Cent ans bien comptés! C’est le slogan qui marquait le centenaire de Statistique Canada, célébré en décembre. Retour sur un organisme qui ne cesse d’aligner les chiffres.
André Magny (Francopresse)
L’un des objectifs de ce centenaire était de rendre hommage aux générations de personnes qui ont amené l’organisme gouvernemental là où il est maintenant. Le site de Statistique Canada regorge d’ailleurs d’informations sur leurs réalisations. Ces gens, parfois inconnus de la population, ont pavé la voie à ce que fait maintenant Statistique Canada.
Celui-ci produit des statistiques sur de nombreux sujets, allant du tourisme à la justice, en passant par la santé ou l’éducation. Et comme StatCan est de son temps, il a même lancé le Centre de statistiques sur le cannabis afin d’assurer un suivi sur les répercussions de cette plante au plan social et économique à la suite de sa légalisation.
Décidément, si Robert H. Coats, le premier statisticien fédéral et contrôleur du recensement qui a supervisé la création du Bureau fédéral de la statistique, avait pu prédire ça en 1918! À cette époque, hormis le calcul de la population – 8,6 millions contre 35,1 millions en 2016 -, son Bureau ne s’occupait guère que de calculer certaines productions industrielles comme l’extraction minière ou encore la production de boisseaux de blé.
L’apport des nouvelles technologies
Si l’intendant Jean Talon est souvent considéré comme un précurseur en Nouvelle-France en matière de recensement – la venue des Filles du Roy est directement liée au débalancement entre les hommes et les femmes de la nouvelle colonie qu’il avait relevé en 1665 -, en 2019, les méthodes pour mesurer la population ont évidemment bien évolué. Par exemple, Internet a été utilisé pour la première fois pour recueillir des réponses lors du recensement de 2006. Alors, 18,5 % des gens ont emprunté ce moyen pour collaborer avec Statistique Canada.
Les personnes œuvrant au sein de Statistique Canada utilisent également des données provenant d’autres sources comme Revenu Canada pour atteindre ses objectifs.
Par l’entremise de Gabrielle Beaudoin, directrice générale des communications et de la diffusion, Statistique Canada s’empresse d’ajouter que tout se fait dans le plus grand respect de la confidentialité pour les personnes, les entreprises et les organisations.
Pour les francophones
Que ce soit sur les familles, les ménages, les types de logements, la diversité ethnoculturelle, la mobilité, le revenu, la scolarité, la langue, les infos récoltées par Statistique Canada aident-elles à mieux cibler les besoins des communautés franco-canadiennes ?
Selon Gabrielle Beaudoin, « ces statistiques permettent de brosser des portraits très détaillés et de faire des analyses très approfondies des communautés francophones et francophiles en matière de scolarisation, de participation au marché du travail, d’immigration et d’origine ethnique, de structure par âge, de transmission des langues, etc. Ces données constituent donc une source d’information inestimable sur la situation des communautés de langue française. »
Quant au fameux adage affirmant qu’on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres, les statisticiens fédéraux incitent sur la nécessité de citer les chiffres correctement.
On se souviendra aussi qu’au début de la présente décennie, le gouvernement Harper n’avait pas rendu obligatoire le fait de remplir un questionnaire long lors du recensement de 2011. Les spécialistes estimaient alors que les données seraient moins fiables. À la fin de 2017, une mesure législative venait modifier la Loi sur la statistique officialisant l’indépendance de Statistique Canada et renforçant la confiance des Canadiens à l’égard de l’organisme national.
S’il est vrai d’après Gabrielle Beaudoin que « les utilisateurs sont tous libres d’utiliser les données à leurs propres fins, à condition de les citer correctement », elle rappelle du même coup « qu’aussitôt qu’ils se mettent à analyser les données publiées par Statistique Canada, ils sont responsables des conclusions tirées. »