que la mine de New Britannia a fermé, tous nos espoirs reposent sur HudBay. »

Les voeux de Brenda Forsyth semblent en passe d’être réalisés. Car de son côté, Richard Trudeau, directeur des relations extérieures auprès de HudBay Minerals à Flin Flon, annonce de gros investissements pour la mine de Lalor, qui emploie actuellement 250 personnes. « Nous sommes en train de renforcer la production à Lalor, et pour permettre cela, nous sommes en train d’investir 40 millions de $ pour construire une unité de soutien logistique qui permettra d’accroître le tonnage extrait. »

D’ailleurs, Richard Trudeau se veut confiant quant à l’avenir de l’entreprise à Snow Lake, et plus largement au Manitoba. « Nous sommes en train d’étudier des informations géophysiques qui ont été portées à notre connaissance, en rapport avec des potentiels gisements tout près de là, qui pourraient aboutir à une extraction combinée de surface et souterraine. À Snow Lake, la compagnie a également identifié un filon d’or, ainsi que d’autres métaux. D’une façon générale, nous continuerons d’évaluer toutes les possibilités d’explorations qui rentrent dans nos critères. »

 

Des propos, associés à la récente découverte d’un gisement de lithium de haute qualité à une cinquantaine de kilomètres de là, qui suggèrent que l’histoire minière de la « pépite du Nord » est encore loin de son épilogue.