Comme nombre d’étudiants Winnipégois, Jean-Yves Lavoie et Marika Beaulieu sont allés en Chine, pour enseigner l’anglais. Leur connaissance d’au moins deux langues les a équipés pour les défis de l’enseignement de l’autre côté de la planète.

par Gavin BOUTROY (collaboration spéciale)

Si Jean-Yves Lavoie et Marika Beaulieu sont partis en Chine avec des programmes très différents, leur point commun est le bilinguisme.

Jean-Yves Lavoie précise l’avantage du bilinguisme quand il s’agit d’enseigner l’anglais.
« Connaître au moins deux langues me permet de mieux comprendre les difficultés auxquelles font face les étudiants dans leur apprentissage, et je me sens capable de me mettre à leur place et de modifier mes habitudes en classe. »

Marika Beaulieu est d’accord. Elle ajoute qu’avoir été exposée à des méthodes d’enseignement différentes dans la pléthore de cours d’anglais et de français qu’elle a suivis, tant à l’école qu’à l’université, lui fournit un second avantage, surtout face aux attentes des écoles chinoises.

« La pédagogie est très différente. Par exemple, les tests et les examens sont très importants dans les écoles, et les enfants reçoivent beaucoup plus de devoirs que les enfants canadiens. Malgré toutes les différences, peu importe le pays, les enfants se comportent toujours comme des enfants, donc l’enseignement est un plaisir. »

« Malheureusement, il n’y a pas encore un programme associé avec l’Université de Winnipeg pour enseigner le français. J’ai toutefois fait plusieurs stages en immersion donc j’ai pu développer des compétences pour enseigner une deuxième langue. Que ce soit l’anglais, le français ou le mandarin, il y a plusieurs stratégies pour enseigner une deuxième langue aux enfants. »

Une histoire de langues maternelles

Et comme peu de francophones du monde, les deux enseignants manitobains peuvent se vanter d’avoir le français parmi leurs langues maternelles, tout en enseignant l’anglais en Chine. Jean-Yves Lavoie explique la particularité de leur situation.

« Le fait que je sois francophone n’a pas affecté le processus pour aller travailler en Chine. Mais ça aurait pu causer des problèmes. »

« Légalement, la Chine peut uniquement employer des gens dont la langue maternelle est l’anglais, et qui viennent de pays où au moins l’une des langues officielles est anglais. Toutefois, la réalité de plusieurs Franco-Manitobains est telle que nous avons été élevés dans un environnement bilingue, ce qui me permet de dire que mon anglais est d’un niveau de langue maternelle. »

Jean-Yves Lavoie a été embauché par une compagnie privée, à la fin de son premier cycle universitaire.

« Ça fait maintenant un an et demi que je suis en Chine. Je suis arrivé à Shanghai le 9 août 2016 avec l’intention d’y rester au moins deux ans. J’enseigne l’anglais à des jeunes entre 4 à 12 ans pour Kid Castle, une compagnie basée sur l’île de Taiwan. La compagnie est réputée et elle possède plusieurs écoles sur la Chine continentale. »

« Ce n’était pas difficile de me trouver cet emploi. Après avoir navigué des sites web et passé à travers des tas d’annonces publicitaires, j’ai réussi à obtenir une entrevue, et on m’a offert un poste. L’employeur a pris soin du reste. La seule difficulté se trouvait dans le temps que ça m’a pris de me procurer un permis pour travailler en Chine. »

L’enseignant précise que pour enseigner l’anglais en Chine, il faut un bac universitaire et un certificat d’un cours d’un an, Enseigner l’anglais comme langue étrangère, qui se donne en ligne ou dans les universités. Quant à Marika Beaulieu, son stage d’enseignement en Chine lui permettra de compléter son bac en éducation à l’Université de Winnipeg.

« C’est un programme qui est offert par l’Université de Winnipeg. J’ai simplement fait la demande pour y participer, et ensuite j’ai passé une entrevue avec la directrice du programme. Pour entrer dans ce programme, il faut être étudiante dans la Faculté d’éducation. Cependant, il y a plusieurs enseignants à mon école ici en Chine qui ont un baccalauréat en autre chose. »

« J’enseigne l’anglais dans une école internationale dans la ville de Zhengzhou. J’enseigne à deux classes de 5e année. Ceci fait partie de ma dernière année d’un baccalauréat en éducation à l’Université de Winnipeg. Les dix mois d’enseignement compteront comme stage. »

« Je suis ici depuis six mois. La vie est très différente. Rien n’est familier. La population de Zhengzhou est de 10 millions, plus de dix fois la taille de Winnipeg. Il y a des gens partout alors c’est toujours bruyant et achalandé. La circulation semble être le chaos complet à première vue, mais après avoir observé les routines de la route, je crois comprendre un peu plus. C’est le chaos organisé. »

Pour Jean-Yves Lavoie, le choc a été moins rude.

« J’avais beaucoup étudié la Chine et le Mandarin avant de venir. Je savais à quoi m’attendre. Il ne faut surtout pas croire les stéréotypes et les idées que nous avons sur ce pays ancien : il y a très peu d’ancien, même en dehors des grandes villes. Et la nourriture n’est pas du tout ce que l’on trouve dans les restaurants chinois en Amérique du Nord. »

« Il y a quand même tellement de choses à voir, car le pays est tout aussi grand que le Canada, et chaque région retient des particularités culturelles. Des 34 régions d’équivalences provinciales, j’en ai visitées 9 en un an seulement. J’espère pouvoir un jour dire que j’ai visité toutes les régions de la Chine. »