Yurij Luhovy, le réalisateur d’origine ukrainienne sera de passage à Winnipeg ce soir, pour présenter son documentaire Génocide d’une nation à l’USB (1).
Par Marie BERCKVENS
À l’aide d’images d’archives et de témoignages de survivants, le film retrace la famine artificielle des années 1932-1933 orchestrée par le régime stalinien à l’encontre de la population rurale d’Ukraine. Selon les estimations des historiens, cette grande famine a fait entre 2,6 et 5 millions de victimes.
Pour le réalisateur Yurij Luhovy, il est important de reconnaître ce génocide appelé Holodomor (littéralement extermination par la faim) : «
Il y a encore beaucoup de personnes qui ne savent pas que cette famine a eu lieu.
On veut faire connaître l’histoire. C’est seulement à partir des années 90 que les professeurs ukrainiens ont pu commencer à aller dans les archives. Ça reste encore tabou. De nombreux pays refusent d’admettre qu’il s’agit de génocide. »
Les ancêtres de nombreuses familles établies maintenant au Manitoba ont connu ce génocide. « Le professeur de l’Université du Manitoba Orest Cap, par exemple, est un enfant de survivant. Il a contribué à ce que le film vienne ici au Manitoba. J’en suis très reconnaissant. »
Cette famine a encore des conséquences aujourd’hui avec la guerre du Donbass qui perdure depuis 4 ans au sud-est de l’Ukraine. Yurij Luhovy explique : « Étant donné qu’il y a eu une dépopulation, on a commencé à faire venir des russes pour peupler l’Ukraine. C’est comme ça que l’Ukraine est devenue de plus en plus russe du côté est.
Dès 1934, des convois entiers de russes sont arrivés pour repeupler les fermes qui avaient été dévastées. Maintenant, ce sont les petits-enfants des habitants russes de ces territoires-là qui font la guerre aux ukrainiens.
»
Le prochain projet de Yurij Luhovy est de traduire en français son dernier film The recovery room, cette fois-ci réalisé par sa fille Adriana Luhovy. Cette dernière a suivi les médecins de la mission canadienne en Ukraine qui travaillent sur la reconstruction faciale des victimes de guerre.
(1) La projection du film se déroulera à l’Université de Saint-Boniface de 19h à 21h en présence du réalisateur.