Il y a deux ans, les clowns Tubby et Nottuby avaient posé leurs valises à Winnipeg. Le duo remonte sur les planches du Théâtre Cercle Molière du 11 au 26 janvier, pour présenter leur nouveau spectacle intitulé « Tempus Extraordinarius ». C’est une grande première canadienne.

Par Marie BERCKVENS

En janvier 2015, le public winnipégois a pu faire la connaissance de Sophie Brech et de Louis Fortier, ce duo britanno-québecois venu tout droit de Paris.
Ils étaient alors venus présenter leur spectacle “Destin tragicomique de Tubby et Nottuby”. Après l’avoir joué 130 fois dans six pays différents, l’envie de créer a resurgi.

« Quand on est venu jouer à Winnipeg en 2015, le lendemain matin de notre arrivée, on a allumé la télévision. Les attentats de Charlie Hebdo venaient de se dérouler à Paris. Et puis, il y a eu le Bataclan, les attentats de Nice et tout le reste. Ces évènements nous ont énormément bouleversés. Ce monde qui a changé, a nourri le spectacle. C’est comme devenu une nécessité pour nous. On a senti que c’est de cela qu’on voulait parler », nous explique l’auteur, comédien et metteur en scène Louis Fortier.
« On a commencé avec le tragique, et puis on a inséré du comique là-dedans », ajoute Sophie Brech, également auteure, metteuse en scène et comédienne.

Ce nouveau spectacle raconte la rencontre fortuite de deux laissés-pour-compte, sur les quais de la Seine, à Paris. Condamné à survivre, le duo va endurer les épreuves de l’histoire et du temps. Leur amitié va les aider à retrouver l’espoir et des parcelles de rêve, dans ce monde plutôt noir.

Pour le duo, l’objectif de ce spectacle est de partir en voyage, avec le public. Mais le second objectif est surtout de faire ressentir et de toucher les gens.
« On est tellement bombardés continuellement de choses, d’images réelles, violentes, des gens qui se noient au large de la méditerranée, d’attentats… Mais quand on s’habitue à une telle violence, c’est quand même qu’on est un peu au bord du gouffre. Et le théâtre permet, pour moi, de ramener cette humanité, cet humanisme là, de rappeler aux gens et à nous qu’on est pas qu’une machine à encaisser des coups, qu’il y a la beauté qui existe en nous, la poésie est là. Les humains oublient qu’il y a une part d’ange en eux ».
Une autre réflexion a guidé aussi le travail de ces deux artistes pendant un an et demi : « 
Comment exister dans ce chaos ? Comment faire de sa vie quelque chose qui a du sens dans tout ça ? », s’interroge Sophie Brech.

Comme le titre de la pièce l’indique, le duo s’inspire beaucoup de l’œuvre de l’auteur classique William Shakespeare, ou du travail de l’éminent Charlie Chaplin. Les deux artistes ont notamment collaboré avec le metteur en scène québécois Robert Lepage, ou encore avec Shuji Onodera, chorégraphe japonais. « Laurel et Hardy nous nourrissent aussi beaucoup », confient-ils.

Le couple dans la vie comme sur scène, nous dévoile un peu d’eux-mêmes. Ils passent de l’Anglais au Français en un quart de seconde. Et puis, ce nouveau spectacle vient aussi célébrer l’anniversaire de leur rencontre, le 20ème anniversaire. De leur propre aveu, ils n’y avaient même pas songé.

Au fond, ces nouveaux humanistes au cœur drôle n’ont qu’une hâte, jouer, aller au-delà de leurs limites, se mettre en danger car c’est là que la magie, la beauté et la justesse apparaissent, selon eux, et retrouver le public winnipégois.